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CONCERT - Ziad Rahbani au Basement* Il joue au piano debout…

Dès que j’ai appris que Ziad Rahbani allait jouer au Basement avec une troupe de ses musiciens préférés, j’ai commencé à tirer des plans : je vais y aller. J’écouterai le concert, puis je trouverai moyen de coincer Ziad. J’ai tellement de questions à lui poser, j’attends tellement de réponses… Cela fait près de vingt ans que j’attends ces réponses et chaque année écoulée allonge la liste de mes questions. Au Basement, le public est au rendez-vous, bien avant l’ouverture des chaînes qui protègent le guichet et avant l’arrivée de Ziad et de ses musiciens. Quand ces derniers font leur entrée, le public est déjà installé devant une scène où les saxophones rutilent de tout leur cuivre. Trois saxos, une trompette, une flûte traversière, batterie et basse, guitare électrique et piano, pas de doute possible, ce sera jazzy. Ziad est stressé. Il semble avoir le trac. On décèle chez lui une tension toute intérieure qui lui rend le sourire difficile, même si lui-même semble rester naturel. Si naturel et si proche, pour un mythe vivant ! Les musiciens s’installent sur scène, plaquent les premiers accords. Ziad, bien sûr, est au piano. Quelques secondes de flottement et la bande attaque avec du Miles Davis. Pas de mystère, c’est du jazz, et du bon. Le musicien s’est entouré de pros : Avo Tutunjian, à l’alto saxophone, est sur le devant de la scène, masquant de sa carrure Nidal Abou Samra, au ténor saxo, et Jeremy Chapman qui alterne la flûte et l’alto saxo également. Ces deux saxos derrière Avo sont aussi présents par leur performance et dans les moments privilégiés où les trois autres jouent ensemble. Au répertoire, Miles Davis, Dexter Gordon, Cole Porter… Les musiciens se détendent rapidement. Les improvisations, d’abord timides, prennent de l’élan, sans toutefois sortir d’une certaine marge de liberté. À la trompette, Nizar Amran, un autre des fidèles de Ziad, n’est pas en reste. Samer Zaghir à la batterie dans cette première partie du programme, Abboud Saad à la basse et Mounir Khawli à la guitare sont au diapason. Les morceaux s’enchaînent, les temps morts sont courts. Le pianiste est souvent debout. Pour le plaisir de tous, deux voix féminines se mettent de la partie : Lorette Hélou, présence et sens du théâtre, et Lara Matar, féminité et goût du rythme, accompagnent les musiciens et interprètent, ensemble ou à tour de rôle, des classiques du genre My Funny Valentine, And I Love You So, How Insensitive… L’acoustique est bonne, les deux voix occupent l’espace, font vibrer les tympans et le cœur. Le public suit, se réchauffe, sous le charme. Même ceux qui ne sont pas des fanas du jazz et du blues et qui sont venus uniquement pour voir Ziad Rahbani se produire sur scène applaudissent la performance. Une pause de 10 minutes pour les musiciens et la soirée repart. Émile Boustani remplace Samer Zaghir à la batterie dans cette deuxième partie et donne aux cuivres un rythme et un caractère nettement plus blues et pop. Tous les autres sont encore là, les trois saxos, la trompette, la flûte en alternance avec l’alto saxophone, mais le tempo est plus marqué et on a souvent envie de swinguer. Dommage que l’endroit et l’affluence s’y prêtent peu. Après quelques morceaux instrumentaux, qui s’apparentent dans leur interprétation au rock et au rythm and blues, les deux chanteuses reviennent en force : pop avec la voix de Lara Matar, Comin’ to My Life… jazz avec la voix de Lorette Hélou, chantant, ô surprise, Gilbert Bécaud, La maison sous les arbres… Hit the Road, Jack, Lara a nouveau, Street Life, par Lorette, Now If You Feel It (Lara)… Les deux chanteuses ont chacune son style particulier et alternent les genres, les morceaux se succèdent, la deuxième partie du programme est nettement plus longue. Vers la fin, That’s the Way, chanson pop s’il en est, jouée en version jazz, revisitée par les saxos et le piano, fait craquer plus d’un. Du plaisir à l’état pur. Minuit et demi. Le concert est fini. Les musiciens ont joué pendant deux heures et demie, avec une pause d’à peine 10 minutes. Aucun morceau oriental dans le répertoire et certains regrettent ce qui pourrait être une lacune ou un choix. Joëlle GIAPPÉSI * Ziad et sa bande joueront au Basement, à Saïfi, encore trois autres jeudis.

Dès que j’ai appris que Ziad Rahbani allait jouer au Basement avec une troupe de ses musiciens préférés, j’ai commencé à tirer des plans : je vais y aller. J’écouterai le concert, puis je trouverai moyen de coincer Ziad. J’ai tellement de questions à lui poser, j’attends tellement de réponses… Cela fait près de vingt ans que j’attends ces réponses et chaque...