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Actualités - OPINION

Bénie entre toutes les femmes Bassam TOURBAH

Dimanche 25 mars, fête de l’Annonciation, constitue une date certaine qui tranche avec les événements que vit le Liban en ce moment. À Notre-Dame de Jamhour fut organisée une rencontre islamo-chrétienne autour de Marie, Notre-Dame, bénie entre toutes les femmes, selon l’Évangile et le Coran. Cette initiative émane d’un uléma, docteur de la foi, le cheikh Mohammad Nokkari, connu dans les milieux islamo-chrétiens au Liban et à l’étranger comme un homme d’ouverture et de dialogue, digne représentant de la fibre libanaise authentique. Cette idée fut rattrapée au bond par le comité des anciens élèves du Collège Notre-Dame de Jamhour, qui représente un établissement jésuite dont l’histoire témoigne de son ouverture à l’islam, bien avant Vatican II. La Fondation Imam Chamseddine pour le dialogue se joignit à ce projet mûe par l’esprit de celui dont elle porte dignement le nom : un homme pieux qui a compris, mieux que d’autres, les caractéristiques qui font du Liban un pays unique en son genre sur cette terre. Un comité spirituel fut constitué, animé par l’infatigable Nagi Khoury, secrétaire général du comité des anciens, l’homme qui réalise vos rêves avec un sens inné de l’organisation. Un millier de personnes, musulmans autant que chrétiens, firent le déplacement pour partager ensemble deux heures de spiritualité intense comme seuls les pères jésuites savent créer. Les larmes vous viennent spontanément aux yeux en entendant les cloches carillonner pendant que le muezzin appelle à la prière à l’intérieur de l’église. Vous êtes emportés dans un autre monde en écoutant psalmodier le verset de «Maryam» ou celui de la «Al Omrane» par une voix qui vous arrive de l’autel. Le Liban dans sons essence la plus saine et la plus authentique se présente vivant à vos sens. Son message vous habite et insuffle en vous, comme une nouvelle Pentecôte, une force qui vous donne envie d’ouvrir les portes et les fenêtres pour clamer: «Alléluia! Allah Akbar.» Le Liban tel que je l’ai rêvé existe vraiment, message à l’humanité entière pour les siècles des siècles, message qui va au-delà de l’endroit jusqu’à Marie, l’implorant de bénir cette terre et de la protéger des intrus et des jaloux, de ceux qui ne voient dans le Liban qu’un simple lopin de terre incapable de vivre par lui-même, une patrie, mineure, en quête d’un tuteur; un peuple tellement diversifié qu’il est impossible d’en faire une nation. Mais c’est oublier que cette diversification est richesse. Elle est une, unie sur le chemin du Dieu unique, le même pour tous, protégée par Marie, la même pour tous. Le Christ et Mohammad veillent au grain et l’assistance en est consciente, qui, tout à coup, se met debout pour glorifier ses Protecteurs d’une même voix, dans un même texte préparé à l’avance: Bénis soient le Christ et Mohammad. Gloire et paix sur eux. L’église devient aussi mosquée et les ulémas enturbannés fraternisant avec les prêtres en soutane, la Croix et le Croissant intimement liés. D’ailleurs ce Croissant, il est là depuis la fondation de l’église, figurant sur un vitrail offert par les anciens élèves musulmans qui ont tenu, eux aussi, à célébrer Marie «belle comme la lune» et à planter au sommet de la voûte leur don à côté de celui la représentant «éclatante comme le soleil» ou celui qui évoque son Assomption ou ceux qui dénotent les saisons. Tout cela marqué du sceau du Liban par son Cèdre, ses fruits, sa neige qui recouvre le sommet de ses montagnes. Avant de clôturer cette belle cérémonie par l’hymne de Jamhour L’ombre s’étend sur la terre dont l’intonation ramène quelques-uns d’entre nous cinquante ans en arrière, se présente devant nous le célèbre prédicateur égyptien mondialement connu, cheikh Khaled el-Jundi. Venu spécialement de son Azhar pour nous parler de Marie «maîtresse de l’univers» avec son enthousiasme communicatif et sa rhétorique légendaire. Il regrette de n’avoir pas amené avec lui ses deux filles afin qu’elles soient empruntes de l’amour qui règne dans cette «grandiose cérémonie», un amour vrai entre deux communautés religieuses différentes et pourtant unies en la Sainte Vierge. Une prière commune écrite pour la circonstance symbolise ce lien. Nous invoquons ensemble notre Créateur afin qu’Il resserre ce lien en préservant le Liban et en assistant ses dirigeants pour qu’ils agissent dans la mission qui leur est confiée, pour le bien de notre pays. La cérémonie dura deux heures et se termina pourtant trop vite, chacun congratulant l’autre comme pour lui dire: «La paix du Seigneur soit avec vous»: un même salut pour deux religions, base angulaire d’un pays message pour l’humanité entière. Bassam TOURBAH Conseiller de Saad Hariri Article paru le Mardi 10 Avril 2007
Dimanche 25 mars, fête de l’Annonciation, constitue une date certaine qui tranche avec les événements que vit le Liban en ce moment. À Notre-Dame de Jamhour fut organisée une rencontre islamo-chrétienne autour de Marie, Notre-Dame, bénie entre toutes les femmes, selon l’Évangile et le Coran. Cette initiative émane d’un uléma, docteur de la foi, le cheikh Mohammad Nokkari, connu...