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Actualités - CHRONOLOGIE

Bilan du 12e forum du dialogue germano-arabe sur le sujet Les blogs, une relation en même temps conflictuelle et complémentaire avec les médias traditionnels Jad SEMAAN

Pour la douzième année consécutive, le forum du dialogue germano-arabe sur les médias s’est réuni, la semaine dernière, à Amman pour son édition 2007. La relation à la fois conflictuelle et complémentaire entre « la blogosphère » et les médias traditionnels était au cœur des échanges entre des intervenants venus de Jordanie, de Cisjordanie, du Caire, de Damas, de Beyrouth, de Ryad et d’Allemagne. Les blogs sont-ils de vulgaires parasites ou est-ce que leur interactivité avec la presse traditionnelle injecte un sang neuf dans le monde des médias ? « La nouveauté inspire des craintes, mais nous n’avons pas besoin de ces craintes », a souligné dans son mot D. Anna Prinz, le commissaire aux médias au ministère allemand des Affaires étrangères à Berlin. « La solution aux problèmes de l’Internet est davantage d’Internet », a renchéri Mohammad Sanajleh, le président de l’Union des écrivains arabes en ligne, basée à Amman. Le congrès était organisé conjointement par le ministère allemand des Affaires étrangères, représenté par Michael Grau, chef de division des médias et relations publiques pour le Maghreb et le Moyen-Orient, et par l’Institut pour les relations avec l’étranger (IFA), présidée par Barbara Kuhnert. À Amman, l’ambassade d’Allemagne, représentée par Hans-Udo Muzel, vice-ambassadeur d’Allemagne, était en charge de l’organisation. Charifa Majdi et Gert Himmler ont assuré la traduction simultanée. Dans son intervention, Ayman Safadi, rédacteur en chef du quotidien jordanien al-Ghad, a indiqué que « le journalisme en ligne et les blogs sont complémentaires de la presse écrite puisque cette dernière souffre, elle aussi, des maux de la maturation qui touchent tous les pays arabes ». Ayman Safadi a rappelé qu’il y avait 13 chaînes de télévision satellitaires dans le monde arabe, en 1996, alors que leur nombre est passé, aujourd’hui, à plus de 300, tandis que le plus grand journal égyptien al-Ahram n’imprime guère plus de 300 000 exemplaires dans un pays de 60 millions d’habitants et qu’en Jordanie, un pays de 5 millions d’habitants, tous les quotidiens réunis n’impriment pas plus de 150 000 exemplaires. Safadi a donné le contre-exemple d’Israël, un pays de six millions d’habitants, où un quotidien national imprime jusqu’à un demi-million de copies. Oliver Hahn, professeur des universités agrégé en journalisme à l’IUT Business and Information Technology School (BiTS) à Iserlohn et chercheur à l’Institut de journalisme de l’Université de Dortmund en Allemagne, était le responsable scientifique de ce dialogue germano-arabe des médias. Il a répondu aux questions de L’Orient-Le Jour. Q - Quelle place occupe le journalisme en ligne aujourd’hui et quels dangers représente-il pour les medias traditionnels, notamment pour la presse écrite ? R - « Le journalisme en ligne devient de plus en plus important. Je ne perçois pas le journalisme en ligne comme un danger pour les médias traditionnels, mais en tant que “valeur ajoutée” à ces derniers. À la condition, bien entendu, que ce journalisme en ligne soit plus qu’un simple journalisme de style “copier et coller”, c’est-à-dire qu’il aille au-delà du copiage des contenus d’un média traditionnel sur un site Web. Le journalisme en ligne doit utiliser toutes les formes d’interactivité (hyperliens, forums, chats, etc.) et toutes les possibilités de participation possibles pour les utilisateurs. Cela inclut donc également les blogs (qui peuvent être créés par des amateurs). Les contenus journalistiques doivent être adaptés à la logique et à la logistique du Web (éléments multimédias). En outre, d’une perspective historique sur les médias, l’introduction des nouveaux médias n’a jamais remplacé les médias plus anciens, mais a toujours représenté une complémentarité. La radio n’a pas tué la presse écrite, la télévision n’a pas tué la