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Actualités - OPINION

Limonade syrienne : orange pressée

« C’est pour mieux te manger, mon enfant » (Le Loup de Damas au Petit Chaperon orange). Un langage de limonadier. Le général Ibrahim Tannous, son ancien patron ? À bien l’entendre, à bien le comprendre (mais qui le pourrait jamais ?), c’est pratiquement une vieille ganache gaga. Le président Amine Gemayel ? Il ne lui arrive pas «sous la ceinture». Ce qui, du reste, situe bien le niveau du personnage. Le mal appris du malappris : chacun retourne à ses origines. Selon l’un de ces dictons populaires dont il s’affirme fin spécialiste. Ou reste attaché à son poteau, pour user d’un autre adage de chevrier mal dégrossi. Le berceau natal, Haret Hreik, est otage. Tambourit, notre sœur du Sud, également. Qu’y peut le pacte avec le diable ? « O »bjections ? Pourquoi pas. Mais abjection de propos orduriers, pourquoi donc ? Quelle gloire, quelle utilité surtout, peut avoir, peut promouvoir, une logorrhée d’une violence verbale si triviale. Qui est en soi un [« O »le !], un encouragement clamé aux fauteurs de troubles. Genre gros bras du PSNS. « O »vationné sur sa télé, il plisse les lèvres de contentement. D’autosatisfaction. Shampress et « une autre agence allemande », il les dément. Mais SANA, pour commencer, dans ses premières dénégations, les plus spontanées sinon les plus sincères, il n’en parle pas du tout. Il aura fallu que le président Gemayel évoque nommément l’agence syrienne, rapport à une cassette vidéo, pour que, bien obligé de lui répondre, il le fasse à son tour. Intox et manip Or il est évident que les fausses déclarations lénifiantes, ces mamours à la Syrie qu’elle-même lui attribue, n’ont de portée politique qu’en raison de la caution directe, par voie d’organe officiel, du régime syrien. Autrement, et sobrement dit, qu’il le veuille ou non, qu’il l’admette ou pas, Damas utilise Aoun ouvertement. À l’insu de son plein gré, comme dit plaisamment, et couramment, Julien Lepers. Et le manipule à volonté, à satiété. Sans qu’il soit en mesure de mettre vraiment les points sur les i, pour dissiper totalement l’équivoque. De se rebiffer. Ainsi, il est bien le seul indépendantiste historique à ne pas vouloir reconnaître, avec Kouchner comme avec les commissaires de l’ONU, ou avec Moratinos, que tout le problème tient à l’agression perpétrée contre le Liban par l’axe d’acier, l’axe infernal, syro-iranien. Et pourquoi, cet aveuglement ? Parce qu’il s’est trop fortement lié au Hezbollah. Bras séculier de l’axe susdit. Pour lequel il opère sur le plan régional à partir de son fief du Sud. Et qui, en sus, prépare patiemment, au niveau local, la réalisation de son projet. De contrôle du pouvoir, sinon de la création de son propre État. Avec ou sans partition (de préférence). Dans les deux cas, Aoun, il se retrouverait où ? Nuances Ce qui nous conduit à l’observation suivante : la bataille du Metn, soulignent pareillement les protagonistes, oppose dans sa finalité deux projets politiques antagonistes. C’est vrai, et c’est faux à la fois. Il est exact en effet que le camp du 14 Mars, sempiternellement agressé, se trouve obligé de défendre les constantes nationales. En sus, à cette occasion, du patrimoine des traditions, de valeurs humaines et morales. D’où l’appui soutenu de cette haute autorité morale (justement) qu’est Bkerké. Mais en face, quel idéal défendent les aounistes, pour quel projet se battent-ils ? Celui du Parti syrien national social (PSNS) qui porte si bien son nom ? Ou le leur propre, et quel est-il au juste ? En quoi se distingue-t-il, en quoi dévie-t-il du nationalisme libanais bien compris ? Faut-il souligner que le CPL, comme Frangié, sa force, il en prive le Cèdre ? Et du coup, la tourne contre lui ? En tout cas, et en pratique, si projet aouniste il y a, il est clairement phagocyté, avalé, par le Hezb. Pôle magnétique bien plus fort. Et, plus loin, par l’Iran et par la Syrie. Ces bons amis que l’on fait mine d’ignorer. Autre chose, pour nuancer la mise en relief de l’élément bataille politique fondamentale. Quel qu’en soit le résultat, personne n’aura marqué, à ce niveau élevé, de point décisif. Il faudra, en fait, attendre l’épilogue de la lutte des axes, dont découle en droite ligne notre crise. En effet, ce n’est pas parce que le candidat aouniste l’aura emporté que le 14 Mars rendra les armes devant la Syrie. Et ce n’est pas, non plus, parce que le président Gemayel aura eu gain de cause sur une partielle, pour un siège de deux ans, que le régime syrien cessera de nous tarabuster. Ou que nos martyrs cesseront de tomber, dans la rue comme face à Fateh el-Islam. Et à ce propos, à propos de la terreur, du terrorisme utilisé en toutes circonstances, le Libanais moyen, sans doute choqué par le ton si relevé du discours aouniste, est encore plus apeuré par les menaces évidentes de troubles. Comme l’« on » en a provoqué dimanche. Dès lors, atterré, il risque de ne pas mettre le nez dehors, le 5 août, de ne pas aller voter. Les observateurs planchent d’ailleurs beaucoup sur cette question, sans doute déterminante, de la mobilisation. Ils n’arrivent pas vraiment à donner, sur ce plan, l’avantage à l’un ou l’autre camp. Les uns ont pour eux une organisation disons plus musclée. Les autres, la force de la conviction. Et le soutien, impondérable, de Bkerké. Rendez-vous dimanche. Et qui vivra verra. Ou entendra. Jean ISSA
« C’est pour mieux te manger, mon enfant »
(Le Loup de Damas au Petit Chaperon orange).

Un langage de limonadier. Le général Ibrahim Tannous, son ancien patron ? À bien l’entendre, à bien le comprendre (mais qui le pourrait jamais ?), c’est pratiquement une vieille ganache gaga. Le président Amine Gemayel ? Il ne lui arrive pas «sous la ceinture». Ce qui, du reste, situe bien...