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ENVIRONNEMENT - Adaminaby a été submergé par un lac en 1957 En Australie, un village jadis englouti ressurgit à cause de la sécheresse

La sécheresse historique en Australie a mis à nu un hameau, englouti sous les eaux depuis 50 ans dans le cadre d’un vaste schéma hydroélectrique, faisant remonter à la surface de douloureux souvenirs pour les habitants. Adaminaby était une petite bourgade agricole, nichée dans les Snowy Mountains, à la frontière des États de Nouvelle-Galles-du-Sud et de Victoria. En 1957, elle a été submergée par 30 mètres d’eau dans le cadre de la construction d’un barrage et de la création du lac Eucumbene. Jamais on ne pensait revoir Adaminaby. Mais avec la sécheresse sans précédent qui frappe l’Australie, le lac s’est en grande partie évaporé. « On n’en croyait pas nos yeux quand on a vu réapparaître les anciennes rues », a raconté Leigh Stewart, qui a grandi dans la localité. « Ça a remué tout un tas de trucs. Je n’ai rien oublié de ce qu’était le village », a-t-il ajouté, en retournant les débris couverts de boue de ce qui fut sa maison familiale. Pour Leight Stewart, la résurgence de la ville prouve la sévérité de la sécheresse. « Le barrage est maintenant à 20 % de sa capacité et ça empire. On espère que la situation va rapidement s’améliorer et qu’on aura de la pluie pour remplir le lac. » Avec la sécheresse, le lac s’est vidé de 30 mètres, défigurant la vallée où le vert des collines s’arrête brutalement au niveau de l’ancienne ligne de flottaison, pour laisser place à des flancs boueux. Pentue, la rue principale du vieux village sert aujourd’hui de rampe d’accès au lac, tandis qu’une enfilade de squelettes d’arbres a ressurgi des flots, délimitant le tracé d’une ancienne artère. Plus loin, les restes d’un escalier en ciment mènent aux vestiges de l’église catholique St-Mary, dont ne subsistent que de vieux morceaux de plancher et quelques colonnes mal en point. C’est en haut de ces marches que Greg et Mary Russell ont reçu une pluie de confettis, le jour de leur mariage il y a 60 ans. Aujourd’hui âgé de 80 ans, Greg a le cœur entre deux eaux, en déambulant dans les rues où, gamin, il a joué. « C’est triste, ça me rend nostalgique. On a passé du bon temps ici et c’est étrange de voir tout ça dans cet état », a-t-il confié. Le lac Eucumbene était l’un des principaux chantiers du schéma hydroélectrique des Snowy Mountains, un immense chantier de l’après-guerre destiné à exploiter la puissance du fleuve Snowy. Plus de 100 000 ouvriers, dont de nombreux réfugiés européens, avaient été embauchés. Planté sur le tracé de l’ambitieux projet, le hameau d’Adaminaby et ses 700 âmes ont été sacrifiés. « On nous a dit qu’il fallait partir, a expliqué Anne Kennedy, qui était encore enfant à l’époque. Beaucoup d’entre nous n’en avaient pas l’intention et mon père a même poursuivi des agents dans la rue avec un fusil. Mais on n’a guère eu le choix. » Neuf kilomètres plus loin sur une colline, un nouveau Adaminaby a été créé. Plus de 50 édifices ont été déménagés, y compris une église détruite puis reconstruite pierre par pierre. Mais l’amertume des habitants a subsisté. Pour Anne Kennedy, la réapparition du hameau est peut-être l’occasion pour tous les déplacés de tirer définitivement un trait sur le passé. « Cela va permettre aux gens de dire “au revoir” à la vieille ville, parce qu’ils n’ont finalement jamais eu l’occasion de le faire », a-t-elle estimé.



La sécheresse historique en Australie a mis à nu un hameau, englouti sous les eaux depuis 50 ans dans le cadre d’un vaste schéma hydroélectrique, faisant remonter à la surface de douloureux souvenirs pour les habitants.


Adaminaby était une petite bourgade agricole, nichée dans les Snowy Mountains, à la frontière des États de Nouvelle-Galles-du-Sud et de...