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ÉTATS-UNIS Moral et immobilier en baisse suscitent des craintes pour la croissance

Deux mauvais chiffres sur le front des consommateurs, confiance en baisse et reventes de logements en chute libre ont réveillé hier les inquiétudes sur la vigueur de la croissance américaine. Les reventes de logements ont accusé en mars leur baisse la plus importante en 18 ans, reculant de 8,4 % par rapport à février à 6,12 millions d’unités (en rythme annuel). C’est un niveau inférieur à ce que prévoyaient les analystes, et le groupement des agents immobilier (NAR) qui publie ce rapport l’a en partie attribué aux caprices de la météo. Par ailleurs, la confiance des consommateurs a fléchi à 104 points en avril contre 108,2 points en mars, selon les chiffres du Conference Board. « La hausse des prix de l’essence a probablement joué, mais le marché immobilier résidentiel inquiète aussi les consommateurs », a estimé Gina Martin du groupe Wachovia. Ces deux rapports ont pesé sur le dollar : l’euro s’est rapproché de son plus haut niveau depuis fin 2004, à 1,3635 dollar, et la livre est repassée au-dessus de 2 dollars. « Toutes les nouvelles sont mauvaises sur le front de l’économie américaine, et aussi bien le secteur de la consommation que celui de l’immobilier ont enregistré des performances très décevantes », a réagi Audrey Childe-Freeman, économiste à la CIBC. Ces chiffres sont publiés à trois jours du rapport très attendu sur la croissance, attendue en baisse à 1,8 % seulement au premier trimestre (après 2,5 % au trimestre précédent). Et les économistes redoutent que les difficultés de l’immobilier n’annoncent un affaiblissement durable de la consommation des ménages, qui assure près des trois quarts de la croissance américaine. « La croissance des dépenses devrait rester en dessous de 3 % d’ici à la fin de l’année », selon Mme Martin. L’immobilier a été la vache à lait des ménages américains, qui ont vu leur logement s’apprécier de plus de 10 % pendant des années. Cela a eu des répercussions immédiates sur leur consommation : d’abord parce qu’ils se sentaient plus riches, et ensuite parce qu’ils pouvaient s’endetter sur la plus-value virtuelle de leur maison. Depuis un an pourtant, la machine s’est enrayée et les prix ne progressent plus. En mars, le prix moyen d’un logement revendu atteignait 217 000 dollars, en baisse de 0,3 % sur un an. Et le niveau « ridiculement élevé » des logements sur le marché (7,3 mois de stocks) devrait continuer à peser sur les prix, selon l’économiste indépendant Joel Naroff. « Il est difficile de dire jusqu’où le marché immobilier va baisser, mais nous n’avons sans doute pas encore touché le fond », avertit l’économiste, pour qui « il faudrait vraiment que les prix baissent plus pour que les acquéreurs reviennent avec dynamisme sur le marché ». L’analyste récuse l’argument de la météo, en soulignant que toutes les régions ont vu les ventes baisser en mars. De plus les difficultés du secteur « subprime », (pour désigner les emprunteurs les plus fragiles financièrement), n’ont pas fini de peser. D’une part, elles menacent de tirer les prix vers le bas du fait que de plus en plus d’emprunteurs peu fortunés se trouvent obligés de vendre leur maison aux enchères. D’autre part, le phénomène a révélé des pratiques plus que désinvoltes de la part de certains créanciers, entraînant un net durcissement des conditions de prêt. « De ce fait, les volumes de ventes devraient baisser de près de 10 % dans les mois à venir, avant une reprise au premier semestre 2008 », estime Patrick Newport de Global Insight. Les analystes y verront plus clair aujourd’hui avec l’indice des ventes de logements neufs qui devrait ressortir en légère hausse.



Deux mauvais chiffres sur le front des consommateurs, confiance en baisse et reventes de logements en chute libre ont réveillé hier les inquiétudes sur la vigueur de la croissance américaine.
Les reventes de logements ont accusé en mars leur baisse la plus importante en 18 ans, reculant de 8,4 % par rapport à février à 6,12 millions d’unités (en rythme...