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La Grande Muette, entre le choix des armes ou les accords secrets Badih MOUKARZEL

Aujourd’hui comme hier, l’armée se retrouve de nouveau aux portes infranchissables des camps des réfugiés. Des camps devenus au fil du temps le refuge de tous les repris de justice internationale, mais surtout le repère tous azimuts des damnés de la terre promise et des escadrons de la mort. Aujourd’hui comme hier, les cassandres libanais et les bienveillants voisins prédisent un sort funeste à cette armée qui s’apprête à franchir les lignes réputées « rouges » pour effacer du front le désespoir national. Au Liban, l’histoire de la Grande Muette, bien que souvent marquée de faits glorieux et de fierté nationale, retient à sa charge la signature, le 3 novembre 1969, des accords du Caire entre le général Émile Boustany, alors commandant en chef, et Yasser Arafat. Ces accords consacraient le droit de la résistance palestinienne à exister dans les camps au Liban. L’histoire retient aussi que ces accords, tenus secrets, n’ont pu résister aux affrontements particulièrement meurtriers entre l’armée libanaise et l’OLP au mois de mai 1973 à Beyrouth, ce qui a conduit à un nouveau document annexé aux accords du Caire, négocié cette fois entre le chef du gouvernement de l’époque et le même Arafat. Accord connu sous le nom de protocole de Melkart, en référence à l’hôtel situé à Beyrouth où fut signé ce document qui ne fait que tristement reconduire les tristement célèbres accords du Caire. L’histoire enregistre enfin le vote retentissant par le Parlement libanais, dans une même et unique loi, en deux textes solennels, promulguée le 5 juin 1987, du retrait de l’autorisation de ratification de l’accord du 17 mai 1983 entre le gouvernement libanais et le gouvernement israélien, ainsi que l’annulation pour inexistence des accords du Caire et leurs annexes signés entre le commandant de l’armée et le chef de l’OLP. Aujourd’hui comme hier, l’armée est confrontée au même dilemme de la dualité de la présence armée étrangère et irrégulière sur le territoire libanais. Le dilemme qui était latent devient urgent à traiter après le massacre à froid d’officiers et de soldats par les hommes de Fateh el-Islam. Aujourd’hui comme hier, l’armée a le choix entre un apaisement précaire, par le retour à un nouvel accord secret, toujours prêt à être signé, entre le commandant en chef de l’armée et le successeur d’Arafat ou celui légitime et tout indiqué du recours aux armes. Aujourd’hui comme hier, l’armée ira au combat, grâce à l’unité de ses rangs, ou se repliera sur ses casernes. Aujourd’hui comme hier, l’armée montera au front ou se tapira dans les tranchées déjà creusées. Aujourd’hui comme hier, l’armée franchira la ligne rouge ou se repliera derrière le maquis d’une obscure résistance. Aujourd’hui comme hier, l’armée vengera ses héros ou consolera leurs veuves éplorées. Aujourd’hui comme hier, l’armée sauvera la République libanaise ou assistera, en grande muette, à l’émergence d’une autre République qui se fait entendre et peu attendre. Aujourd’hui comme hier, l’armée rameutera la troupe ou la livrera à ses anciens et nouveaux prédateurs. Aujourd’hui, contrairement à hier, l’armée doit franchir le froid Rubicon. Alea jacta est ! Badih MOUKARZEL Avocat – Chargé d’enseignement de droit public à l’USJ Article paru le Mercredi 6 Juin 2007
Aujourd’hui comme hier, l’armée se retrouve de nouveau aux portes infranchissables des camps des réfugiés. Des camps devenus au fil du temps le refuge de tous les repris de justice internationale, mais surtout le repère tous azimuts des damnés de la terre promise et des escadrons de la mort.
Aujourd’hui comme hier, les cassandres libanais et les bienveillants voisins...