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THÉÂTRE - « Who is Claire Zahnassian ? » de l’atelier Betty Taoutel ce soir et demain (matinée et soirée) au Monnot Rires et châtiments

Présentée les jeudi et vendredi et vivement applaudie par le public du Monnot, «Who is Claire Zahnassian?» (parlant arabe et français) se joue encore ce soir à 20h30 ainsi que demain dimanche à la même heure et en matinée au profit des associations caritatives Humanité nouvelle, al-Majal et pour le Fonds de coopération pour l’enseignement. Une adaptation de l’œuvre de Friedrich Dürrenmatt, «La visite de la vieille dame», signée Betty Taoutel, qui vaut bien le détour. Une vieille dame revient dans son village natal après une longue absence. Qu’a-t-il cet événement de si spécial pour être attendu avec fébrilité par les villageois et pour mobiliser la presse? C’est que Claire Zahnassian, misérable jeune fille dans le passé, jouit à présent d’une fortune colossale, la rendant plus «intéressante» au regard de son village qui croule sous la misère. La visite de la vieille dame, écrite dans les années 50, a bénéficié d’un succès international avant d’être adaptée à l’écran ainsi qu’à l’opéra. Actuellement, de Dürrenmatt à Betty Taoutel et de Gullen au village de Kfarjoul, que d’aventures! Si s’attaquer à ce grand classique a été une gageure pour la comédienne-réalisatrice, celle-ci a su bien relever le défi. Au bout de quatre mois de travail en 2006, quatre autres en 2007, des arrêts, des reprises, des circonstances difficiles, des désistements, des nouveaux venus et toujours en filigrane une même passion partagée, le projet se concrétise et l’œuvre théâtrale voit le jour. Fable cruelle se situant à la fois entre comédie et tragédie, Who is Claire Zahnassian?, au style grinçant et ironique, tranche dans le vif et passe au crible la société. À travers un échantillon de l’humanité, un village composé de gens ignorants, la pièce illustre une communauté guidée uniquement par ses intérêts et prête à sacrifier éthique et discours moraux. Sur un ton caustique et dérangeant, l’œuvre évoque la vénalité des hommes et leur cupidité, rendant à cause de l’argent tout acte justifiable. Rigueur et liberté À la manière des films de Lelouch où une seconde action se déroule en parallèle de l’histoire maîtresse, ouvrant ainsi de plus grandes perspectives à la première et offrant d’autres visions, voire d’autres interprétations, et dans une mise en scène subtile et dynamique, la libre adaptation de Taoutel, se déroulant sur fond de casting où chaque comédien veut décrocher le rôle principal, est également émaillée d’improvisations jouissives. Elle vise ainsi à rapprocher les textes originaux du quotidien actuel avec ses préoccupations et ses interrogations, et réussit sans aucune dissonance. Si la morale est pessimiste car elle dénonce une humanité pervertie par toutes les tentations, Betty Taoutel est parvenue cependant, dans la lignée du travail qu’elle mène avec son atelier depuis trois ans, à donner une autre dimension à la pièce. Le message est fort, l’action rapide, le verbe soutenu même dans ses suggestions et allusions. Comédienne et metteur en scène, ayant travaillé entre autres sous la direction de Jalal Khoury, Michel Jabre, Alain Plisson et Roger Assaf, et professeur à l’Iesav, Taoutel possède à son actif plus d’une trentaine de courts-métrages et plus de huit pièces de théâtre. En adaptant la pièce et en la libanisant, la réalisatrice lui a donné un souffle nouveau. Son équipe, composée de quatorze comédiens, achève de donner l’énergie voulue à cette pièce satirique ô combien truffée d’humour. Wadih Aftimos, Josyane Boulos, Joe Fayçal, Elsa Hajjar, Hilda Abla, Valérie Cachard, Stéphanie Haddad, Jihad Khoury, Marwan Neaimeh, Rosine Saad, May Khodr Sémaan, Rouba Khoury, Karen Nohra et Lara Sayegh, autant de comédiens qui vont se servir des effets de la mise en scène (plusieurs rôles interchangeables à leur disposition) pour confirmer leur talent. Juxtaposant sans aucune discordance les tableaux sombres et joyeux, alliant le sourire au sérieux et mêlant satire et réalité, ils parviennent à dépeindre avec justesse les travers de la société. Leurs ombres se multiplient et leurs voix se dédoublent, renvoyant parfois en écho la résonance d’un même message. À ceux qui esquissent une moue devant un théâtre d’amateurs, Betty Taoutel répond: «Qu’est-ce qu’un amateur? Quelqu’un qui voudrait apprendre et qui souhaiterait devenir professionnel. Et un professionnel alors? Quelqu’un qui devrait rester amateur toute sa vie.» Une bonne leçon de modestie. Et une pièce à ne pas rater. Colette KHALAF
Présentée les jeudi et vendredi et vivement applaudie par le public du Monnot, «Who is Claire Zahnassian?» (parlant arabe et français) se joue encore ce soir à 20h30 ainsi que demain dimanche à la même heure et en matinée au profit des associations caritatives Humanité nouvelle, al-Majal et pour le Fonds de coopération pour l’enseignement. Une adaptation de l’œuvre de...