Diplomatie Salman Rushdie anobli par Élisabeth II : la colère monte au Pakistan et en Iran

La colère montait hier au Pakistan après l’anoblissement de l’écrivain Salman Rushdie par Élisabeth II d’Angleterre et des islamistes ont brûlé des effigies de la reine. Le Sénat du Pakistan a « exigé le retrait du titre de chevalier » conféré samedi par la reine d’Angleterre à l’auteur des Versets sataniques, selon une résolution adoptée à l’unanimité. L’Assemblée nationale avait fait de même lundi, jugeant que cette distinction constituait une offense à l’islam. Auparavant, l’assemblée de la Province de la Frontière du Nord-Ouest, dirigée par des partis islamistes, a appelé Islamabad à rompre ses relations diplomatiques avec Londres. Âgé de 59 ans, Salman Rushdie a passé des années dans la clandestinité, menacé par une fatwa lancée en 1989 par le fondateur de la République islamique d’Iran, l’ayatollah Rouhollah Khomeiny, le « condamnant à mort » à cause des Versets sataniques, jugés blasphématoires pour l’islam. Le Pakistan va protester auprès de la Grande-Bretagne, a dit lundi le ministère des Affaires étrangères, qui a convoqué l’ambassadeur britannique Robert Brinkley. Avant le Pakistan, l’Iran a parlé dès dimanche d’acte d’« islamophobie », même si Téhéran a promis en 1998 de ne pas appliquer sa fatwa contre Salman Rushdie. Hier, des conservateurs iraniens ont violemment critiqué Élisabeth II. L’ambassade de Grande-Bretagne a défendu la reine. « L’honneur fait à sir Salman est amplement mérité et s’explique de lui-même », a déclaré M. Brinkley. Mais à Londres, Downing Street et le ministère des Affaires étrangères se sont refusés à tout commentaire. Toutefois, Londres a exprimé sa « profonde inquiétude » à Islamabad, après que le ministre pakistanais des Affaires religieuses eut jugé qu’anoblir M. Rushdie pouvait justifier des attentats-suicide.