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Actualités - OPINION

Héros modernes

Les premiers vestiges de civilisation en Mésopotamie retracent l’histoire épique de Gilgamesh. Récit qui symbolise la soif de l’être humain de devenir un héros immortel, à jamais présent dans l’esprit des gens pour ses actions, ou plutôt pour son ultime accomplissement, celui pour lequel il est décédé : « Tu vaux autant que ta dernière action » (Gilgamesh). On se rappelle de la légendaire prise de position finale de Socrate, qui n’avait pas accepté d’échapper à sa captivité, refusant de se soustraire aux lois de la société athénienne qui le condamnait à mort. On se rappelle d’Achille, d’Alexandre le Grand, de César, devenus célèbres pour leurs combats. On se rappelle de Gandhi, du Che Guevara, de Martin Luther King, de John Fitzgerald Kennedy et de Anouar Sadate, morts assassinés, mais à jamais présents dans les mémoires de par leurs décisions et leurs discours inoubliables. Ceux-ci, comme d’autres, sont des héros, héros non conformistes, porteurs de messages, de rêves, de promesses… Héros qui ont sacrifié et qui ont perdu beaucoup plus qu’ils n’ont gagné, même s’ils ont gagné à être immortels. Qui sont nos héros modernes ? Ceux qui nous inspirent, qui nous font rêver, ceux qu’on voudrait imiter ou avec qui on voudrait être ? Des chanteurs et acteurs, appartenant au monde du show-biz, ou des leaders politiques auxquels on s’identifie et dont on adopte les idées, les attitudes (même vestimentaires) et la façon de parler. Mais ceux-ci ne sont pas des héros. Et même certains ne le seront jamais, malgré leurs aspirations. À une époque où l’être humain détient le pouvoir d’abolir à la fois toutes les formes de pauvreté et les formes de vie humaine, il ne suffit pas d’user d’un langage démagogique dont Goebbels, qui fut ministre de la Propagande sous Hitler, serait fier, pour mériter le titre de héros. Un héros a payé « du sang, de la peine, des larmes et de la sueur » pour sa cause (Winston Churchill). Les soldats de l’armée libanaise qui honorent leur slogan : « Honneur, sacrifice, loyauté », ceux-là mêmes dont le nombre s’élève à ce jour à près de 100 tués et plus de 200 blessés, ceux-là mêmes dont les causes se résument à nous protéger contre l’ennemi mais aussi contre notre tendance autodestructrice, méritent le titre de héros. Les membres bénévoles des ONG qui, bien qu’anonymes, tentent de panser les plaies et blessures de ce pays, sans bénéficier d’une quelconque couverture médiatique, méritent le titre de héros. Les hommes fidèles à leurs principes éthiques, moraux et culturels, qui ne se laissent pas entraîner par les courants décadents, qui priment chez nous, et qui contribuent, tant bien que mal, à leur propre échelle, à redresser la société et à tenter de faire prévaloir une certaine cohésion sociale, ces penseurs et intellectuels, méritent le titre de héros. Tous, vivants et défunts, connus ou anonymes, méritent le titre de héros. Héros de plus d’une cause, de plus d’une classe, de plus d’un parti. Héros d’un peuple. Et peut-être même qu’un jour, les récits de leurs exploits seront transmis aux générations futures comme les récits de tant de héros qui les ont précédés. Nour NAJEM



Les premiers vestiges de civilisation en Mésopotamie retracent l’histoire épique de Gilgamesh. Récit qui symbolise la soif de l’être humain de devenir un héros immortel, à jamais présent dans l’esprit des gens pour ses actions, ou plutôt pour son ultime accomplissement, celui pour lequel il est décédé : « Tu vaux autant que ta dernière action » (Gilgamesh)....