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Actualités - CHRONOLOGIE

LIVRES - « Françoise Dolto, la vie d’une femme libre » (Éditions Plon) Quand Lumbroso rencontre Dolto...

Qui dit Dolto, dit psychologie de l’enfance. Auteur de « Lorsque l’enfant paraît »*, la bible des nouveaux parents, Françoise Dolto, à qui l’on doit les bases de la pédagogie moderne, celle dont on cite à tout vent les préceptes d’éducation : « tout se joue avant cinq ans », « le bébé a une vie intra-utérine » ou encore « il n’y a pas de mauvaise mère », reste aujourd’hui statufiée dans une image de bonne dame qui savait murmurer à l’oreille des enfants... De sa vie, la plupart des gens ne connaissent pas grand-chose. Tout au plus sait-on qu’elle était la maman du sympathique Carlos, chanteur « yéyé » à la chemise hawaïenne des années soixante-dix à quatre-vingt. Fervente adepte de la méthode Dolto, Daniela Lumbroso, diplômée en sociologie et visage bien connu du petit écran dans l’Hexagone, a eu la curiosité de rechercher la femme derrière la figure publique de la praticienne. N’ayant point trouvé de biographie de la pédopsychanalyste, juste sa correspondance publiée en deux volumes, l’animatrice télé décide d’écrire elle-même « le récit de vie de cette femme extraordinaire », explique-t-elle sur son site. En s’attelant à la biographie de Françoise Dolto, Lumbroso se doutait-elle que son ouvrage soulèverait à sa parution une telle polémique ? À peine sorti en librairie en mars dernier, Françoise Dolto, la vie d’une femme libre (Éditions Plon), l’auteur subi les foudres de la fille de Dolto, Catherine Dolto-Tolitch, laquelle prétend que l’ouvrage est truffé d’erreurs. Préparant elle-même, avec Alain Mannier, Caroline Eliacheff (psychanalyste et fille de Françoise Giroud) et Kathleen Kelly-Lainé, une biographie officielle de sa mère, à paraître en 2008, elle s’insurge par voie de presse contre cette biographie non autorisée. D’attaques – certaines franchement calomnieuses – contre Lumbroso, en prises de position en sa faveur, l’affaire se corse, agite le microcosme intello-médiatique parisien et finit par être portée par l’auteur devant les tribunaux. Pourtant, anticipant les critiques du milieu, Lumbroso avait pris soin de signaler dans l’avant-propos, qu’elle s’est « bien gardée de développer une quelconque théorie sur l’œuvre de la psychanalyste » (...) en se concentrant uniquement « sur les faits et les événements de cette vie hors du commun ». Effectivement, en parcourant les 267 pages qu’elle consacre à Françoise Dolto, on ne relève que peu de traces d’interprétation de tel ou tel événement de sa vie, narrée plutôt en compte rendu. L’animatrice-auteur ne traite pas non plus en profondeur des travaux de la psychanalyste, étant bien consciente qu’elle n’a aucune légitimité pour le faire. Ce qui saute aux yeux, par contre, c’est son « travail de synthèse » effectué par recoupement entre différentes sources de documentations : propos enregistrés ou écrits de Dolto, sa bibliographie, sa correspondance... Récit de vie à l’intention du grand public N’ayant pu avoir accès aux informations des proches de Dolto, notamment ses enfants qui – pour les raisons que l’on sait – ne se sont pas montrés coopératifs, Lumbroso s’est donc rabattue sur la lecture des ouvrages de Dolto, sur l’autobiographie de son fils, Je m’appelle Carlos, ainsi que sur un livre d’entretiens avec Alain Manier, intitulé Autoportait d’une psychanalyste. Trois sources dont elle cite généreusement des extraits tout au long de cette biographie non autorisée. Et pour compenser quelques zones floues, Daniela Lumbroso les imagine avec une certaine mièvrerie parfois. Comme, par exemple, les sentiments éprouvés par les époux Dolto lors de leur première rencontre ! Une description « romantique et banlieusarde » d’une grande intellectuelle contre laquelle s’est insurgé violemment le clan Dolto. Une biographie « non académique » donc, qui met surtout l’accent sur ce qui, dans l’enfance de Françoise, née Marette en 1908, va la conduire à devenir Dolto. Une conjonction de situations (sa relation conflictuelle avec sa mère, sa difficulté à communiquer, enfant, avec les adultes) et d’événements (la mort de sa sœur qui a marqué son enfance) alliée à une curiosité, une compassion et une liberté d’esprit innées qui vont forger sa détermination à devenir plus tard « médecin d’éducation », spécialité qui semble chimérique à l’époque. En fait, comme l’auteur l’explique elle-même : « Il ne s’agit pas d’un ouvrage pointu et exhaustif. Mais juste d’un récit de vie écrit à l’intention du grand public. » Les choses sont claires : écrite dans un style plus qu’accessible, cette biographie s’adresse au lecteur lambda et cherche à satisfaire son envie d’en savoir plus sur le destin d’une femme « dont la pensée a radicalement changé notre façon d’élever nos enfants ». Dans ce registre, il est parfaitement lisible, nonobstant les lacunes et petites erreurs détectées par les seuls spécialistes. Les lecteurs plus exigeants attendront, quant à eux, la biographie officielle de Dolto, signalée plus haut, à paraître dans quelques mois, à l’occasion de la commémoration de la centième année de sa naissance. Zéna ZALZAL * Pour ne citer que l’un des ouvrages les plus connus de sa bibliographie. Laquelle compte aussi, entre autres, La cause des adolescents, Parler juste aux enfants ou encore (coécrit avec sa fille Catherine) Paroles pour adolescents ou Le complexe du homard.

Qui dit Dolto, dit psychologie de l’enfance. Auteur de « Lorsque l’enfant paraît »*, la bible des nouveaux parents, Françoise Dolto, à qui l’on doit les bases de la pédagogie moderne, celle dont on cite à tout vent les préceptes d’éducation : « tout se joue avant cinq ans », « le bébé a une vie intra-utérine » ou encore « il n’y a pas de mauvaise mère »,...