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Actualités - CHRONOLOGIE

PERFORMANCE - Ce soir et jusqu’au 22 juin, au Goethe- Institut, une exposition interactive illustrant « la nécessité de partir et la difficulté de quitter » L’« Exodus » de Greta Naufal

C’est par des toiles surdimensionnées, une installation sous un éclairage diffus, au son d’une musique jazz et de textes, que Greta Naufal offre à voir ce soir, au Goethe-Institut, une performance interactive traduisant le mal-être des Libanais et leur dilemme devant les départs forcés auxquels ils sont confrontés. Cette exposition sera accompagnée, à l’ouverture et à la clôture, par de nombreuses activités. Après la guerre de juillet, Greta Naufal, invitée en Irlande, avait exposé ses œuvres relatant l’immense exode qui avait frappé le pays en plein cœur. Aujourd’hui, l’artiste ajoute à son exposition une installation qui confirme l’état de désarroi dans lequel est plongé le pays. Au bout de plus d’une trentaine d’années de conflits successifs et répétés, d’images ressassées, d’un « déjà-vu » mille fois ingurgité jusqu’à régurgitation, l’ultime et même question se pose toujours aux Libanais. Doit-on partir et comment quitter son pays ? C’est à partir de cette question que Greta Naufal a pu construire sa démarche artistique, une correspondance entre les sens et les émotions. Des malles blanches posées au sol, près d’une porte, et prêtes au grand départ. « Les valises, anciennes et nouvelles, au nombre de treize, appartiennent à des amis. Elles ont été repeintes, sauf leurs poignets qui sont la continuation naturelle de la main. Censées contenir de bons souvenirs, d’où le contraste avec la situation décrite, elles sont blanches parce qu’elles expriment le dilemme, lequel ne peut avoir que la couleur blanchâtre et opaque du brouillard », confie l’artiste. Impressions en noir et blanc Le blanc représente également cette recherche de la paix à laquelle aspire un pays pris dans l’étau de la psychose. « Mais celle-ci est-elle vraiment une psychose, poursuit Naufal, ou une réalité bien réelle qui fait plier l’échine d’un peuple connu pour son courage, sa bravoure et sa détermination ?» Sur ces valises blanches, l’artiste a apposé, par un système de pochoir (sur « silk-screen »), des tampons qui évoquent le passage aux douanes. Maculées par une phrase en noir, « la nécessité de partir et la difficulté de quitter », elles mettent en évidence une lettre « T » en forme de croix qui relie les deux verbes, décrivant ainsi le long calvaire que vivent les Libanais depuis des années. Plus haut, dans la salle d’exposition, des œuvres grand format sont affichées, illustrant également l’exode (ce terme plus fort que l’exil, puisqu’il évoque un départ en masse). Prolongement naturel de l’installation, elles ne sont que la représentation de l’actualité en images, l’artiste ayant souvent travaillé auparavant sur ces thèmes-là. Par l’inkjet, un procédé très nouveau employé par les architectes, Greta Naufal est parvenue à agrandir ses croquis, dessins et toiles de petit format, voire à les surdimensionner, « pour que les œuvres soient à la hauteur de l’ampleur de la tragédie qu’est l’exode », ajoute l’artiste. Ambulancier portant dans ses bras un enfant, longue file d’attente devant le comptoir d’un aéroport, visages blêmes et fatigués, dos courbés et échines ployées sous le lourd fardeau des malles ou, pis encore, du départ. C’est à partir des photos recueillies des coupures de presse que Naufal a réalisé, agrandi, peint et retravaillé ses œuvres. Des images en blanc et noir, plus noires que blanches, qui s’inscrivent indéfiniment dans la mémoire des Libanais. Les impressions sur toiles ne sont-elles pas une manière de fixer la mémoire et d’en exorciser ses fantômes ? Colette KHALAF

C’est par des toiles surdimensionnées, une installation sous un éclairage diffus, au son d’une musique jazz et de textes, que Greta Naufal offre à voir ce soir, au Goethe-Institut, une performance interactive traduisant le mal-être des Libanais et leur dilemme devant les départs forcés auxquels ils sont confrontés. Cette exposition sera accompagnée, à l’ouverture et à...