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« Sans les volontaires, nous ne sommes rien », souligne le général Hobeika Défense civile : le travailleur de l’ombre

Elle est le soldat inconnu de l’État, apparaissant surtout dans les crises graves et répondant à l’appel quand on a le plus besoin d’elle. La Défense civile était très présente sur le terrain durant la guerre de juillet-août 2006 et elle a payé le prix. Le général Darwiche Hobeika, directeur général de la Défense civile, fait le bilan de cette période catastrophique : 59 blessés et un tué à Baalbeck, dont 47 volontaires et 12 employés, sachant que quatre des blessés ont eu des membres amputés et ont été quand même intégrés à l’équipe (étant des volontaires à la base). À cela, il faut ajouter 48 centres endommagés et huit détruits, 10 voitures de pompiers et 5 ambulances brûlées. Malgré tout, le moral des troupes était très haut durant le conflit, assure le général Hobeika. Il leur rend d’ailleurs un vibrant hommage. « Nos équipes sont formées à 90% de volontaires, raconte-t-il. Sans eux, nous ne sommes rien. Nous avons actuellement 3200 secouristes volontaires dont 700 à plein temps. Mais durant la guerre, ils ont tous répondu présent sans hésiter. » Le général Hobeika indique que si ça ne tenait qu’à lui, il aurait aimé employer tous ces jeunes très bien formés. Il rappelle que son organisme est là pour se charger des missions les plus difficiles et les plus délicates. « Nous avons de bons équipements, ajoute-t-il. Il nous en manque encore pour avoir des centres répondant exactement aux critères internationaux. Mais c’est notre élément humain qui est excellent. » Durant tout le mois de guerre, le général se souvient être resté à pied d’œuvre avec ses équipes. « Je restais 24h/24 disponible, dormant au bureau », se souvient-il. Il se rappelle le danger auquel ils faisaient face sur le terrain, la première fois que l’aéroport a été touché, les ponts bombardés souvent après un bref passage de son équipe et de lui-même… Mais le souvenir qui reste le plus vivace dans son esprit, c’est l’arrivée de la petite Kawsar, un bébé que ses parents, réfugiés à Beyrouth, avaient perdue. Il a fallu changer trois voitures pour la ramener de Nabatiyeh. Amputé des deux jambes Comme tout chef d’équipe, le général Hobeika déplore qu’il y ait des tués et des blessés parmi les volontaires, surtout si ceux-ci sont frappés d’un handicap permanent. Or ce fut malheureusement le cas durant la guerre, comme en témoigne Hassan Gebeyli, qui a eu les deux jambes amputées lorsque son ambulance a été bombardée de plein fouet par l’aviation israélienne. Il est aujourd’hui employé au centre de la Défense civile à Saïda. Hassan fait revivre dans sa mémoire l’un des premiers jours de la guerre, le 14 juillet 2006, qui devait changer sa vie. « La centrale électrique de Jiyeh a été frappée la nuit, nous avons reçu l’ordre d’y aller pour éteindre l’incendie, vers trois heures du matin, se souvient-il. Nous y sommes restés jusqu’à dix heures. C’était un enfer. Nous n’étions même pas assez conscients de la gravité de la situation pour avoir peur. Entre-temps, alors que nous tentions d’éteindre l’un des réservoirs, les navires et les bombardiers israéliens faisaient de leur mieux pour atteindre les autres réservoirs. » Dans l’après-midi du même jour, l’équipe est notifiée d’un massacre de civils dans un bus et dans une voiture. Une blessée se trouvait dans la voiture. Les secouristes ne devaient jamais lui sauver la vie, ayant été eux-mêmes pris pour cible par l’aviation israélienne. Hassan sera le plus grièvement blessé. Ses jambes devaient être amputées dans des conditions atroces. « J’ai juste repris mes esprits le temps de crier au médecin de m’anesthésier », se souvient-il. Le chemin de la souffrance était encore long. « Après mon séjour à l’hôpital, c’est grâce à Mme Nazek Hariri et à l’ancien président fr-ançais Jacques Chirac que j’ai pu suivre un traitement de cent jours en France », raconte-t-il. Aujourd’hui, ce père de trois enfants, qui a été muni de membres artificiels, est « fier d’avoir été blessé en faisant face à un ennemi féroce ». Son seul regret, dit-il, est de ne plus être capable de faire jouer ou promener ses enfants comme il le faisait avant. « Je demande au ministère des Affaires sociales de mieux s’occuper des handicapés au Liban, qui constituent quelque 10 à 15% de la population, ajoute-t-il. Il faudrait mieux équiper les bâtiments publics et les routes. Il n’est pas normal que nous n’ayons pas accès à tous ces endroits. »
Elle est le soldat inconnu de l’État, apparaissant surtout dans les crises graves et répondant à l’appel quand on a le plus besoin d’elle. La Défense civile était très présente sur le terrain durant la guerre de juillet-août 2006 et elle a payé le prix. Le général Darwiche Hobeika, directeur général de la Défense civile, fait le bilan de cette période...