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THÉÂTRE - « L’Évangile selon Pilate », au Tournesol jusqu’au 29 avril Le verbe, de Schmitt, selon Plisson

C’est un retour aux sources de la foi, une exploration imaginaire d’une période qui aura changé la face du monde, celle de la naissance du christianisme, qu’Alain Plisson offre à son public, à travers l’adaptation du magnifique roman d’Éric-Emmanuel Schmitt, « L’Évangile selon Pilate ». Dans cette mise en scène où le thème de la quête spirituelle est envisagé comme une intrigue policière, Plisson s’est concentré uniquement sur la deuxième partie du roman, conçu à la base comme un récit à deux facettes. Un premier volet sous forme de narration par le Christ, le soir de son arrestation, des événements qui l’ont conduit vers son destin. Et un second, dans lequel le préfet romain Ponce Pilate relate de manière épistolaire les péripéties de son enquête pour retrouver le corps du crucifié, disparu au troisième jour de sa mort. C’est là que la pièce commence. Au matin de la Pâque juive, on vient informer Pilate que la dépouille de Jésus a disparu. La rumeur de sa Résurrection se propage dans Jérusalem. Il serait apparu, selon les dires des uns et des autres, à Salomé, à Myriam de Magdala, aux disciples d’Emmaüs... Garant de l’ordre romain, le préfet Pilate veut mettre fin à cette mascarade, à cette mystification en retrouvant le corps de Jésus. Mort ou vif. Car, si le cadavre a disparu, c’est qu’on l’a volé ou alors le crucifié, à sa descente de croix, n’était toujours pas mort ! Il va mener son enquête sur ce qu’il désigne par « l’affaire Yechoua ». Seraient-ce les disciples qui ont subtilisé le corps de leur maître, ou encore Joseph d’Arimathie ? Serait-ce un coup d’Hérode ou une machiavélique machination de Caïphe ? Dans sa quête, le préfet romain va explorer toutes les pistes rationnelles. Sauf que par l’influence qu’exerce « ce magicien, cet extravagant faiseur de miracles, préchant l’amour et le pardon » sur Claudia, sa propre épouse, Pilate va être amené à entreprendre son propre chemin de Damas. Celui qui transporte l’homme du scepticisme le plus absolu au doute, première étape de la foi. Car « croire et douter sont les mêmes choses. Seule l’indifférence est athée », écrit Éric-Emmanuel Schmitt. Un personnage intemporel Pour incarner sur scène cette version selon Schmitt des premiers jours du christianisme, Alain Plisson a réuni seize comédiens et comédiennes amateurs, desquels se démarque Yann Marincamp dans le rôle de Pilate. Contrebalançant un jeu d’acteurs inégal – qui aurait gagné, par moments, à être plus soutenu, plus chargé d’émotion, pour accompagner ce texte à la fois simple et dense –, l’interprétation de Marincamp, juste, sensible et sans ostentation, révèle l’intemporalité de son personnage. Cette figure si contemporaine de l’homme qui doute ! Une contemporanéité – nonobstant les très beaux costumes (signés Plisson et Marushka) respectueux des tenues romaines et juives de l’époque – soulignée par une scénographie et un décor minimalistes, qui se bornent à quelques marches menant à une estrade centrale et des espaces délimités par les éclairages, ainsi qu’à des « atmosphères » servies par des musiques et des bruitages parfaitement adaptés. Et dans cet espace ouvert, la mise en scène, originale, construite sur un enchaînement rapide de dialogues, rappelle le fondu cinématographique. Entrecoupées d’une belle séquence dansée (interprétée par Natasha Achkar, dans le rôle de Salomé) et de la transformation, au fil de l’intrigue, des comédiens en conteurs, pour expliquer le déroulement des événements, ces scènes, qui défilent « images », soutiennent un verbe beau, simple et lumineux. Comme le message sous-jacent qu’il véhicule : « Il faut parfois croire à des choses qu’on ne voit pas, mais à des choses qu’on sent. » À l’espace Tournesol (Sami el-Solh, rond-point Tayyouneh), jusqu’au 29 avril. Horaires des représentations : 20h30. Réservations et renseignements au 01/381290. Zéna ZALZAL
C’est un retour aux sources de la foi, une exploration imaginaire d’une période qui aura changé la face du monde, celle de la naissance du christianisme, qu’Alain Plisson offre à son public, à travers l’adaptation du magnifique roman d’Éric-Emmanuel Schmitt, « L’Évangile selon Pilate ».
Dans cette mise en scène où le thème de la quête spirituelle est envisagé...