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Actualités - OPINION

La parole aux médecins Le tabagisme, grand ennemi de l’enfant

« Le but de cet article n’est nullement de culpabiliser les parents et plus particulièrement les mamans tabagiques. Mais d’éviter au maximum de nuire à l’un des plus importants droits de l’enfant : le droit à la vie, c’est-à-dire lui assurer une bonne santé. » Personne n’ignore que le tabac est une substance nuisible, voire mortelle, par son pouvoir cancérigène. La nicotine est en fait toxique pour le système cardiorespiratoire, l’oxyde de carbone (CO) est un hypoxiant (c’est-à-dire qui réduit la quantité d’oxygène dans le sang) tissulaire pulmonaire, l’arsenic et l’ammoniac sont des substances irritantes qui altèreraient l’immunité et le mécanisme d’épuration cellulaire, aboutissant ainsi à des infections respiratoires répétées. Le tabagisme sous toutes ses formes est un des plus grands ennemis de l’enfant, agressant sa santé et son bien-être. En effet, le courant primaire de fumée de tabac provient de la fumée inhalée par le fumeur lui-même. Le courant secondaire provient de celle dégagée des cigarettes allumées posées sur les cendriers. Le courant tertiaire provient de la fumée provenant de l’expiration des sujets fumeurs. Le tabagisme passif résulte de l’exposition involontaire d’une personne non fumeuse à un environnement pollué par la fumée des deux courants secondaire et tertiaire plus toxique et cancérigène que la fumée du courant primaire. De plus, le tabagisme baisse les chances de fertilité par altération du stock ovocytaire entraînant automatiquement une diminution de l’ovulation. Et tout au long de la vie intra-utérine le tabagisme va exposer le bébé à des perturbations, retardant ainsi sa croissance intra-utérine (hypotrophie fœtale), altérant ses fonctions cardiorespiratoires et broncho-alvéolaires, et entraînant chez le fœtus une hypoxie (baisse d’oxygène) chronique avec risque de survenue d’épisodes de bronchiolites parfois assez sévères dans les premiers mois de vie. Le tabagisme passif majore la fréquence d’avortements spontanés par augmentation des résistances vasculaires et celle des mortalités fœtales par hémorragies placentaires. Il augmente le risque de grossesses extra-utérines, car la nicotine retarde l’implantation et diminue les mouvements ciliaires des trompes. La nicotine majore aussi les risques de mortalité et de réanimation néonatale ayant un score d’Apgar bas (paramètres cardiorespiratoires et neurologiques perturbés). Elle favorise les menaces d’accouchements prématurés et les risques de rupture précoce de la poche des eaux faisant courir aux nouveau-nés des infections materno-fœtales et des détresses respiratoires fréquentes, surtout chez les prématurés. Elle favorise les malformations cardiaques, osseuses, oculaires, urogénitales et même la mort subite du nourrisson. Et tout n’est pas terminé, car les mères tabagiques qui allaitent réussissent mal leur allaitement à cause du passage de la nicotine dans le lait maternel insuffisamment sécrété. Les petits enfants intoxiqués par le tabac risquent la survenue d’infections respiratoires (bronchites, pneumonies) et oto-rhino-laryngologiques (otites, adénoïdites) qui sont plus durables et plus fréquentes avec tous les problèmes matériels, psychologiques et infectieux (germes hospitaliers ou nosocomiaux) que posent parfois ces hospitalisations. Les grands enfants peuvent avoir des troubles de la croissance et du comportement et être prédisposés à l’obésité et à l’ostéoporose (os fragiles, pauvres en calcium). La fumée de tabac, qu’elle provienne de cigarettes « light », « ultrapressions » ou « fines », de cigares ou de narguilés, est toujours cancérigène. Il ne suffit pas d’avoir une bonne volonté pour qu’une personne cesse de fumer. De nombreux moyens et procédés, appuyés par des campagnes de promotion pour tel ou tel autre produit pharmaceutique, sont mis en œuvre pour enrayer ce mal. Bien plus, des lois sont promulguées par certains gouvernements, entre autres en France, pour imposer des « espaces non fumeurs » qui s’étendront à tous les lieux publics. Pour finir, ajoutons que la bonne volonté ne peut être réellement bonne que si elle est définitive et permanente, capable de confronter à tout moment une bouffée qui, mémorisant ce plaisir mortel, risquerait de tout chambarder. Le Dr Joseph RACHKIDI, pédiatre
« Le but de cet article n’est nullement de culpabiliser les parents et plus particulièrement les mamans tabagiques. Mais d’éviter au maximum de nuire à l’un des plus importants droits de l’enfant : le droit à la vie, c’est-à-dire lui assurer une bonne santé. »
Personne n’ignore que le tabac est une substance nuisible, voire mortelle, par son pouvoir cancérigène. La...