VIOLON D’INGRES Poésie et peinture pour un mordu des finances Les chiffres, les lettres et les couleurs de Georges Homsi

Georges Homsi a deux vies. La première baigne dans l’univers de la finance : il a obtenu une maîtrise en économie et achève son MBA à l’ESA, tout en étant un consultant financier senior à la BEMO Bank. La deuxième erre entre peinture et poésie, deux modes d’expression qu’il a découverts récemment et dont la maîtrise naissante continue de le surprendre. « La peinture, pour moi, c’est la définition de la passion », explique le jeune homme qui a le style parfait du cadre ambitieux qui vient d’achever sa journée professionnelle. Mais il ne faut guère se fier à son costume sombre, sa vie sociale chargée et sa vie professionnelle faite de défis, de « choses qui bougent constamment » et de risques calculés. Car ce mondain modéré, qui aime par ailleurs la vie, le chant, la danse, la musique et la fête, apprécie également une solitude qui lui permet de se recueillir et de méditer, « une forme de prière »... Enfant, se souvient-il, il gribouillait des caricatures qui étaient sans doute des esquisses prometteuses, mais qu’il n’avait jamais prises au sérieux. « Les choses arrivent toujours au bon moment », affirme-t-il, convaincu. Le bon moment aura lieu en 2001, durant « cette période creuse entre deux projets, deux villes, pour moi Londres et Beyrouth, lorsque l’on se sent un peu improductif.  J’ai acheté des cartons, poursuit-il, des pinceaux, de la peinture à l’huile et un livre de photos de paysages. » Sans avoir la moindre idée de comment faire, par où commencer, il se laisse aller au gré de ce pinceau qu’il apprivoise et de ces couleurs vives qui l’interpellent. Il copie et transforme. Cinq heures plus tard, qu’il n’a pas vu passer, le premier tableau est achevé. Les trois femmes de sa vie, mère, sœur, copine, emballées, l’encouragent à continuer. La peinture, un vrai bonheur Quelques tableaux plus tard, notre peintre du dimanche, un peu libéré et conquis par sa nouvelle passion, sent le besoin d’aller plus loin. « Je devais apprendre la technique. » Le jour, il manipule les chiffres. Le soir, les couleurs, aux cours du peintre Emmanuel Guiragossian. « J’ai appris à développer et perfectionner ce que je savais faire instinctivement. J’ai appris à me dépasser, à dépasser le cadre d’une toile et surtout à dépasser l’hésitation. » Refusant de se laisser enfermer dans un genre ou un style particulier, il s’essaie aux paysages, « surtout des paysages marins, héritage de ma mère grecque, » des voiliers, mais aussi de l’abstrait. « Dernièrement, j’ai eu envie de dessiner des personnages à la fois grotesques et drôles, qui font du sport. » Un peu à la Botero, sans qu’il ne connaisse le peintre, précise-t-il, Georges laissera éclater sa bonne humeur dans des toiles fraîches et amusantes. « L’inspiration vient toujours de quelque chose de vécu. » Un lieu, un sentiment, un souvenir, l’enfance. Outre une exposition collective en 2005, chez son « maître » Guiragossian, et une autre au restaurant De Prague en mars de cette année, le peintre en herbe exécute des commandes personnelles. « C’est un bonheur, pour moi, de savoir qu’un de mes tableaux fait plaisir à quelqu’un. » Enfin, lorsqu’il lui reste un peu de temps, Georges Homsi manie la prose. Des mots qui « viennent tout seuls, en anglais », comme une autre forme d’expression spontanée et naturelle et qu’il offre aux amis sur son blog, créé en juillet dernier. Sans doute dans un autre contexte, « un environnement moins traditionnel », le banquier aurait aimé être un artiste à plein temps. Mais il se contente, avec grand plaisir, de ces moments volés pour se découvrir de nouveaux talents. Carla HENOUD