Rechercher
Rechercher

Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - Elle a signé « Les pintades à Téhéran » à la librairie al-Bourj Delphine Minoui : les Iraniennes, rebelles jusqu’au bout de leurs griffes (vernies)

« La femme iranienne est à la pointe de la contestation ». C’est la conclusion à laquelle est arrivée Delphine Minoui, sept ans après avoir posé sa valise dans la capitale iranienne, « une ville pleine de contradictions où, malgré les interdits, les femmes sont de vraies pintades ». Les Iraniennes assimilées à des oiseaux de basse-cour ? « Cet attribut colle bien aux femmes et aux Iraniennes en particulier », annonce le plus sérieusement du monde la lauréate 2006 du prix Albert Londres. « La pintade est connue pour être un oiseau espiègle, audacieux, ajoute-t-elle. En Afrique, c’est le symbole de la femme émancipée. Cela reflète bien le côté combatif, voire subversif, des femmes de Téhéran. » Pour rendre un hommage à ces femmes, elle leur dédie un ouvrage intitulé « Les pintades à Téhéran, chroniques de la vie des Iraniennes » (éditions Jacob-Duvernet). À Téhéran, il « y a une vie trépidante sous les voiles et derrière les portes », affirme la journaliste française qui possède également la double nationalité iranienne par son père. Délphine Minoui affirme haut et fort que les Iraniennes ne sont pas celles qu’on imagine en Occident, femmes aux fourneaux, soumises avec un tchador sur la tête. Il est vrai qu’au regard de la loi islamique, elles ne valent que la moitié d’un homme (c’est le cas pour son témoignage devant un tribunal ou en matière d’héritage). Elles sont également obligées de porter le foulard. « Malgré tous ces obstacles, ce sont des femmes qui se battent au quotidien pour la parité hommes-femmes, il y a beaucoup de femmes à la tête des ONG ou qui dirigent des magazines. Oui, à Téhéran, les femmes ont le droit de vote, elles ont même le droit d’être élues. Non, elles ne sont pas cloîtrées à la maison, 60 % des étudiants sont même des étudiantes. Oui, elles ont le droit de conduire une voiture et de se promener dans la rue sans chaperon. Téhéran, ce n’est ni Ryad ni Kaboul. » C’est sûr, la vie des pintades téhéranaises est pleine de contraintes et d’interdits. Elles sont interdites de chant, de sexe avant le mariage et doivent mettre un foulard sur la tête quand elles sortent... Leur quotidien est un pied de nez permanent à la censure, une lutte de tous les instants contre une République islamique qui ne leur fait pas de cadeaux. Les pintades à Téhéran, c’est une plongée sous les voiles et derrière les portes, dans l’intimité de femmes ultraféminines, bourrées de contradictions, qui sont aussi déterminées que les mèches qui dépassent allègrement de leurs voiles sont péroxydées. Pouran au volant de son « taxi-coffee shop-deli », Mahsa, la diva clandestine à la voix de miel, Nazila, la businesswoman de charme, Negar, pin-up carrossée qui drague le beau mâle au volant de sa voiture. Et la plus connue de toutes, Shirin Ebadi, avocate, activiste des droits de l’homme, cordon bleu et, accessoirement, prix Nobel de la paix. La pintade c’est la femme d’aujourd’hui. Industrieuse, bavarde, fardée, indocile. « Une fois encore, rien de péjoratif dans ce sobriquet, bien au contraire », souligne pour la énième fois la journaliste. Être une pintade, c’est être une femme d’aujourd’hui, légère et sérieuse, féminine et féministe. Que ce soit à Londres, à New York ou à Téhéran. Maya GHANDOUR HERT
« La femme iranienne est à la pointe de la contestation ». C’est la conclusion à laquelle est arrivée Delphine Minoui, sept ans après avoir posé sa valise dans la capitale iranienne, « une ville pleine de contradictions où, malgré les interdits, les femmes sont de vraies pintades ». Les Iraniennes assimilées à des oiseaux de basse-cour ? « Cet attribut colle bien aux femmes et aux...