Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Les cafés-librairies s’épanouissent en Bretagne

Café-librairie ou librairie-café : à une époque où les libraires indépendants ont souvent du mal à survivre face à la concurrence des chaînes ou des grandes surfaces, la Bretagne voit fleurir ces lieux différents, où se marient livres et convivialité. « On démystifie la librairie pour en faire un lieu de convivialité, de rencontre », explique Sophie Neuville, présidente de la toute jeune Fédération des cafés-librairies de Bretagne. « Des personnes y viennent qui ne seraient jamais entrées dans une simple librairie », assure-t-elle. La fédération rassemble pour le moment une douzaine d’adhérents, mais d’autres cafés-librairies existent sans avoir encore rejoint l’association et plusieurs nouveaux projets sont dans l’air : « De tels lieux sont encore peu répandus dans le reste de la France. C’est la concentration géographique qui est significative en Bretagne », affirme Gaëlle Pairel, chargée de communication pour la fédération. De fait, chacun peut faire son « tro Breizh » (« tour de Bretagne » en breton), en allant de l’une à l’autre de ces librairies originales, souvent nichées dans des lieux improbables. Des villes, mais aussi des îles (Groix, Belle-Île-en-Mer, Ouessant) ou des villages loin des circuits touristiques habituels. Là où elles sont situées, « c’était quasi impossible d’être un libraire pur », constate Sophie Neuville. Avec des horaires décalés, on y tient café ou restaurant, mais on y fait parfois du pain comme au Comptoir gâvrais, à Gâvres (Morbihan), où les portes ouvrent à 7h00 du matin pour permettre aux habitants de venir chercher leur baguette fraîche. D’autres, comme La cour des miracles, qui vient d’éclore dans le vieux Rennes, tient boutique ouverte de 11h à 1h00 du matin : c’est un bistrot avec une licence IV qui a été repris dans l’idée d’y créer l’activité de libraire. Chacune de ces librairies est un lieu d’action culturelle tous azimuts : lectures publiques ou musicales, contes, expositions, dîners littéraires, choco-philo pour les 8-10 ans, mois du documentaire, atelier d’écriture à l’année comme à l’Autre Rive, à Berrien, en plein centre-Bretagne. Ou encore, plus dans l’air du temps, le « speed booking », à savoir la présentation d’un livre en cinq minutes pour convaincre d’autres lecteurs potentiels.. Mais « ces petits lieux exigent beaucoup » de leurs initiateurs qui ne comptent pas leurs heures, souligne Yvonne Prêteseille, fondatrice à Bécherel (Ille-et-Vilaine) de la Porte Saint-Michel. À la base, on y trouve fréquemment une entraide familiale, qu’elle soit matérielle ou financière. Car dégager un salaire, ne serait-ce qu’à hauteur du smic, demande parfois plusieurs années, reconnaît Odile Riot, qui a ouvert avec sa sœur il y a deux ans Le Bel Aujourd’hui à Tréguier (Côtes-d’Armor). Comme en témoignent plusieurs de ces libraires, « on vit tous dans un équilibre précaire ». « L’action culturelle nous fait connaître », mais « c’est quand même la restauration (ou l’activité café) qui nous fait vivre ». Derrière tout cela, une forme d’idéal, que résume à sa manière Ali Saad, propriétaire de L’écume des jours à Groix : « Il s’agit de se donner les moyens de mettre en œuvre la défense de la littérature car celle-ci établit des liens solides entre les êtres. » Clarisse LUCAS (AFP)
Café-librairie ou librairie-café : à une époque où les libraires indépendants ont souvent du mal à survivre face à la concurrence des chaînes ou des grandes surfaces, la Bretagne voit fleurir ces lieux différents, où se marient livres et convivialité.
« On démystifie la librairie pour en faire un lieu de convivialité, de rencontre », explique Sophie Neuville,...