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Pologne - Les « tégestophiles », des collectionneurs d’un genre particulier Des malades de la bière qui préfèrent les étiquettes et les capsules

«La “tégestophilie”, c’est une maladie dont on ne peut pas se sortir », lance pour plaisanter Ulo Kais, un Estonien baraqué au chapeau de cow-boy vissé sur la tête. La « tégestophilie », parfois appelée aussi plus simplement « biérophilie », n’est pourtant pas une forme spéciale d’alcoolisme. Ce qui rend fou ces adeptes, plus que la bière elle-même, c’est tout ce qui y est lié : étiquettes, bouteilles, verres, sous-bocks ou encore capsules et décapsuleurs. Plus de 2 000 collectionneurs se sont réunis le week-end dernier à Zywiec, dans le sud de la Pologne, pour la 12e Foire internationale de « tégestophilie », le plus gros événement du genre en Europe de l’Est. Zywiec, une petite ville de 32 000 habitants près des frontières tchèque et slovaque, est connue à travers le monde pour produire la bière qui porte son nom, dans la brasserie fondée par la famille des Habsbourg en 1856, alors que cette partie de la Pologne faisait partie de l’Empire austro-hongrois. Des capsules allemandes en céramique datant de l’avant-guerre, à l’étiquette en polonais d’une bière produite à Stanislawow, aujourd’hui Ivano-Frankivsk en Ukraine, en passant par les petits camions à l’effigie de brasseries, il y a toujours un « tégestophile » intéressé à mettre la main sur une antiquité ou une nouveauté rare. Ulo Kais participe pour la troisième fois à la foire de Zywiec. Il a fait tout le chemin depuis l’Estonie avec quatre copains pour vendre aux amateurs quelques Saku, une bière estonienne, mais surtout pour enrichir sa collection qui compte déjà quelque 1 000 bouteilles. « J’ai l’intention de construire une pièce spéciale pour ma bière en annexe de ma maison, confie M. Kais, propriétaire d’une firme de distribution de gaz naturel. Ma femme n’est pas vraiment contre. » Vladislav Chamov, lui, s’est rendu en Indonésie cette année, « spécialement » pour visiter des brasseries. « L’année d’avant, c’était le Sri Lanka, et encore avant, les Philippines », raconte le dynamique trentenaire, président du Club des collectionneurs d’accessoires de bière de Moscou, qui compte 125 membres. Quatre fois par an, il produit lui-même un petit magazine, Kolpivatr, où il recense les nouvelles étiquettes, les brasseries qui ouvrent leurs portes en Russie et ailleurs, ou encore l’histoire de petites marques peu connues à travers le monde, telle la Everards Penguin Ale des îles Malouines. « Le jour je travaille, le soir je m’occupe de ma femme et de mes enfants, et la nuit j’écris le magazine », raconte Vladislav Chamov, ingénieur radio de profession. « Tout commence par l’amour de la bière », dit Vladislav Chamov, qui a goûté au houblon pour la première fois à l’âge de cinq ans. Il assure toutefois que l’alcool n’est pas son intérêt premier. « De toute façon, je n’aime que les bières pils. Lorsque j’achète d’autres types de bière, c’est ma femme qui les boit et moi je ne conserve que l’étiquette », dit M. Chamov. Igor Kortchaguine, qui appartient aussi au club de Moscou, est venu à Zywiec pour ajouter quelques pièces à sa collection de sous-bocks tchèques. À l’occasion de voyages d’affaires en République tchèque, il a découvert, dit-il, « la meilleure bière du monde ». Cet économiste est maintenant en train d’écrire un livre sur la bière de ce pays, qui est le plus gros consommateur mondial avec quelque 160 litres par an et par habitant. Si les collections présentées à Zywiec peuvent paraître impressionnantes au néophyte, il ne s’agit que de la pointe de l’iceberg, affirme Andrzej Skowronski, un Polonais qui s’adonne depuis 30 ans sa passion. « Les meilleures pièces, on les garde à l’abri, à la maison. »
«La “tégestophilie”, c’est une maladie dont on ne peut pas se sortir », lance pour plaisanter Ulo Kais, un Estonien baraqué au chapeau de cow-boy vissé sur la tête.
La « tégestophilie », parfois appelée aussi plus simplement « biérophilie », n’est pourtant pas une forme spéciale d’alcoolisme. Ce qui rend fou ces adeptes, plus que la bière elle-même, c’est tout ce qui...