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La Cour suprême réinstalle son président suspendu par le chef de l’État Le président pakistanais Musharraf face à sa plus grave crise en 8 ans

Le président pakistanais Pervez Musharraf fait face à sa plus grave crise en huit ans de pouvoir, après une décision de justice qui compromet sa réélection, alors que le pays vit une vague d’attentats islamistes sans précédent, qui ont fait au moins 200 morts en une semaine. La Cour suprême a infligé au président pakistanais un camouflet cinglant hier, sous les vivats de nombreux manifestants et un concert de klaxons dans les grandes villes : elle a rétabli dans ses fonctions le président de cette juridiction, le juge Iftikhar Mohammad Chaudhry, suspendu le 9 mars par le général Musharraf. Dix de ses 13 juges ont même en quelque sorte tancé le chef de l’État en déclarant cette suspension « illégale » et en ordonnant l’abandon des accusations qu’il avait produites devant la justice pour motiver la suspension du juge Chaudhry : fautes professionnelles et abus de pouvoir. Et le Premier ministre Shaukat Aziz, un fidèle, a aussitôt annoncé que son gouvernement se pliait à la décision de la Cour. Réagissant à cette décision, le porte-parole de M. Musharraf a déclaré que « le jugement de la Cour suprême serait honoré, respecté et que chacun devrait s’y plier ». La suspension du président de la Cour suprême avait déclenché d’imposantes manifestations dans tout le pays, l’opposition et la société civile accusant le président Musharraf d’écarter un magistrat qui compromettait sa réélection en invoquant la Constitution. M. Chaudhry en est même devenu, malgré lui, le héros et l’un des porte-drapeau de l’opposition, qu’il s’agisse des partis séculiers ou confessionnels, dont les militants se massaient à chacune des manifestations de soutien au magistrat. Et même sur le plan du droit, le rétablissement du juge Chaudhry, fort d’un tel soutien populaire, semble compromettre une éventuelle réélection de M. Musharraf. À plusieurs reprises avant le 9 mars, le magistrat avait laissé entendre que la Constitution ne permettait pas au chef de l’État sortant de se représenter avant les législatives, la Loi fondamentale imposant qu’il abandonne avant la fin 2007 sa casquette de chef des armées, que le général Musharraf cumule avec celle de président depuis son coup d’État sans effusion de sang du 12 octobre 1999. M. Musharraf n’a jamais fait mystère de son intention de briguer un nouveau mandat devant le Parlement sortant, qui lui est acquis, avant les législatives prévues pour fin 2007-début 2008, tout en conservant la direction de l’armée, un élément-clé du pouvoir dans ce pays. Le chef de l’État est élu par le Parlement au Pakistan. Ce revers politique pour le président Musharraf intervient alors que le pays est endeuillé chaque jour par une vague d’attentats-suicide qui ont fait au moins 200 morts en une semaine. Ils sont commis par les islamistes ayant juré de mener la « guerre sainte » contre le pouvoir après la mort d’une centaine de leurs militants, il y a neuf jours, dans l’assaut contre la Mosquée rouge d’Islamabad. Hier matin, trois civils et un soldat ont été tués et six autres personnes blessées dans une nouvelle attaque-suicide qui visait un poste de contrôle militaire sur une route dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan. Pour couronner le tout, le porte-parole de la Maison-Blanche, Tony Snow, a déclaré jeudi que le président George W. Bush n’excluait pas des attaques aériennes ciblées dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan. À ce sujet, Islamabad a répliqué hier qu’il ne pouvait accepter des « actions indiscriminées » du côté pakistanais de la frontière de la part des forces américaines engagées contre les talibans et el-Qaëda en Afghanistan. « Toute action de contre-terrorisme à mener à l’intérieur du Pakistan doit être menée par nos propres forces de sécurité», a fait valoir le ministère pakistanais des Affaires étrangères. Les Américains placent ainsi le président Musharraf dans une position des plus inconfortables, pris entre la forte influence dans son pays des fondamentalistes pakistanais protalibans et favorables à el-Qaëda et son rôle d’« allié-clé » de Washington dans sa « guerre contre le terrorisme ». L’Administration américaine a ouvertement accusé ces derniers jours le pouvoir pakistanais d’avoir laissé les talibans et el-Qaëda reconstituer leurs forces dans les zones tribales frontalières avec l’Afghanistan.

Le président pakistanais Pervez Musharraf fait face à sa plus grave crise en huit ans de pouvoir, après une décision de justice qui compromet sa réélection, alors que le pays vit une vague d’attentats islamistes sans précédent, qui ont fait au moins 200 morts en une semaine.
La Cour suprême a infligé au président pakistanais un camouflet cinglant hier, sous les vivats...