Haram

Injustifiable. On a beau essayer d’analyser, disséquer, tourner et retourner le problème dans tous les sens, la guerre fratricide entre le Fateh et le Hamas reste injustifiable, barbare. À Gaza d’abord : kalachnikov à la main, le visage caché sous une cagoule, les hommes du mouvement islamiste ont pillé les maisons des dirigeants du Fateh, emportant voitures, meubles, éviers, robinets, fenêtres, portes en bois, sans oublier les ampoules et les plantes en pots. Ils ont saccagé et pillé les bureaux de Mahmoud Abbas dans le complexe présidentiel, emportant ordinateurs, documents et armes. Les images de ces hommes posant dans le bureau, la salle de bains et la chambre à coucher du président palestinien nous rappellent étrangement celles des GI’s américains investissant les palais de Saddam Hussein le jour de la chute de Bagdad en 2003. Ivres de leur succès, les militants du Hamas ont exécuté de sang-froid Samih al-Madhoune, chef militaire du Fateh. Devant les caméras du monde entier, son corps ensanglanté a été traîné – tel un trophée – dans l’une des rues de Gaza, avant que des hommes du Hamas ne vident le chargeur de leurs mitraillettes sur lui... Ils ont « nettoyé » Gaza des « collaborateurs », prétendent-ils. Ce « nettoyage » sanguinaire a fait plus de 115 morts et une centaine de blessés. Au nom de quoi ? « Les Palestiniens sont en train de réaliser le rêve d’Israël. » Saoud al-Fayçal, le ministre saoudien des Affaires étrangères, l’a bien dit. Au nom de qui ? Le pillage est « haram ». Le meurtre est « haram ». Ces islamistes devraient le savoir mieux que quiconque. « Il n’y a pas de crise », prétendent-ils. Mais pour beaucoup de Palestiniens, dont Saëb Erakat, la chute de Gaza entre les mains des islamistes est la « pire chose arrivée depuis la guerre de 1967 » lorsqu’Israël avait conquis les territoires. Mais il y a pire encore. Car la présence de groupes salafistes, proches d’el-Qaëda, se développe dans la bande de Gaza. Ces derniers ont détruit la statue du Soldat inconnu, le symbole de la lutte arabe contre Israël. La maison de Yasser Arafat, le père de la résistance palestinienne, a également été pillée. La situation en Cisjordanie n’est pas plus rassurante non plus. Des militants fidèles à Abbas ont saccagé une dizaine de bureaux liés au Hamas. Une école islamique, un centre culturel, des organisations caritatives ainsi qu’une télévision et une radio ont également été vandalisés. Dix fois plus qu’une « Naqba » ou qu’une « Naqsa », ce qui se passe aujourd’hui dans les territoires palestiniens est peut-être le début de la fin du rêve palestinien à un État indépendant. Haram… Rania MASSOUD