Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Alexandre Rodtchenko, photographe et révolutionnaire

Le photographe Alexandre Rodtchenko (1891-1956), figure de l’avant-garde soviétique, pensait que l’art peut changer la vie. Le Musée d’art moderne de la ville de Paris consacre une exposition à un artiste qui a révolutionné le regard, avant d’être étouffé par le système stalinien. Quelque 300 œuvres dont 270 photographies tirages d’époque, quelques objets et des peintures, souvent issus des archives familiales, sont exposés dans « Rodtchenko photographe, la révolution dans l’œil » (20 juin au 16 septembre). L’exposition, déjà montrée cet hiver à Moscou, est la première consacrée depuis 1977 en France au « plus grand photographe russe », dit à l’AFP la commissaire Olga Sviblova, directrice de la Maison de la photographie de Moscou. C’est un photographe « qui a révolutionné le regard », renchérit Emmanuelle de l’Ecotais, cocommissaire de l’exposition chargée de la photographie au musée. « Son idée était de renverser la composition, privilégier les raccourcis, les diagonales et les prises en plongée ou en contre-plongée », dit-elle. Rodtchenko, né à Saint-Pétersbourg, avant d’étudier les beaux-arts à Kazan, a d’abord été peintre. Il rejoint l’artiste Vladimir Tatline et le constructivisme russe qu’il va appliquer en photographie, « après avoir très vite conclu que la peinture est morte », explique Mme de l’Ecotais. Il travaille avec le poète Maïakovski, dont il réalise de nombreux portraits, exécute des photomontages. Un séjour à Paris de trois mois – le seul qu’il fera de toute sa vie à l’étranger – lui fait notamment découvrir Man Ray et le conforte dans son « idée que son chemin est le bon », dit Mme Sviblova. Ses œuvres en noir et blanc, très épurées, renversent les perspectives. Un ouvrier sur son échelle, dans Sortie de secours, n’est plus que le centre de gravité d’un jeu de diagonales, tout comme le visage d’un pionnier, pris en contre-plongée, jouant de la trompette. Rodtchenko, même s’il n’a jamais été membre du Parti communiste, croit en la révolution. Il « pense que l’art peut changer la vie, mais pas de manière métaphorique », dit Mme Sviblova. Pour cela, il réalise des décors de théâtre, des illustrations de livres, des dessins de textiles. Mais en 1933, le réalisme-socialiste devient doctrine d’État pour tout artiste. Rodtchenko réagit à sa façon. Il « fait du flou », honni par le pouvoir, dans ses prises de vue du Bolchoï, photographie des ouvriers qui ne sourient plus. Rodtchenko n’est jamais allé en camp mais, exclu de l’Union des artistes, n’obtient plus de commandes. Malade les dernières années de sa vie, il meurt en 1956. Fabienne FAUR (AFP)
Le photographe Alexandre Rodtchenko (1891-1956), figure de l’avant-garde soviétique, pensait que l’art peut changer la vie. Le Musée d’art moderne de la ville de Paris consacre une exposition à un artiste qui a révolutionné le regard, avant d’être étouffé par le système stalinien.
Quelque 300 œuvres dont 270 photographies tirages d’époque, quelques objets et des...