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Actualités - CHRONOLOGIE

CONCERT - Au palais de l’Unesco, avec Charbel Rouhana en leader de « takht » oriental Le «revival» du mouachah par Ghada Shbeir

De magnifiques poèmes mis en musique par de prestigieux compositeurs, joués par un ensemble d’excellents musiciens et chantés par une voix chaude qui ne peut laisser indifférent. Tous les ingrédients d’une belle soirée en perspective étaient réunis au palais de l’Unesco où Ghada Shbeir et sa troupe officiaient sur les planches. Et pourtant, il manquait un petit quelque chose à ce concert qui a réuni un nombre décent de spectateurs (la grande salle de l’Unesco était remplie aux trois quarts). Aux premiers rangs, le ministre de la Culture, Tarek Mitri, Mme Fouad Siniora et l’ambassadeur d’Égypte, Hussein Darrar. Mais dire que l’on n’a pas réussi à mettre nos soucis aux vestiaires serait mentir. Et, malgré les applaudissements tantôt chaudement nourris, tantôt moins véhéments, nombreux sont ceux qui, séduits par la beauté du chant, la saveur des mots et la subtilité de l’atmosphère, se sont précipités à la sortie pour acheter le CD lauréat du BBC World Music Award, un enregistrement qui a consacré Shbeir « meilleure artiste du monde arabe et de l’Afrique du Nord ». Accompagnée par Charbel Rouhana (oud), Ali Khatib (percussions), Samer Siblini (nay), Tony Khalifé (violon), Abboud Saadi (basse), Iman Homsi (qanun) et Élie Khoury (bouzouk), Ghada Shbeir a repris des vers et des airs « immortels » du prince des poètes Ahmad Chaouki (mis en musique par Mohammad Abdel Wahab), de Sayyed Darwiche, de Riad el-Sanbati (chanté par Oum Kalsoum), de Asmahane, des frères Rahbani… La chanteuse est une «savante». Diplômée en musicologie et chant oriental et professeur de chant liturgique et de théorie orientale à l’Université du Saint-Esprit, Ghada Shbeir fait revivre les «mouachahat» et assaisonne, à sa façon, cet ancien héritage musical où la poésie occupe une grande place. Des « mouachahat », nous savons qu’il s’agit souvent de textes très anciens et souvent d’auteurs inconnus. Leur transmission s’est faite oralement, chaque maître très fier de son savoir enseignait à ses élèves les chants qu’il a lui-même appris de ses maîtres. L’absence de notation explique la disparition de nombreuses noubas. C’est seulement au début de ce siècle (congrès du Caire, 1932) que la musique classique arabe a été transcrite afin de sauvegarder ce patrimoine. En fouillant les textes du congrès du Caire, Shbeir a déniché de nombreuses merveilles qu’elle a ornementées à sa manière. La Shbeir, c’est, d’abord, une voix généreuse, au naturel évident, à la recherche de la moindre émotion, aussi à l’aise dans le registre des chants religieux que dans les ambiances arabo-andalouses. C’est également la simplicité : elle aime s’adresser à son public comme à un ami intime. Lui expliquant la beauté d’un texte, lui demandant de faire attention à tel passage, ou encore racontant une anecdote illustrant la naissance d’un morceau. Petit rappel pour conclure: Ghada, Charbel et leur « band » participeront le 27 mai au concert live de la BBC au Barbican Hall de Londres. Le Audience Award, pour lequel les internautes du monde ont voté sur le site de la BBC, sera annoncé ce soir-là. On croise les doigts. Maya GHANDOUR HERT
De magnifiques poèmes mis en musique par de prestigieux compositeurs, joués par un ensemble d’excellents musiciens et chantés par une voix chaude qui ne peut laisser indifférent. Tous les ingrédients d’une belle soirée en perspective étaient réunis au palais de l’Unesco où Ghada Shbeir et sa troupe officiaient sur les planches. Et pourtant, il manquait un petit quelque...