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Une classe moyenne émergente, mais des pauvres qui dorment dans les rues New Delhi, vibrante de vie et de couleurs

Delhi, capitale administrative de l’Inde. Cette mégapole d’environ 15 millions d’habitants s’étend horizontalement sur la rive droite de la Yamuna. Elle est divisée en deux secteurs, la vieille ville, l’ancienne Delhi, et la nouvelle ville New Delhi, fondée par les Anglais. La ville grouille de passants, de cyclistes, de motards, de voitures et de bus. Elle grouille surtout de rickshaws et d’autos rickshaws, ces voiturettes tirées par des hommes à bicyclette ou à scooter, destinées au transport d’une ou deux personnes. Sur les routes embouteillées où le klaxon fait la loi, les piétons tentent de se frayer un passage au milieu de la folle cohue. Dans les artères et les ruelles, tantôt propres et larges, bordées d’arbres et de jardins publics, tantôt étroites et insalubres, bordées d’immondices, se croise une population vêtue de mille couleurs : saris traditionnels ou silvar (robes sur pantalons bouffants) pour les femmes, doti kurta traditionnels ou chemises et lunghi pour les hommes. Le jeans cohabite occasionnellement avec les tenues locales, mais ces dernières ont largement la cote. En Inde, on ne plaisante pas avec les coutumes, les traditions et la famille. Cette cohue vibrante de vie interpelle l’étranger de passage, l’agresse aussi. Comme au Liban, les voitures se talonnent, les freins crissent, l’on double à gauche ou à droite, dans ce pays où le volant est à droite, tradition britannique oblige. L’on se foudroie alors du regard. Mais l’on garde son calme. Pas un mot, pas une insulte. La courtoisie est de rigueur. La non-violence héritée du Mahatma Gandhi est dans l’éducation et les mœurs. C’est elle qui a guidé le peuple indien dans son parcours pour bâtir la nation. C’est elle qui continue de le guider vers son objectif de devenir la grande puissance asiatique, dans le respect de ses relations de bon voisinage avec son entourage. C’est aussi elle qui fait s’embuer de larmes les yeux des Indiens, lorsqu’ils évoquent le Père de la nation, qu’ils vénèrent comme un saint homme. Bazars, saris et marchandage Autre agression saisissante, le contraste entre deux niveaux de vie, entre modernisme et tradition, entre richesse et pauvreté, alors qu’émerge une importante classe moyenne. Dans les larges artères immaculées du quartier chic des ambassades et des ministères, qui partent en étoile de la célèbre porte de l’Inde, des habitants se livrent à leur footing matinal. Des groupes de jeunes pratiquent le football alors que le soleil se lève à peine et que la lourde chaleur d’été pèse déjà, chargée d’humidité. À mesure que la journée passe, les pelouses se noircissent de monde. Les femmes arborent avec élégance leurs saris aux couleurs chatoyantes et leur longue chevelure ornée de fleurs odorantes. Les enfants et les adolescents piquent une tête dans les bassins, histoire de se rafraîchir. Dans le vieux Delhi, dont les souterrains abritent un métro ultramoderne, s’enchevêtre un réseau de ruelles groupées autour du grand axe Chandni Chowk, du Fort Rouge (récemment classé sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco) et de la mosquée Jama Masjid. Les conducteurs de rickshaws pédalent inlassablement dans un incessant va-et-vient. Ils transportent clientèle et marchandises sous l’œil distrait des commerçants affairés, pour quelques roupies seulement. Ici, un conducteur frêle peine à maintenir le rythme. Il transpire à grosses gouttes. Il se fait doubler par d’autres conducteurs plus costauds qui lui lancent une boutade. Il esquive tout juste le rickshaw qui lui fonce dessus, surgissant d’une ruelle à gauche. Mais il se fera une fierté de mener à bon port les deux passagers bien portants, confortablement assis sur leur siège. Et puis il doit assurer son repas, celui de sa famille. Là, au bord de la ruelle, un autre conducteur de