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SOCIÉTÉ - Coran numérique, audiophone de prière... des appareils souvent fabriqués en Chine conjuguant religion et électronique Signes extérieurs de piété, les gadgets islamiques se multiplient en Égypte

Du Coran électronique à des audiophones de prière, en passant par un guide pour l’envoi de SMS « islamo-compatibles », les gadgets islamiques se multiplient en Égypte. Signes extérieurs de piété, ces appareils souvent fabriqués en Chine conjuguent islam et électronique et semblent comme autant de moyens d’immerger la religion dans le quotidien des Égyptiens. Ainsi, ces petits boîtiers noirs à 7 livres égyptiennes (LE, moins d’un euro) qui se déclenchent à l’ouverture des portières ou au démarrage des voitures pour déverser des prières venant s’ajouter à la cacophonie cairote. Prisés par les chauffeurs de taxi, ils sont très populaires depuis quelques mois, assure Mohammad Mahmoud, vendeur à la sauvette sur le marché de Tawfiquiyah, au Caire. « On peut aussi les mettre dans les ascenseurs », affirme le jeune homme. « En tant que musulman, je trouve qu’entendre ces prières est de bon augure pour la journée », explique Oussama Abdel Hamid, professeur d’économie à l’Université du Caire, venu acheter un boîtier de fabrication thaïlandaise « parce que le chinois a grillé au bout d’une heure ». Plus élaboré, un autre gadget, Ayat, a été présenté il y a quelques mois au Gitex de Dubaï, la plus grande foire des nouvelles technologies de l’information et de la communication du Moyen-Orient. Cet audiophone permet de sélectionner, en anglais et en arabe, le nombre de génuflexions nécessaires pour le type de prière souhaitée ou d’écouter en boucle des sourates du Coran pour les mémoriser. Chérif Danech, ingénieur Franco-Égypto-Américain, dit avoir eu l’idée d’Ayat en écoutant son iPod dans un avion. Avant de lancer son produit, il a obtenu l’approbation d’al-Azhar, la plus haute autorité de l’islam sunnite, et de Dar el-Ifta, siège du grand mufti d’Égypte, Ali Gomaa. Ce dignitaire musulman avait condamné en 2005 l’utilisation des versets du Coran pour les sonneries ou les messageries de téléphone portable, la qualifiant d’« inacceptable parce que cela dévalorise le Saint Livre ». S’il refuse de dévoiler le nombre exact d’appareils vendus, M. Danech concède que « plusieurs milliers » ont été écoulés ces derniers mois. D’autres gadgets sont présents sur le marché, comme un Coran numérisé accompagné des hadith (propos) du prophète ou un réveil portable donnant les horaires des cinq prières quotidiennes, avec en bonus une boussole électronique indiquant la direction de La Mecque pour orienter les fidèles. Mais les plus sophistiqués ont un coût élevé : 380 LE pour Ayat, soit presque 50 euros, et pas moins de 1 200 LE pour le Coran électronique (plus de 150 euros), hors de prix pour l’Égyptien moyen. Ces gadgets participent de l’omniprésence de la religion en Égypte : le voile est porté par l’écrasante majorité des Égyptiennes musulmanes, les prêches s’échappent des taxis et la zebiba, cal censé témoigner de l’assiduité à la prière, orne le front de nombreux hommes. Pour l’éditorialiste du quotidien panarabe al-Hayat et chercheuse en sociologie Dalal al-Bizri, ils sont le signe d’« une religion du paraître, exhibitionniste, fétichiste. Le contraire d’une religion philosophique, méditative, capable d’abstraction ». « Une religion dont les adeptes semblent avoir besoin de toucher, de palper l’au-delà : comme les païens qu’ils stigmatisent sans relâche », souligne-t-elle, relevant un « besoin insistant de croire, comme si la conviction profonde manquait ». Le sociologue Saadeddine Ibrahim estime, pour sa part, que ce phénomène « est révélateur de la naïveté des acheteurs et de l’intelligence des marchands ». « Et ça dit beaucoup sur la réactivité de l’économie de la Chine, qui s’adapte aux envies des consommateurs quels qu’ils soient », sourit-il.
Du Coran électronique à des audiophones de prière, en passant par un guide pour l’envoi de SMS « islamo-compatibles », les gadgets islamiques se multiplient en Égypte.

Signes extérieurs de piété, ces appareils souvent fabriqués en Chine conjuguent islam et électronique et semblent comme autant de moyens d’immerger la religion dans le quotidien des Égyptiens.
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