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Actualités - CHRONOLOGIE

Présidentielle française - Quatre bureaux de vote au Liban : Beyrouth, Zahlé, Saïda et Tripoli Les Franco-Libanais ont voté en masse « pour préserver le rôle de la France au Moyen-Orient » Patricia KHODER

Les Français du Liban se sont mobilisés hier, comme ceux de métropole, pour le premier tour de la présidentielle, et il fallait souvent s’armer de patience, notamment à Beyrouth, pour déposer son bulletin dans l’urne. Au Liban, quatre centres de vote ont été prévus, à Beyrouth, à Zahlé, à Saïda et à Tripoli. Rue de Damas, dans le périmètre de l’ambassade de France, des mesures exceptionnelles de sécurité ont été prises, pour accueillir tout au long de la journée les milliers de Français et de Franco-Libanais qui ont voté. Alors que les Casques bleus français de la Finul déployés au sud du Litani ont rempli leur devoir électoral au Centre culturel français de Saïda. Près de l’ambassade de France, un tronçon de la rue de Damas a été coupé et seules les voitures se dirigeant vers la chancellerie avaient accès à la zone, où un parking gratuit était prévu aux électeurs venus pour la plupart de Beyrouth et du Mont-Liban. À l’intérieur de l’ambassade à Beyrouth, les élections étaient bien organisées, c’est ce qui a probablement poussé les Franco-Libanais qui ont soif de civisme à venir voter en masse. Sur instruction de l’ambassadeur Bernard Émié, une attention particulière a été accordée aux femmes enceintes, aux malades et aux handicapés. Ils ont été pris en charge par le conseiller à l’information près l’ambassade de France, François Abi Saab, qui s’est démené toute la journée pour leur faciliter le passage aux urnes. L’affluence était tellement importante que même après la fermeture des bureaux de vote à 18 heures, des électeurs se trouvaient encore à l’intérieur de l’ambassade. Vers 13 heures, la file d’attente grossissait pour atteindre le niveau du bâtiment de la Sûreté générale, situé à proximité de l’imposante enceinte de l’ambassade de France. Parmi les personnes qui patientaient sous un soleil printanier, presque estival, il y avait certes des expatriés mais surtout des Libano-Français, qui ont l’habitude de prendre part aux élections présidentielles mais qui se souviennent n’avoir jamais aussi longtemps attendu pour déposer leur bulletin dans l’urne. Tous les binationaux disaient être là « pour exercer leur droit » et « parce que les positions prises par la présidence française influent sur la politique du Moyen-Orient ». Certains d’entre eux lançaient en plaisantant : « Nous votons parce que peut-être l’année prochaine nous plierons bagage pour fuir en France »… D’autres évoquaient « cette France terre d’accueil, tendre mère du Liban ». Charbel, venu de Amchit avec ses trois enfants en bas âge, indique : « En France, je peux faire parvenir ma voix. Au Liban c’est impossible. » Suzanne est du même avis : « Au moins, ici notre vote aboutira à un véritable résultat, il n’y aura pas de fraude. » Choisir celui qui soutiendra le Liban Un homme qui veut garder l’anonymat indique : « Je suis venu voter pour Ségolène Royal (candidate socialiste) car je sais que mon vote influera sur la politique française. Je ne veux pas que Nicolas Sarkozy (favori de la droite) emporte les élections car il veut annuler la double nationalité. » Un autre, qui tient lui aussi à l’anonymat, renchérit : « Je veux choisir un candidat utile pour la France et le Liban, quelqu’un qui n’entretient pas de bonnes relations avec Israël, le seul ennemi du Liban. » Michel et Rafqa, qui porte un tailleur vert assorti à une parure d’émeraudes et de diamants en baguette, sont venus de Beit Chabab. Ils vivent entre la Guinée française, la France et le Liban et disent qu’ils sont « tout simplement venus exercer leur droit de vote, le devoir de tout citoyen ». Naji, lui, vote François Bayrou. Il est sûr que « le candidat centriste conduira bien la France qui continue à jouer un rôle important dans la politique libanaise ». De plus, dit-il, la fille de Bayrou est mariée à un Libanais. Jean-Lou indique, de son côté, que l’un des conseillers de François Bayrou est le journaliste Philippe Lapousterle, qui a séjourné à Beyrouth de 1976 à 1982 et qui est, lui aussi, marié à une Libanaise. Nassib, qui est venu voter avec son épouse Patricia, martèle qu’il « fait partie de cette communauté française et que la participation au vote est un devoir ». Pour Miled, qui est rentré il y a juste un mois au Liban, « la France restera, comme durant les Croisades il y a mille ans, le pilier et le garant du christianisme au Moyen-Orient en général et au Liban en particulier. Il faut donc voter en conséquence ». Chahé, venu voter avec son épouse Lara, indique : « J’ai des convictions de droite et je voterai pour la droite française qui soutient la majorité au Liban. » Son épouse met l’accent sur « la France, un pays qui m’a accueillie et adoptée et il relève donc de mon devoir de voter ». Élie, lui, est sous antibiotiques, il a une rage de dents. Mais il veut se présenter aux urnes même si cela lui coûte d’attendre une demi-heure au soleil. Il indique qu’il est « un homme de droite au Liban et en France. Je suis un partisan de la majorité. Je vais voter pour Nicolas Sarkozy, qui soutiendra, comme son prédécesseur, la souveraineté et l’indépendance du Liban ». Joseph parle aussi « de la souveraineté et de l’indépendance du Liban ». Il est venu en famille pour voter. Il indique qu’il choisira en conséquence le président français. « Il faut le reconnaître, le Liban est un pays en développement, qui sera toujours influencé par l’étranger. Il ne faut pas oublier les relations séculaires qui ont toujours existé entre la France et le Liban. Elle a toujours été notre tendre mère », dit-il, sans oublier de rappeler « le soutien de l’actuel président Jacques Chirac au Liban ». Joseph a probablement voté pour Nicolas Sarkozy, que certains Franco-Libanais ont déjà affublé du surnom de « Hajj Nkoula ».
Les Français du Liban se sont mobilisés hier, comme ceux de métropole, pour le premier tour de la présidentielle, et il fallait souvent s’armer de patience, notamment à Beyrouth, pour déposer son bulletin dans l’urne. Au Liban, quatre centres de vote ont été prévus, à Beyrouth, à Zahlé, à Saïda et à Tripoli. Rue de Damas, dans le périmètre de l’ambassade de France, des...