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Actualités - OPINION

Pendant ce temps, l’urbanisme...

Encore et toujours le tribunal international : le 21 avril 2007, le journal L’Orient-Le Jour lui consacre trois pages entières et il n’y a pas un numéro de ce quotidien, comme d’ailleurs toute la presse libanaise, qui ne fasse de ce tribunal le centre de ses préoccupations et de ses espoirs. À écouter ce qui se dit, l’avenir même du Liban dépend des délibérations et des décisions du tribunal devenu le « sésame ouvre-toi » de la grotte du miracle libanais. En attendant, le pays est dépecé par ses habitants comme par autant de sauterelles dévastatrices. Plus de 700 carrières sillonnent et défigurent les montagnes. Les quelques forêts qui demeurent encore sont systématiquement dévastées. Beyrouth, ville historique, a été écrasée et a disparu par l’effet d’une nouvelle et monstrueuse ville qui s’est implantée sur l’ancienne (phénomène probablement unique au monde). Ailleurs, l’extension des villes se fait dans le prolongement de l’ancienne et non dans sa superposition. Des malades meurent dans la rue, chassés des hôpitaux faute d’avoir les fonds pour y être admis. Les habitants des maisons possédant des portes et des fenêtres en bordure des terrains avoisinant se voient souvent réduits à devenir troglodytes du fait des constructions nouvelles appliquées directement sur les ouvertures de leurs bâtiments. La loi concède aux nouveaux immeubles un coefficient de construction tel que les villes libanaises seront d’ici peu réduites à n’être plus qu’un seul bloc de béton, sans la possibilité du moindre espace vert. Le sacrifice de nos sites archéologiques est un fait journalier ; le département des antiquités est aux mains d’une équipe peut-être de bonne volonté mais, semble-t-il, incapable de protéger le trésor qui lui est confié alors qu’autrefois, ce domaine était férocement protégé par l’émir Maurice Chéhab, dont la compétence archéologique était reconnue internationalement. Mais qu’importe, puisque le tribunal international sera notre talisman et nous guérira de tous nos maux. M. Nicolas Michel, délégué des Nations unies, ne nous a-t-il pas déclaré que la création du tribunal international sera une victoire pour tous les Libanais et notamment les jeunes qui aspirent à un meilleur avenir ? Avec des assurances de ce genre, les Libanais pourront rêver d’un second miracle, le premier qui permit d’imaginer ce pays comme étant le centre financier et intellectuel du Moyen-Orient s’étant hélas écroulé comme un château de cartes. Maintenant, ce sera différent, la baguette magique du tribunal nous restituera nos forêts dévastées, nos « jals » et terrasses aujourd’hui livrés à l’érosion ; elle comblera les 700 carrières qui ont éventré nos montagnes et les reboisera. Nous retrouverons soudain nos villes à la grâce aérienne ainsi que leurs jardins et aussi nos villages autrefois les plus beaux au monde que chantaient les poètes. Nous retrouverons la courtoisie et la dignité de nos ancêtres ainsi que la mesure et l’équilibre base de toute civilisation. Tout cela, c’est la baguette du tribunal international qui nous les restituera et ce n’est pas tout : en dévoilant l’identité des assassins de Rafic Hariri, ainsi que des auteurs des meurtres politiques échelonnés au cours des années au Liban, la baguette magique percera peut-être aussi le voile qui masque depuis si longtemps le ou les assassins du président Kennedy. Ô miracle ! Vive la démocratie libanaise qui nous promet des lendemains chantants ! Yvonne SURSOCK-COCHRANE

Encore et toujours le tribunal international : le 21 avril 2007, le journal L’Orient-Le Jour lui consacre trois pages entières et il n’y a pas un numéro de ce quotidien, comme d’ailleurs toute la presse libanaise, qui ne fasse de ce tribunal le centre de ses préoccupations et de ses espoirs. À écouter ce qui se dit, l’avenir même du Liban dépend des délibérations et...