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Actualités - REPORTAGE

SUCCESS STORY - « Sortir les campus de leur tour d’ivoire et les placer sur l’échiquier communautaire et mondial » est son credo Un Libanais, Joseph Aoun, président de l’Université Northeastern

WASHINGTON- Irène MOSALLI Un linguiste de renommée internationale, pariant sur l’excellence, énergique, chaleureux, direct, à l’écoute de tous et optimiste. Ce sont là les qualités attribuées par ses pairs au nouveau président de l’Université Northeastern (située à Boston). Il s’agit de Joseph Aoun. Oui, un nom bien libanais et une personnalité qui a commencé à se développer au Liban qu’il n’a quitté qu’en 1975, après avoir obtenu une licence en langues orientales et en littérature à l’Université Saint-Joseph. De là, cap à l’Université de Paris III où il obtient, en 1977, un diplôme d’études approfondies de linguistique générale et théorique puis à MIT pour un PhD en philosophie et linguistique. De là, il prend un formidable essor aux États-Unis, où il est nommé doyen des facultés des lettres, des arts et des sciences de l’Université de la Californie du Sud (USC). Ici, l’une des performances de Joseph Aoun est d’avoir resserré les liens entre cette université et son proche environnement. aAutant de facteurs qui ont fait de Joseph Aoun la personne préconisée pour prendre en charge la destinée de l’Université Northeastern qui aspire à rejoindre le club des Ivy League (les huit prestigieuses universités américaines). Quelle orientation compte-t-il donner à la Northeastern, fondée en 1898, qui accueille aujourd’hui 24 000 étudiants et qui est notamment réputée pour ses travaux de recherche sur les besoins sociaux ? Une immersion culturelle aux quatre coins du monde Joseph Aoun explique que dans ce contexte, il compte appliquer trois stratégies : « l’Experiential Learning », qui combine les études et la pratique et qui assure notamment aux étudiants des stages aux États-Unis et dans d’autres pays, payés par les employeurs ; « une interaction urbaine et mondiale », pour rester en contact ave le monde avoisinant et, celui plus éloigné (« un étudiant doit être à l’aise à Boston comme à Shanghai et à Johannesburg ») ; la « Translational Research », « qui, explique- t-il, intègre aux recherches de base leurs applications, dans le but de générer de nouvelles inventions destinées à créer de nouvelles industries et de nouvelles technologies, ce que ne font pas en général les autres universités ». « Une telle formation des étudiants, qui se concentrent sur des découvertes ayant des valeurs et des implications pratiques, joue un rôle important dans l’essor économique de la région et du pays », souligne le nouveau président de Northeastern. Joseph Aoun cible aussi la revalorisation des sciences humaines, qui, dit-il, « à travers leur langage universel ont le pouvoir de transcender les barrières et d’établir des ponts ». « Ceci est illustré par le programme du dialogue des civilisations qui permet aux étudiants de se rendre dans différents pays pour y étudier, travailler et partager la vie d’autres jeunes, souligne-t-il. Il s’agit d’une immersion culturelle totale aux quatre coins du monde, qui élargit les horizons. » Tout cela vise donc à sortir le concept universitaire de son cocon académique et à l’ouvrir au monde actuel. Lien avec le maire, l’orchestre symphonique et le musée Joseph Aoun a commencé par opérer une ouverture sur les communautés urbaines de Boston jouxtant le campus de l’Université Northeastern dont il désire faire « un agent de développement économique pour ces communautés ». Il a, entre autres, prévu d’offrir des emplois au sein de son université aux personnes vivant dans les environs. Il a ainsi établi un contact continu avec le maire et le gouverneur de la ville, ainsi qu’avec les deux sénateurs du Massachusetts (Edward Kennedy et John Kerry). De même qu’il compte collaborer avec le très célèbre orchestre symphonique de Boston et le Musée des beaux-arts. Au programme également des projets communs avec les hôpitaux universitaires de Harvard. Son aspiration ultime : « Célébrer la diversité sous toutes ses formes et être un modèle de ce que la société pourrait être. » Les racines libanaises Joseph Aoun, né à Beyrouth, est âgé aujourd’hui de 53 ans. Il est marié à une Libanaise, Zeina al-Imad. Le couple a deux enfants : Joseph Karim et Adrian Marwan. Son père, Élie (qui travaillait dans la Bourse et les investissements) et sa mère, Joséphine, ont eu trois enfants : Joseph, Nabil et Nayla qui vivent à Beyrouth. Il a été élève de Jamhour. Son rêve d’adolescent : « Refaire le monde, avoir une mission sociale. » Son meilleur souvenir : « La ville de Beyrouth que j’adorais parce qu’elle était très cosmopolite, ouverte et dynamique. » Le secret de sa réussite : « Question difficile ! Sans doute, savoir écouter les gens et prendre des risques. » Ses rêves : « Retrouver la société multiculturelle que j’ai connue dans mon enfance à Beyrouth. Dans l’immédiat, je viens de débuter mon travail dans une université qui monte en flèche. Je voudrais continuer sur cette lancée, l’accélérer et créer des centres innovateurs du point de vue scientifique et social. » Hobbies : « Les voyages, la musique classique, l’opéra, les grandes randonnées et le vin. » Dans sa cave, une variété de son cru préféré : le bourgogne. Rabelais l’a dit : « Jamais homme noble ne hait le bon vin. »

WASHINGTON- Irène MOSALLI

Un linguiste de renommée internationale, pariant sur l’excellence, énergique, chaleureux, direct, à l’écoute de tous et optimiste. Ce sont là les qualités attribuées par ses pairs au nouveau président de l’Université Northeastern (située à Boston). Il s’agit de Joseph Aoun. Oui, un nom bien libanais et une personnalité qui a commencé...