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Les Russes cesseront de fournir des informations à l’OTAN sur leurs forces conventionnelles et refuseront les inspections Sortie du traité FCE : la décision de Moscou met l’Europe en difficulté

La décision du président russe Vladimir Poutine de suspendre la participation de son pays au traité FCE limitant les forces conventionnelles en Europe met le Vieux Continent dans une situation délicate et va encore détériorer ses relations avec la Russie, estiment les analystes à Moscou. La Russie, irritée par l’élargissement de l’Alliance atlantique près de ses frontières et par les projets de plus en plus précis de bouclier antimissile américain dans d’anciens pays du pacte de Varsovie, a mis ses menaces à exécution en annonçant samedi qu’elle suspendait sa participation au traité sur les Forces conventionnelles en Europe (FCE) qui limite le déploiement d’armes. Concrètement, les Russes cesseront entre autres de fournir des informations à l’OTAN sur leurs forces conventionnelles et refuseront les inspections, a expliqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué, en précisant que le décret avait été signé vendredi. Moscou ne sera tenu par aucune limite sur ses armes conventionnelles dont la quantité dépendra de la « retenue » dont feront preuve les parties au traité, a souligné le ministère. « Le traité dans sa forme actuelle est désespérément dépassé », a déclaré samedi la diplomatie russe, en soulignant l’entrée dans l’OTAN d’anciens alliés de l’URSS. « Les limitations de la quantité d’armements russes sur différentes parties de notre territoire ont perdu tout sens. Aujourd’hui, elles empêchent de lutter plus efficacement contre le terrorisme », affirme le ministère. Avec cette suspension, Moscou cherche à diviser l’OTAN en poussant les pays européens à accepter ses propositions d’adaptation de ce traité datant de 1990, estiment les analystes. « L’Europe va se trouver extrêmement mal à l’aise et la Russie espère que cette nervosité va lui faire assouplir sa position », prévoit Fiodor Loukianov, rédacteur en chef de la revue de la Russie dans la politique mondiale. « Je pense que ces calculs sont erronés et qu’une Europe apeurée ne fera que se jeter dans les bras des États-Unis », a-t-il dit à l’AFP. Moscou reproche aux pays de l’OTAN de ne pas ratifier une version du traité révisée en 1999 à Istanbul pour tenir compte de la disparition du pacte de Varsovie qui unissait la défense de l’Union soviétique avec celle de son glacis composé des pays socialistes d’Europe de l’Est, tels que la Pologne, la Bulgarie ou la Hongrie. Les pays de l’Alliance atlantique refusent de ratifier la nouvelle version tant que Moscou n’aura pas retiré ses troupes de Géorgie et de Moldavie pour se conformer aux engagements pris à Istanbul. Pour Pavel Felgenhauer, analyste indépendant des questions de défense, le plus grave dans ce retrait de la Russie du traité n’est pas la question de la quantité d’armements et d’hommes déployés, car les dispositions du traité dans ce domaine « sont violées de toute façon », notamment « par la Russie dans le Caucase depuis 1994 ». Ce qui va faire la différence, c’est la disparition des mesures destinées à créer un climat de confiance : inspections, échanges d’information, dit-il. « Le climat va se détériorer surtout avec les pays européens, car le traité FCE est pour eux beaucoup plus important que pour les États-Unis », estime M. Felgenhauer, notant que la Russie a « déjà d’autres problèmes avec l’Europe ». « La détente qui semblait avoir commencé après le sommet du Maine a duré deux semaines », s’exclame-t-il. Le président russe et son homologue américain George W. Bush avaient passé un peu moins de 24 heures dans la maison du père du président américain, l’ex-président George Bush à Kennebunkport au bord de l’Atlantique pour des entretiens informels. Au cours de repas familiaux et promenades en bateau, Vladimir Poutine avait fait de nouvelles propositions pour trouver ce qu’il voulait être une alternative au projet d’installation d’éléments d’un bouclier antimissile américain en Pologne et en République tchèque, jugé inacceptable par Moscou. Pour Boris Kagarlitski, directeur de l’Institut moscovite de mondialisation, la décision russe concernant le traité CFE n’est qu’une démarche de plus pour renforcer progressivement le statut de la Russie sur la scène mondiale et préparer le terrain du prochain président après l’élection de mars 2008. « Sur le plan pratique », la décision concernant le FCE « va faire peu de différence, la Russie ne veut simplement pas se trouver liée par des conditions que les autres ne respectent pas », ajoute-t-il. La Russie critique notamment le déploiement de troupes dans de nouvelles bases américaines en Roumanie et en Bulgarie. L’OTAN a jugé « décevante » cette décision. Les États-Unis se sont également déclarés « déçus », tandis que Berlin a exprimé sa « grande préoccupation ».
La décision du président russe Vladimir Poutine de suspendre la participation de son pays au traité FCE limitant les forces conventionnelles en Europe met le Vieux Continent dans une situation délicate et va encore détériorer ses relations avec la Russie, estiment les analystes à Moscou.
La Russie, irritée par l’élargissement de l’Alliance atlantique près de ses frontières et par...