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EXPOSITION - Youssef Aoun au CCF jusqu’au 31 mai L’appel de la terre

La terre est son repère affectif et artistique. Là où tout commence et tout finit. L’univers dans lequel ce fils d’agriculteurs a grandi et celui, à travers matières et couleurs, qu’il retranscrit sur ses toiles. Jusqu’à les transformer en paysages totalement abstraits. Ces toiles, qui habitent les murs du CCF par leur intensité et leur présence, affichent les extrêmes, les quêtes spirituelles, l’inconscient et les préférences de l’artiste, en même temps qu’une grande maîtrise de l’espace et des différentes textures. Pour Youssef Aoun, tout semble noir ou blanc. Avec, entre ces deux émotions extrêmes, ces deux expressions artistiques qui se suffisent à elles-mêmes, des touches d’ocre et d’orange. Couleurs de terre, couleurs de la vraie vie, celle qui jaillit de l’intérieur. Visiter son exposition ressemble à une balade dans des plages de nuances et d’impressions où l’imaginaire occupe une place essentielle. Le visiteur passe ainsi, et presque sans transition, des toiles blanches, immaculées, et surtout légères et transparentes, au noir charbon, concentré de pessimisme qui s’impose sans compromis. Rythme presque régulier qui mène le regard dans une danse sensuelle et fluide. Entre les deux, la colère de Aoun explose et son « Vent du nord » se met à souffler à la fois le chaud et le froid. Le noir et le rouge d’une guerre qu’il était difficile d’oublier. « J’utilise rarement les couleurs froides, c’est instinctif... » Abstrait et figuratif « À la base, poursuit-il, je suis un très bon dessinateur, un peintre figuratif. Posséder la technique, même si aujourd’hui je deviens très abstrait, me permet de sentir le trait, de savoir exactement où le poser. » Youssef souligne même qu’à travers une forme totalement abstraite se glisse un profil, se cache un corps. « Les personnages, dit-il, transparaissent dans mes tableaux. L’individu m’inspire, le corps sublimé, l’érotisme au-delà de ce corps. Mon travail est très organique. » Noir perdu, Construction blanche, Carcasses de l’esprit, Noir infini, Flou concert, Braise ardente sont autant de titres et de créations dans lesquelles l’artiste manie poésie et magie, abstraction des formes et réalité des matières, dans une structure parfaitement maîtrisée et équilibrée. Chaque ligne posée sur la toile, chaque forme, point ou tache a sa raison d’être et son importance. Plasticien, lithographe et professeur à l’Académie libanaise des beaux-arts, il insiste sur la « mission du peintre qui a un message esthétique à délivrer avec, toutefois, un mystère essentiel à garder. Je fais beaucoup de recherches, j’ai besoin de trouver des prétextes pour démarrer un tableau, souligne-t-il. Je travaille lentement, couche après couche, je construis véritablement ma toile. » Les matières nouvelles le stimulent dans sa quête de formes plus complètes, libérées et plus sereines. Le plâtre, mais aussi le carbonate de calcium, le fil de chanvre, la poudre de marbre, le sable et la gaze se partagent l’espace infini de ses toiles, créant in fine une composition puissante et équilibrée. Trois ans après sa dernière exposition au Liban et quelques mois après son exposition « Visage sans expression » en Italie, Youssef Aoun confirme un talent qui mêle sensibilité et technicité. « Pour peindre, conclut-il, se définissant comme un ours sauvage lorsqu’il est dans son atelier, j’ai besoin de me libérer de tout lien extérieur. L’artiste doit pouvoir être détaché du monde avant de s’unir à la réalité de l’art. Faire une exposition, c’est finalement réintégrer ce monde, y faire face. » Carla HENOUD
La terre est son repère affectif et artistique. Là où tout commence et tout finit. L’univers dans lequel ce fils d’agriculteurs a grandi et celui, à travers matières et couleurs, qu’il retranscrit sur ses toiles. Jusqu’à les transformer en paysages totalement abstraits. Ces toiles, qui habitent les murs du CCF par leur intensité et leur présence, affichent les...