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Actualités - CHRONOLOGIE

L’ombre menaçante du Hezb armé plane sur toute bataille Jean ISSA

Pourquoi faut-il se battre à fond le 5 ? Question apparemment un peu superfétatoire. Les motivations, les raisons, les buts, les contre-objectifs, cet ensemble touffu que surplombe la coupole dorée de la cause libanaise se trouvent exposés, tous les jours, sur toutes les tribunes du 14 Mars, dans tous les médias. Mais, actualité et nécessité électorale obligent, certains éléments de réponse, certaines données pourtant importantes, dangereuses même, restent dans l’ombre. Ainsi en est-il de l’armement et du désarmement du Hezb. Une lourde menace, un enjeu essentiel. Plus déterminant, à terme, que la lutte des libertés, de l’indépendance face à l’agression du régime syrien. À la fois distincte et complémentaire des plans offensifs de l’axe syro-iranien. Or ce Hezb, qui mène une guerre larvée encore plus pour lui que pour Téhéran ou Damas, il n’y a pratiquement aujourd’hui que Joumblatt pour continuer à s’en inquiéter. Alors même qu’au Metn, et quelle que soit l’issue de cet épisode transitoire, les chrétiens auront tiré les marrons du feu pour le compte de Nasrallah. Un et un font 1975. Mêmes causes, mêmes effets prévisibles. Une présence armée étrangère conduit fatalement à l’explosion, à l’implosion. Étrangère ? Comment cela, étrangère ? Le Hezbollah n’est-il pas libanais ? Politiquement, socialement, démographiquement, sans doute. Mais militairement, stratégiquement, pas du tout. Sa branche armée, sa milice, est une pure fabrication iranienne. Elle a été créée, formée, équipée, financée par la Révolution islamique. Et elle garde d’ailleurs des bases, d’entraînement comme d’arrière-garde logistique, en Iran. Peut-on du reste oublier qui avait envoyé Moussa Sadr, dont le Hezb se réclame autant qu’Amal ? Pour tout dire, et tout rappeler, tant que le Hezb gardera ses armes, le Liban naturel restera en danger. De métamorphose en république khomeyniste. Ou de partition. Clairvoyance Ce danger, Nicolas Sarkozy le distingue parfaitement. Il est vrai qu’à distance, l’on voit souvent mieux. Le président français se penche et planche sur le sujet, malgré tout ce qui l’occupe et le préoccupe. C’est en dire la gravité. Il souligne que le dispositif milicien du Hezb suscite les plus vives appréhensions. Et propose d’œuvrer pour « l’ancrage du Hezbollah en tant que formation proprement libanaise et uniquement politique. » But pour le moins difficile à atteindre. Tant, côté identité-entité, que pour ce qui est de la rupture du cordon ombilical qui lie le Hezb à l’Iran. Que pour son recyclage. Car, comme tout parti fascisant paramilitaire, la politique ne va tout simplement pas sans le muscle. Dès lors, le Hezb a beau se défendre de tourner ses armes vers l’intérieur, les lois objectives de la simple physique font qu’un jour ou l’autre ce fusil parlera. Sans compter qu’il constitue déjà une carte abusive, un atout de tricheur en somme, dans la partie politique qui se joue sur la scène locale. Par exemple, et en filigrane, l’infiltration potentielle de fauteurs de troubles provenant du réservoir hezbollahi de la banlieue sud est aussi redoutée au Metn que d’éventuels attentats terroristes téléguidés ou que des incidents provoqués par des prosyriens de la région. Ce risque permanent, il ne convient pas d’en faire une obsession lancinante au point d’en oublier les autres fronts pressants. Mais l’on ne doit quand même jamais le négliger. Car il y va de l’avenir du pays. Raffermi dans son indépendance retrouvée au prix du sang des assassinés. Ou transformé en État de droit… divin. Évidemment, nul ne le sait, nul ne le sent mieux que le Hezb lui-même. Il en est tellement conscient que lors du dialogue national, et à la stupéfaction générale, il a tout signé des deux mains : le tracé des frontières, les relations diplomatiques, la mise au pas des Palestiniens d’obédience syrienne et même le tribunal… Il a tout donné, que cela plaise ou non à Damas, à la seule mais stricte condition qu’on ne discutât pas de son armement. Rebelote et bis repetita au sortir de la guerre de juillet. Va pour la 1701, va pour le déploiement de l’armée et de la Finul sur la ligne bleue, va pour le retrait de la milice au-delà du nord du Litani, va pour les sept points, pourvu qu’encore une fois on oublie l’arsenal. Mais, cette fois, c’était un peu tomber le masque, du moment que le paravent de la résistance à l’occupant ennemi devenait encore plus obsolète qu’après le grand retrait israélien. Joumblatt va jusqu’à en pressentir une guerre, à Dieu ne plaise. En tout cas, si l’on a les yeux bien en face des trous, si l’on n’est pas obnubilé par les rancunes recuites, force est de voir que le fusil du Hezb n’existe plus qu’à l’intérieur. Et pour l’intérieur, Metn et alliés compris. Aujourd’hui ou demain.
Pourquoi faut-il se battre à fond le 5 ? Question apparemment un peu superfétatoire. Les motivations, les raisons, les buts, les contre-objectifs, cet ensemble touffu que surplombe la coupole dorée de la cause libanaise se trouvent exposés, tous les jours, sur toutes les tribunes du 14 Mars, dans tous les médias. Mais, actualité et nécessité électorale obligent, certains éléments de...