Violent raid de la police dans les locaux d’une télévision à Kaboul

Des policiers ont effectué mardi soir un violent raid dans les locaux à Kaboul de la télévision afghane Tolo après la diffusion d’un reportage ayant « déformé » les propos du procureur général Abdul Jabar Sabet, a-t-on appris hier auprès de la chaîne privée et du procureur. Sur ordre du procureur furieux d’un reportage qui venait d’être diffusé, de nombreux policiers ont fait mardi soir irruption dans les locaux de Tolo, la plus grande chaînée privée du pays, où ils ont interpellé trois employés, dont un rédacteur en chef qui a affirmé avoir été battu. La scène du raid a été filmée par des caméras cachées. Les trois hommes ont été détenus pendant une heure, selon la chaîne. « J’ai dit : “le système judiciaire n’est pas bon”, mais Tolo a rapporté “le procureur général a dit que le système étatique n’était pas bon” », a déclaré M. Sabet lors d’une conférence de presse. La chaîne a condamné ce raid et affirmé dans un communiqué ne pas avoir déformé les propos de M. Sabet. Ce dernier, en poste depuis moins d’un an, est célèbre pour la lutte qu’il a engagée contre la corruption dans ce pays. Des dizaines de journalistes ont manifesté hier devant le Parlement pour protester contre ce raid de la police qui, selon un communiqué de l’Union des journalistes afghans, « montre une nouvelle fois les menaces pesant sur la liberté d’expression » en Afghanistan. La mission afghane de l’ONU s’est, pour sa part, dite « très préoccupée » pour la liberté d’expression en Afghanistan. Ce n’est pas la première fois que le groupe médiatique Moby des frères Saad et Ziad Mohseni, propriétaire de Tolo TV, a des problèmes avec les autorités. Une autre de ses chaînes, Lemar, a été contrainte, sur ordre du procureur, à cesser le 8 avril la retransmission des émissions en anglais de la chaîne qatarie al-Jazira. Le ministère de l’Information a affirmé que cette décision avait été prise « uniquement en raison de problème de licence » de la chaîne. Mais pour le groupe Moby, cette décision est liée au durcissement de la politique médiatique prônée par le Parlement et le gouvernement afghans.