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Chine Un nouvel exproprié rebelle met à l’épreuve les droits de propriété

L’immeuble de six étages de Choi Chu-cheung fait tache parmi les gratte-ciel étincelants du quartier financier de Shenzhen (Sud). Avec la Bourse et une succursale de la Banque centrale à deux pâtés de maison, la maison de M. Choi est assise sur une mine d’or. Le propriétaire l’a bien compris et son édifice de briques rouges, il refuse de le laisser démolir tant qu’il n’obtiendra pas la somme qu’il désire, bloquant à lui seul un des plus importants chantiers de cette ville champignon voisine de Hong Kong. Les promoteurs ont prévu d’y ériger une tour de 88 étages, la plus haute de la ville. Tous les propriétaires ont décampé et leurs maisons ont été détruites, mais M. Choi refuse de partir et son édifice se dresse aujourd’hui au beau milieu du chantier, dans un océan de gravats. « Ils veulent que nous acceptions leur offre et que nous obéissions. Ils sont pleins de morgue », enrage Choi Chu-cheung, devant l’habitation familiale drapée d’une banderole rouge où l’on peut lire : « La loi protège la propriété légale et privée. Comment pouvez-vous nous voler? » Les promoteurs proposent 5,06 millions de yuans (650 000 dollars), soit le tiers de la valeur du terrain. « Je suis propriétaire et j’ai le droit de vivre ici. Ce qu’ils font n’est pas raisonnable. Il n’y aurait pas de justice si je faisais ce qu’ils veulent », lance le propriétaire de 57 ans. Le mois dernier, un cas semblable avait fait le tour du monde, grâce à des photos impressionnantes d’une maisonnette se dressant sur un piton rocheux au beau milieu d’un chantier à Chongqing (Sud-Ouest). Il s’agissait de la propriété d’un couple, devenu l’icône des victimes d’expropriation, qui a refusé de céder pendant plusieurs années, avant de gagner la partie et d’obtenir une coquette somme. De telles « rebellions » ont mis en lumière le sort de centaines, voire de milliers de Chinois ordinaires expulsés de chez eux, souvent contre leur gré, pour faire place au développement fulgurant du pays. Les contours flous de la propriété privée ont ouvert la voie à de tels abus et une loi toute récente a pour ambition de solidifier les droits des particuliers. M. Choi, son épouse et son fils au chômage âgé de 37 ans avaient construit la demeure familiale dans ce qui n’était alors qu’un quartier endormi, avant qu’il soit avalé par le formidable développement qu’a connu Shenzhen. À la naissance de M. Choi, Shenzhen n’était encore qu’un village de pêcheurs. La ville compte aujourd’hui six millions d’habitants. L’administration a ordonné à la famille de quitter les lieux avant jeudi dernier, mais ils sont déterminés et sûrs de gagner. « Ils ont fait voler en éclats certaines de nos fenêtres. Ils ont enfoncé des cure-dents dans nos serrures. Ils ont uriné et fait leurs besoins autour de notre maison. Ils aiment en particulier couper l’eau et l’électricité quand nous sommes en train de cuisiner », raconte M. Choi. Mais, il promet de ne pas partir tant qu’il n’a pas obtenu au moins 14 millions de yuans, ou un terrain d’une valeur équivalente. « Mes ancêtres ont vécu ici pendant plusieurs siècles. J’ai beaucoup d’attaches pour cette maison. Ce que je demande est très raisonnable. »
L’immeuble de six étages de Choi Chu-cheung fait tache parmi les gratte-ciel étincelants du quartier financier de Shenzhen (Sud). Avec la Bourse et une succursale de la Banque centrale à deux pâtés de maison, la maison de M. Choi est assise sur une mine d’or.
Le propriétaire l’a bien compris et son édifice de briques rouges, il refuse de le laisser démolir tant qu’il...