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PROTECTIONNISME La Russie hésite entre ouverture à l’économie mondiale et repli

Malgré une croissance économique très vigoureuse, la Russie peine encore à attirer des investissements étrangers et émet des signaux contrastés sur sa volonté de s’intégrer dans l’économie mondiale, ont constaté les participants du Forum économique russe à Londres. « La Russie ne semble pas certaine de vouloir s’intégrer au monde. Mais en pratique l’intégration avance », a observé sir Roderic Lyne, ancien ambassadeur britannique en Russie, soulignant le nombre croissant de groupes russes en expansion à l’étranger. Le ministre du Commerce et de l’Industrie britannique Alistair Darling a mis en garde hier l’auditoire du forum, grand rendez-vous des affaires russes qui se tient de dimanche à mardi, contre le nationalisme économique. « Cela ne marchera pas. Le protectionnisme déguisé en patriotisme est toujours du protectionnisme », a déclaré le ministre. Mais les officiels russes, à qui ce discours semblait destiné, ne l’auront pas entendu, puisqu’ils ont boycotté le forum, selon la presse russe à l’appel du Kremlin, en raison de tensions diplomatiques entre Londres et Moscou. Les raisons de ce boycottage n’ont pas été expliquées officiellement, mais semblent principalement liées au refus de Londres d’extrader l’homme d’affaires et opposant russe Boris Berezovski. Le ministre britannique a vivement encouragé la Russie, la plus grande économie encore en dehors de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), à redoubler d’efforts pour y adhérer. « L’adhésion à l’OMC demeure une étape vitale pour la diversification de l’économie russe et attirer des investissements et le commerce », a-t-il souligné. Mais Moscou, qui a conclu un accord avec son principal partenaire commercial, l’Union européenne, en 2004, et avec les États-Unis en novembre 2006, fait montre de moins d’appétit pour boucler les dernières négociations pour son adhésion à l’OMC. L’un des problèmes, « c’est que nous avons désormais en Russie un énorme excédent budgétaire, il y a beaucoup d’argent, et Poutine croit qu’il peut faire fi de l’opinion internationale et de la globalisation », estime le libéral Boris Nemtsov, ancien vice-Premier ministre russe. Les intervenants au forum ont souligné en chœur qu’une adhésion de la Russie à l’OMC augmenterait la confiance des investisseurs envers la Russie, en garantissant des règles du jeu plus claires. Depuis 1994, la Russie a attiré 94,5 milliards de dollars d’investissements directs étrangers (IDE), dont 31 milliards l’an passé. Cela représente 3,1 % seulement de son produit intérieur brut (PIB), un niveau très inférieur à celui des IDE en Chine ou dans la plupart des autres économies en transition. Par habitant, la Russie a reçu 61 dollars d’investissement étranger, contre 6 000 dollars pour la République tchèque depuis le début de la période de transition. Pourtant, « la Russie va avoir besoin de centaines de milliards de dollars pour ses infrastructures et l’exploration de ses ressources énergétiques », assure Roger Munnings, président de la société de conseil KPMG Russie, pour qui « c’est ce besoin qui va pousser la Russie à s’intégrer ». Jusqu’à présent, les compagnies occidentales ont investi de préférence dans les secteurs bénéficiant du boom de la consommation (distribution, hôtellerie et restauration représentent 40 % des IDE), dans l’industrie (40 %) et l’énergie (8,5 %), ce dernier secteur étant de plus en plus la chasse gardée des groupes russes. Les compagnies russes ont, elles, déjà commencé à investir activement à l’étranger, avec 19 milliards de dollars l’an dernier, ce qui place la Russie au troisième rang des pays émergents qui investissent le plus hors de leurs frontières.

Malgré une croissance économique très vigoureuse, la Russie peine encore à attirer des investissements étrangers et émet des signaux contrastés sur sa volonté de s’intégrer dans l’économie mondiale, ont constaté les participants du Forum économique russe à Londres.
« La Russie ne semble pas certaine de vouloir s’intégrer au monde. Mais en pratique...