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Actualités - OPINION

Le Point La malédiction libanaise

C’était il y a deux semaines. L’hebdomadaire français L’Express publiait un entretien dans lequel Ehud Olmert se confiait. Petit florilège : « Je suis libre de faire tout ce qui est bon pour Israël. Et rien ne peut m’en empêcher (…). Je suis un politicien très aguerri et je resterai où je suis. » Plus loin : « Je suis indestructible. » Ou encore : « Si vous revenez l’an prochain, je serai toujours là. » Ah ! si les hommes publics apprenaient à se méfier un peu plus des journalistes et, d’une manière générale, de tout ce qui est destiné à être imprimé noir sur blanc. Afficher une telle sérénité – une telle suffisance, serait-on tenté de dire – quand le ministre des Finances est convaincu de corruption et qu’un autre membre de votre cabinet est poussé au départ pour harcèlement sexuel, quand le chef de l’État vient de démissionner pour une affaire de viol et que le directeur de la police est destitué, quand votre propre directrice de cabinet est accusée de fraude fiscale, cela relève d’une inconscience qui peut se révéler bien coupable. La preuve. Depuis la montée de la grogne dans le pays, plus singulièrement au sein de son propre parti, et surtout depuis la publication du rapport Winograd, le chef du gouvernement israélien se trouve sur un siège éjectable, dans une inconfortable position défensive en raison de l’avalanche de critiques pour sa déplorable gestion de la guerre contre le Liban, l’été dernier. Les journaux parlent tantôt de « nœud coulant », tantôt de « pistolet pointé sur la tempe », quand l’intéressé lui-même reconnaît, sur la deuxième chaîne : « Je ne suis pas convaincu de pouvoir m’en sortir. » Puis, comme se reprenant : « Mais si je m’en vais, il n’y aura plus de coalition possible. » Et que les éventuels successeurs se le tiennent pour dit… Le sondage du Maariv publié hier paraît à cet égard particulièrement accablant : les opinions favorables à un départ immédiat représentent 72,6 % de la population. Une proportion qui s’équilibre quelque peu dès lors qu’il est question d’élections anticipées : 49 % de oui contre 44,6 % de non. Une telle prudence s’explique par le risque que représente une consultation populaire avant terme, avec le probable retour de Netanyahu au pouvoir et l’aventurisme que cela représenterait. C’est que l’étoile du Kadima n’a cessé de pâlir depuis janvier 2006, date à laquelle son fondateur, Ariel Sharon, a été victime d’une embolie cérébrale qui l’a plongé dans un coma irréversible. Or, selon les statuts de la formation, il faut un consensus pour évincer le Premier ministre, une tâche à laquelle s’est attelée ces derniers jours Tzipi Livni, la ministre des Affaires étrangères, qui rêve de devenir calife à la place du calife, ainsi que, dans les coulisses, un Shimon Pérès, éternel hésitant et non moins éternel perdant, exposé au danger d’un strabisme divergent à force de lorgner et la présidence de la République et la présidence du Conseil. Ce duo de tête a été rejoint dernièrement par le chef du groupe parlementaire du parti, Avigdor Itzchaky, démissionnaire depuis hier soir, et même – rien d’étonnant dans un navire en perdition – par la propre porte-parole d’Olmert, Miri Eisin. Sans compter les nombreux députés de la majorité qui guettent depuis longtemps l’orientation du vent pour voir de quel (bon) côté retomber. L’une des rares voix discordantes aura été celle de Tzahi Hanegbi, chef de la toute-puissante commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, qui a mis en garde ses pairs contre les ravages d’une bataille intestine qui accélérerait la chute de la maison Kadima, comme ce fut le cas pour le Likoud. Il vient de recevoir le soutien inattendu du ministre de l’Habitat, Meir Sheetirit, opposé, a-t-il dit, à tout putsch. Toutes ces escarmouches, dont le rythme s’était accéléré au fil des heures, ont fini par lasser l’Israélien moyen car venant s’ajouter à l’interminable liste de scandales des dernières semaines. Au point que la confiance de l’homme de la rue dans ses dirigeants frôle actuellement le degré zéro, une tendance aggravée par la disparition des ténors, l’usure causée par les jeux de sérail et la révélation de la notoire incompétence de la classe au pouvoir. Les médias n’ont pas manqué de noter, à propos de la guerre de juillet-août 2006, que trois anciens ministres de la Défense (Shimon Pérès, Benjamin Ben Eliezer, Shaul Mofaz) figurent dans la présente équipe mais que les trois ténors (Olmert, Livni, Peretz) n’ont aucune expérience militaire. Conclusion, peu rassurante pour le Liban, d’une autorité en la matière, Zeev Schiff : ce gouvernement est incapable de conduire la prochaine guerre. L’éminent expert militaire aurait pu, par la même occasion, rappeler à ses lecteurs qui les auraient oubliées les paroles du prophète Habacuc : « Car les violences contre le Liban retomberont sur toi. » (2:17). À méditer. Christian MERVILLE
C’était il y a deux semaines. L’hebdomadaire français L’Express publiait un entretien dans lequel Ehud Olmert se confiait. Petit florilège : « Je suis libre de faire tout ce qui est bon pour Israël. Et rien ne peut m’en empêcher (…). Je suis un politicien très aguerri et je resterai où je suis. » Plus loin : « Je suis indestructible. » Ou encore : « Si vous revenez l’an...