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Actualités - CHRONOLOGIE

Les décorateurs de théâtre se déchaînent à Prague

Le pavillon polonais, en laque rose fuchsia, jouxte l’absurde poste de sécurité érigé par les Hongrois, à proximité du « Sushi bar » des Japonais et du mur de faux béton des Israéliens : à la Quadriennale de Prague, les décorateurs de théâtre se déchaînent pour montrer leur talent à leurs pairs du monde entier. Pendant dix jours, la 11e édition de l’Exposition internationale de scénographie et d’architecture théâtrale met en scène les innovations du monde secret des coulisses d’une cinquantaine de pays, sous les voûtes Art déco du Palais industriel de Prague. « Tout le monde pense que le théâtre est mort, mais il est bien vivant », se réjouit Andras Fogach, un scénographe hongrois qui supervise strictement l’entrée des visiteurs sur son stand, avec passage au détecteur, photographie d’identité, demande officielle de visa de séjour et cotisation forcée pour l’équipe nationale de football. Au pavillon russe, il faut enfiler des surchaussures de caoutchouc pour s’approcher des piles d’assiettes et de vieilles chaises qui reposent dans une eau stagnante et soutiennent d’élégantes maquettes de décor. Aux stands nationaux spécialement créés pour la grande exposition de Prague, s’ajoutent des conférences, des débats, des ateliers, des défilés de costumes, des expositions de matériel technique, des présentations de livres et des performances, mais aussi une multitude de happenings dans les rues de la capitale tchèque. « Nous vivons tous sur notre petite île, la Quadriennale est le seul endroit, le seul moment où l’on peut se rencontrer pour échanger nos expériences de création », explique Jan Chris Duijvendek, un ingénieur lumière venu des Pays-Bas. « Les compagnies japonaises voyagent peu, dans notre pays, on voit rarement des tournées étrangères, ici on peut découvrir les dernières tendances », renchérit Hiroko Hoshima, une jeune scénographe qui peaufine l’éclairage d’une maquette posée sur une assiette factice du « Sushi bar » japonais. Signe de la profusion voulue par les organisateurs tchèques pour cette édition qui marque le quarantième anniversaire de l’exposition créée à Prague en 1967, une tour de Babel métallique a été érigée dans l’entrée. Près d’un théâtre de carton, où le public afflue pour des représentations organisées toutes les deux heures, des étudiants dessinent, découpent et collent des costumes d’oiseaux pour un prochain défilé. Non loin, une décoratrice allemande explique à un auditoire attentif les difficultés du passage de l’idée à la conception. Jan Chris Duijvendek, lui, se prépare à accueillir une vingtaine de stagiaires pour son atelier de technique d’éclairage, organisé dans un théâtre à échelle réduite. Parallèlement aux formations et aux conférences, les étudiants peuvent comparer leurs travaux dans les halls consacrés aux écoles et aux jeunes créateurs. « Ici, ce n’est pas un Salon, il ne s’agit pas de vendre quoi que ce soit, mais de parler de création de sens, de nouer des contacts, de préparer de futurs échanges », souligne Marcel Freydefont, professeur de scénographie à l’école d’architecture de Nantes. Son grand regret : la France est absente de la Quadriennale, faute de budget suffisant, alors que « des petits pays comme le Pérou, la Croatie ou la Slovénie ont réussi à être présents ». À la clôture de l’exposition à laquelle participent quelque 4 000 professionnels, un jury couronnera le stand le plus créatif de l’édition 2007. En pied de nez, les Brésiliens ont accroché à l’entrée de leur pavillon une pancarte prévenant que « l’unanimité est stupide ». Sophie PONS (AFP)

Le pavillon polonais, en laque rose fuchsia, jouxte l’absurde poste de sécurité érigé par les Hongrois, à proximité du « Sushi bar » des Japonais et du mur de faux béton des Israéliens : à la Quadriennale de Prague, les décorateurs de théâtre se déchaînent pour montrer leur talent à leurs pairs du monde entier.
Pendant dix jours, la 11e édition de l’Exposition...