rickshaw prend une pause, couché en équilibre instable le long de son véhicule. Les ruelles sont étroites, embouteillées, bondées de monde et de travailleurs couchés à même le sol, espérant trouver un emploi ponctuel qui leur permettrait de manger à leur faim. Devant une échoppe, l’on achète un bol de riz que l’on avale, avant de reprendre son occupation. Plus loin, un homme vend de l’eau à la gargoulette. Un ouvrier se débarbouille à la fontaine. Dans cette chaleur torride, la mosquée du Vendredi, Jama Masjid, construite entre 1651 et 1656 par l’empereur mongol Shah Jahan, héberge les familles en quête d’ombre et de quiétude. Pendant que les uns prient, les autres se reposent ou dorment à même le sol. Connue aussi sous le nom Masjid-i-Jahan Numa, elle est considérée comme la mosquée la plus grande et la plus célèbre d’Inde. Dormir à même les trottoirs Même activité grouillante dans le bazar de textiles de la ville où saris, soieries et étoffes en tout genre s’offrent aux regards de la clientèle locale, dans toute leur splendeur. De leurs échoppes, les commerçants interpellent la clientèle qu’ils invitent à entrer regarder la marchandise. Pour faire leur choix, les femmes sont invitées à s’asseoir. Sont alors étalés devant elles des dizaines de saris, dans un doux bruissement d’étoffes, dans une symphonie de couleurs brillantes. Pas question de mécontenter une cliente potentielle, le marchandage fait partie du jeu. Les prix affichés sont aussitôt revus à la baisse. Les colifichets ont la cote. Les femmes indiennes aiment se parer. Elles affectionnent surtout l’or qui leur apporte une certaine sécurité. Et puis en ces temps d’essor économique, l’argent coule à flots. Au sein de ce vibrant remue-ménage, des couturiers, installés sur le trottoir derrière de vieilles machines à coudre Singer, effectuent habilement des retouches express. Un ourlet par-ci, une reprise par-là et le tour est joué pour quelques roupies. Au gré des ruelles et des échoppes, des vaches se promènent tranquillement parmi les passants. Scène habituelle en Inde, en pleine ville ou sur les routes. Les villes ont empiété sur les terres agricoles et les propriétaires de troupeaux n’ont d’autre choix que de laisser leurs bêtes paître où bon leur semble. Respectueux de la vache dont ils ne consomment que le lait, les Indiens apprécient la viande de buffle, mais sont végétariens, dans leur grande majorité. À travers les ruelles, les bazars et les carrefours, impossible de ne pas être saisi par les images de grand dénuement. Sur les trottoirs, les bancs ou même sur les montagnes de détritus, des Indiens ont élu domicile. Décharnés, sales, les yeux hagards, ils vivent, mangent, boivent, se lavent, font leurs besoins et dorment sur place. Nombre d’entre eux ont quitté leur campagne natale dans l’espoir d’une qualité de vie meilleure. Mais dans ces villes où ils mangent rarement à leur faim, ils n’ont fait que grossir le rang des chômeurs, faute de qualification. Sans domicile, ils dépendent de la charité des plus nantis. Plus de 400 millions d’Indiens vivent aujourd’hui dans des conditions d’extrême pauvreté, avec moins d’un dollar américain par jour. Un chiffre qui représente le tiers de la population indienne, qui a récemment atteint le cap du milliard et 200 millions d’habitants. Alors que ce géant asiatique affiche fièrement une croissance annuelle de 9 %, le défi du gouvernement indien est de développer la classe moyenne, et de s’attaquer à la pauvreté, par le biais notamment de l’éducation, des aides à l’agriculture et aux PME, et du développement des régions rurales.
Delhi, capitale administrative de l’Inde. Cette mégapole d’environ 15 millions d’habitants s’étend horizontalement sur la rive droite de la Yamuna. Elle est divisée en deux secteurs, la vieille ville, l’ancienne Delhi, et la nouvelle ville New Delhi, fondée par les Anglais. La ville grouille de passants, de cyclistes, de motards, de voitures et de bus. Elle grouille...