VIENT DE PARAÎTRE - « 1915 - J’avais six ans en Arménie » Le récit d’une vie de Virginie-Jija Mesropian

Des photos, des dessins, des mots, des confidences, des témoignages, voilà une vie faite de grands malheurs et de petits bonheurs au quotidien, insérée dans les lignes de la grande histoire. Un livre qui sort des chemins battus, usant en toute subtilité des moyens d’expression modernes (film, DVD, littérature) pour évoquer le parcours d’une rescapée du génocide arménien. 1915 - J’avais six ans en Armémie, de Virginie-Jija Mesropian (édité par Pierre Anhoury et Claire Mouradian, avec des dessins de Dupuy et Berberian), est un ouvrage original et émouvant, car il retrace les différentes étapes d’une vie décapitée par de tristes et poignants événements historiques où les dérives ont laissé des séquelles sur tout un peuple jeté sur les routes de l’exil. Virginie a six ans en 1915 en Arménie. Elle vit avec ses parents et ses trois frères à Erzeroum. C’est la fin de l’hiver. Un matin d’avril, les massacres commencent. La petite fille se retrouve seule avec, dans les yeux, toute l’horreur du monde et les cadavres qui s’amoncellent. Orpheline, elle vivra le drame des rescapés dans un périple qui la conduira de Saint Jean-d’Acre à Ulm, en passant par Beyrouth, Aïntoura, Ghazir, Choueifat, Alexandrie, Stuttgart, Baden-Baden… Elle sera la nounou de trois générations et s’éteindra au Québec en 2003. C’est une vieille femme, obsédée par le passé, douloureux et sanglant, qui tente de retrouver la petite fille qu’elle était. Un récit simple, plus qu’émouvant, où les mots et les témoignages ont leur poids d’or pour exprimer le désarroi de vivre et la volonté de vaincre l’adversité. Quand les mots s’estompent, les images prennent le relais, avec une éloquence placide et tranchante. Un livre où la littérature, sans artifice littéraire sophistiqué, emprunte, en toute franchise et clarté, tous les chemins de la modernité pour interpeller et atteindre le lecteur.