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VIOLON D’INGRES Passionné de théâtre, Lucien Bou-Rjeili se partage entre pub et scène On l’appelait Tchekhov...

Il a deux vies. Sinon plus. Une première, normale, ordinaire, de publicitaire. Une autre, plus fantaisiste, changeante et ludique, de comédien et metteur en scène. Lucien Bou-Rjeily, 27 ans, les mène de front, passant de l’une... à l’autre, au gré de ses lectures, ses découvertes et ses coups de cœur. Et cela dure depuis bientôt dix ans. À l’université, on le surnommait Tchekhov. Pas vraiment pour sa physionomie « à la russe » : un visage émacié aux pommettes hautes et à la barbe noire bien taillée. Mais à cause de sa passion pour le théâtre d’Anton Tchekhov. « C’est un auteur formidable. Il est à la fois très simple et très profond. Même son comique n’est pas superficiel et il y a toujours quelque chose qui bouleverse chez lui », avance Lucien Bou-Rjeili toujours aussi enthousiaste. Avec sa troupe, l’IPG (l’International Performance Group), formée de férus de théâtre comme lui, il a traduit en libanais et porté sur les scènes beyrouthines, au cours des six dernières années, 7 des 8 pièces comiques du dramaturge russe. Comme beaucoup d’autres, c’est sur les bancs de classe, grâce à Molière et ses Fourberies de Scapin, que l’intérêt pour le théâtre du jeune Lucien se manifeste. Sauf que pour lui, c’est de l’ordre de la révélation. « Je me suis mis à dévorer toutes sortes de textes dramatiques. » Ces lectures le « transportaient, dit-il, bien plus que celle des romans. Elles m’amusaient, me faisaient rire aux éclats ou, au contraire, me bouleversaient et m’arrachaient des larmes », se souvient-il encore aujourd’hui. De là à monter sur les planches, il n’y avait qu’un pas et un obstacle à franchir : trouver une école d’art dramatique qui lui corresponde. « Je cherchais un atelier de théâtre, mais aussi un mentor et ce n’est qu’au bout de deux ans de recherches ardues que j’ai fini par dénicher l’école de théâtre de Freikeh dirigée par Mounir Abou Debs. » Sous la férule de ce grand professionnel, Lucien Bou Rjeili s’initie durant quatre ans à toutes les facettes de l’art scénique. « Il m’a inculqué la discipline, la persévérance et la simplicité. » Un enseignement complet dont il retient cette directive : « Si tu cherches à montrer la lune ne la cache pas avec ta main. » Aller à l’essentiel, dépouiller, ôter tous les excès de décors, de costumes, de jeu, voilà donc la grande leçon de théâtre que Lucien Bou-Rjeili essaye depuis d’appliquer dans toutes ses mises en scène. D’autant que ce comédien qui adore le réalisme au théâtre – « le plus important pour moi est de prendre une scène de la vie pour la reproduire sur les planches » – n’apprécie pas du tout les productions trop théâtrales. Comme une page blanche Quels liens y aurait-il entre la publicité et le théâtre ? « Les deux sont du domaine de la communication. Les deux s’adressent à des publics. Car le théâtre est avant tout un message », affirme tranquillement ce jeune homme qui a trouvé son équilibre en passant ses journées avec les consommateurs et le reste du temps, tout son temps libre, en compagnie des auteurs, acteurs et spectateurs. Une passion du jeu et de la scène qu’il définit comme jubilatoire, surtout quand, « avant d’entrer dans un rôle, on se déleste de tous nos masques, on devient comme une page blanche, sur laquelle tout peut être écrit ». Après s’être enthousiasmé pour les comédies de Molière et avoir adapté en arabe dialectal la quasi-totalité du répertoire comique d’Anton Tchekhov, c’est dans la peau – plutôt dans la tête – de Georges Feydeau qu’il s’est glissé dernièrement. Le jeune homme qui présente, à la fin du mois*, sous le titre (libanais) de Ness Gheir Chekel, Hortense dit : je m’en fous et Par la fenêtre, deux pièces du célèbre auteur français de vaudevilles, « adore, dit-il, faire rire ». Jusque-là et à en juger par les prolongations de chacune de ses pièces, il semblerait qu’il ait atteint son objectif. Zéna ZALZAL * Au théâtre Monnot du 24 au 27 mai. Puis au Béryte du 8 au 24 juin, les vendredis et samedis.
Il a deux vies. Sinon plus. Une première, normale, ordinaire, de publicitaire. Une autre, plus fantaisiste, changeante et ludique, de comédien et metteur en scène. Lucien Bou-Rjeily, 27 ans, les mène de front, passant de l’une... à l’autre, au gré de ses lectures, ses découvertes et ses coups de cœur. Et cela dure depuis bientôt dix ans.
À l’université, on le...