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Actualités - OPINION

La situation - Les positions restent, pour le moment, inconciliables L’élection présidentielle n’a pas fini de cristalliser les divisions du pays Fady NOUN

Malgré le petit vent d’optimisme que la visite inopinée du patriarche Sfeir, vendredi dernier, à Baabda, a fait souffler sur la scène locale, le blocage reste total. L’une des hantises du chef de l’Église maronite, c’est de voir consacrée la division du pays, par l’apparition d’un deuxième gouvernement que le président Lahoud nommerait, avant de quitter Baabda, en novembre prochain. Pourtant, c’est exactement cette menace que le chef de l’État a laissé planer, dans un entretien accordé la semaine dernière à la chaîne française France 24, et diffusé hier au Liban. Sollicité par L’Orient-Le Jour, le porte-parole du président, Rafic Chélala, a affirmé hier que l’entretien avait été accordé avant la rencontre avec le patriarche. Prié de dire si la phrase laissée en suspens par le chef de l’État sous-entendait la formation d’un second gouvernement, M. Chélala a affirmé que ces mots n’ont pas été prononcés par le chef de l’État. Il a pourtant nié que le président Lahoud ait « laissé les choses dans le vague ». « Disons qu’il s’est réservé le droit de ne pas faire connaître sa décision, ou qu’il n’a pas pris de décision encore à ce sujet », a-t-il ajouté. En dépit de ces subtilités, on ne voit pas ce que peuvent cacher les paroles du chef de l’État, sinon qu’en cas de persistance du blocage, il aurait recours à la nomination d’un nouveau cabinet auquel, selon la Constitution, iraient ses prérogatives, si à l’échéance de son mandat un nouveau président n’aura pas encore été élu. En tout état de cause, devant ses visiteurs, le patriarche Sfeir n’a pas mâché ses mots : le Liban est en danger… Le Liban vit des heures tragiques. Des déclarations faites au cours des deux derniers jours, il apparaît en effet que l’impasse persiste et que les positions sont sensiblement les mêmes, que rien n’a donc changé dans le fond. Le chef des Forces libanaises, M. Samir Geagea, a affirmé hier devant ses partisans qu’il ne voyait pas comment un candidat de compromis pourrait être élu président, quand les clivages politiques sont si profonds. M. Geagea l’a dit sur le ton de la constatation plus que sur le ton de la polémique, privilégiant le programme et les options politiques du futur président plutôt que sa personne. Cette prise de position rejoint celle de M. Boutros Harb, qui a clairement affirmé qu’en cas de persistance du blocage, il ne serait pas candidat à l’élection présidentielle. « Un président élu dans ces conditions passerait son temps à défendre ses prérogatives », a-t-il expliqué. En attendant l’initiative politique du 14 Mars, on en est réduit à spéculer sur ces minces données, d’autant que ni le général Aoun ni le Hezbollah ne semblaient avoir assoupli leurs positions. Le Hezbollah estime toujours que le quorum nécessaire à une élection présidentielle est des deux tiers des députés, ce qui oblige la majorité à composer. De son côté, l’ancien commandant en chef de l’armée a jugé que la formation d’un second gouvernement pourrait s’imposer, mais il a ajouté qu’il refusera de présider un tel cabinet. Un signe d’espoir est venu hier de M. Nabih Berry qui, dans un entretien accordé à une revue étrangère, a annoncé qu’une nouvelle initiative saoudo-iranienne doit être lancée. Toutefois, quand on voit combien de fois et de combien de manières le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, avait fait le tour de la question, on ne peut que rester sceptiques face à cette possibilité. Et ce ne sont pas les propos menaçants rapportés par le quotidien an-Nahar, dans son édition d’hier, qui démentiront ce scepticisme. Citant des sources diplomatiques, le quotidien arabe affirme en effet que l’entretien téléphonique entre le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon avec le président syrien, Bachar el-Assad, a été « orageux » mercredi dernier. C’est toute la région, « de la Caspienne à la Méditerranée qui prendra feu », selon le président Assad, si les données régionales ne changent pas. Tard en soirée, un porte-parole de l’ONU a toutefois démenti cette information « contraire à l’esprit de l’entretien qui a été très instructif », a-t-il affirmé.
Malgré le petit vent d’optimisme que la visite inopinée du patriarche Sfeir, vendredi dernier, à Baabda, a fait souffler sur la scène locale, le blocage reste total. L’une des hantises du chef de l’Église maronite, c’est de voir consacrée la division du pays, par l’apparition d’un deuxième gouvernement que le président Lahoud nommerait, avant de quitter Baabda, en novembre...