radio, et le journalisme en ligne ne va pas tuer tous les autres médias. Mais il est aussi vrai que dans le cadre du développement actuel de la convergence des médias, les plates-formes médiatiques (presse écrite, photos, graphiques - interactives, radio/audio, TV/vidéo, Internet) vont fusionner et s’amalgamer. » Q - Comment est né le concept du blog ? Et qu’est-ce qui explique son développement fulgurant ? R - « Les premiers weblogs ou blogs, donc des journaux intimes en ligne, sont apparus au milieu et jusqu’à la fin des années 1990 sur Internet. » Définition « Jusqu’à aujourd’hui, la plupart des blogs sont utilisés à des objectifs d’autoreprésentation (et aussi d’autobiographie) du blogueur et s’adressent plutôt à un lectorat réduit et individuel qu’à une audience de masse. Le concept et le phénomène du blog ou de la blogosphère est basé sur la liberté éditoriale du blogueur, sur la simplicité et le caractère bon marché de publier (grâce au soi-disant “Social Software”, le “logiciel social”) ainsi que sur les possibilités d’interaction avec d’autres utilisateurs en direct et en temps réel. Mais tous ces piliers du concept incluent aussi le danger d’être abusé. Il arrive souvent que certains blogs offrent des informations alternatives aux médias traditionnels, particulièrement des blogs de guerre (Warblogs). Donc la participation individuelle ou collective aux médias – que Tim O’Reilly, un auteur de livres irlandais sur des questions d’ordinateur vivant aux États-Unis, appelle le “Web 2.0” – pourrait expliquer le développement fulgurant du concept du blog. Mais à mon avis, il est trop tôt d’appeler cette participation aux médias déjà une “démocratisation des médias”, car jusqu’ici, la majorité des blogs ne peut pas être considérée et ne se veut pas comme concurrence aux médias traditionnels. Par contre, la blogosphère a donné naissance à ce qu’on appelle en anglais “Grassroots Journalism”. Rappelons à cet égard que le Time Magazine aux États-Unis a élu tous les utilisateurs du Web comme “personne de l’année 2006” tout en les jugeant “citoyens de la démocratie digitale”. » Q - Quelles conclusions avez-vous tirées du séminaire de Amman ? Que vous a-t-il appris ? R – « Le dialogue germano-arabe sur les médias à Amman a mis autour d’une table de jeunes blogueurs et des journalistes professionnels plus expérimentés venant du monde arabe et d’Allemagne pour discuter ensemble du jeune phénomène des blogs. Il était très intéressant de découvrir que les blogueurs arabes et allemands ont déjà développé une compétence médiatique spécialisée à distinguer les blogs sérieux des blogs moins sérieux. Cela constitue une avancée par rapport aux générations plus âgées qui ont leurs propres compétences médiatiques vis-à-vis des médias traditionnels. En outre, il y a ce paradoxe socio-démographique actuel entre le monde arabe et l’Ouest : tandis que dans le monde arabe la population est en moyenne beaucoup plus jeune qu’à l’Ouest, l’utilisation des blogs dans le monde arabe reste encore sous-développée par rapport à l’Ouest – bien entendu aussi pour des raisons économiques et politiques. Donc là, je vois encore un grand potentiel du développement d’Internet dans les pays arabes. Il y a aussi un grand potentiel pour un dialogue interculturel moins abstrait et plus concret entre de jeunes gens du monde arabe avec ceux de l’Ouest. En conclusion, le grand avantage de la blogosphère est à trouver dans la communication interpersonnelle, car, à Amman, les quatre parties – blogueurs et journalistes, Arabes et Allemands – étaient d’accord sur le fait qu’actuellement les blogs ne sont pas une concurrence ou un substitut aux médias de masse traditionnels, mais un complément. »
Pour la douzième année consécutive, le forum du dialogue germano-arabe sur les médias s’est réuni, la semaine dernière, à Amman pour son édition 2007. La relation à la fois conflictuelle et complémentaire entre « la blogosphère » et les médias traditionnels était au cœur des échanges entre des intervenants venus de Jordanie, de Cisjordanie, du Caire, de Damas, de...