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Actualités - CHRONOLOGIE

CONCERT - L’Orchestre symphonique national libanais à l’église Saint- Joseph (USJ) Des ténèbres à la lumière

La même fidélité du public pour l’Orchestre symphonique national libanais placé cette semaine sous la houlette de Harout Fazlian. Un public qui remplit régulièrement et avec ferveur l’église Saint-Joseph illuminée. Sous les voûtes généreusement éclairées ont retenti deux superbes partitions, bien différentes dans leurs beautés et images sonores. De Gustave Mahler à Walid Gholmieh, on passe des ténèbres à la lumière… Un menu concis et dense, jetant en toute majesté et puissance les éclats des préoccupations funéraires du compositeur du Chant de la terre et l’émergence d’un monde nouveau du compositeur de Temps et caravanes. Deux univers certes différents pour ne pas dire divergents, mais où pointe communément le souci d’un monde transfiguré, certainement plus clément, plus humain et meilleur. Avec la force, la douceur, le mystère et l’incantation que toute musique charrie. Tout cela pour dire et révéler ce que l’invisible et le non-dit cachent. Ouverture avec le Totenfeir (Rites funèbres)de Gustave Mahler,une œuvre orchestrale terminée en 1988 et peu connue du grand public jusqu’après sa mort en 1911. Une œuvre qui ne s’apparente pas beaucoup à ses neuf symphonies, mais où le pessimisme, la mélancolie et le sens du tragique de ce musicien né à Kalischt en Bohème est plus que perceptible. Comme Beethoven ou Bruckner, cette écriture a des proportions inaccoutumées et est parcourue par un souffle mélodique sans cesse renouvelé. Les premiers accords, annonciateurs d’une atmosphère dramatique et oppressante, donnent le ton à ce développement tout en volutes sombres et ténébreuses. Quand les cordes frémissent avant de se lancer comme une horde de pythies déchaînées, les violoncelles ont déjà entamé leur lamento en chœur. Sur fond de roulement de tambour, les expressions lyriques se multiplient comme de déchirants adieux qui vrillent les cœurs. Avec Mahler, les orages du romantisme voilent toute lumière. C’est constamment sombre et pathétique sans pour autant déclarer une certaine faiblesse ou une certaine défaite. La mort est revêtue d’une immense houppelande qui balaye tous les instruments de l’orchestre. Dans sa cruauté et son injustice, elle est aussi quelque part libération et résurrection. Tout cela est perçu à travers des contrastes sonores saisissants, de larges phrases aux courbes mouvantes et un lyrisme grandiose et éthéré. « La Symphonie n°6 L’Aube » de Gholmieh : une création mondiale Sans entracte est servie La symphonie n°6 L’aube de Walid Golmieh, en création mondiale. Si l’on connaît déjà le chef d’orchestre, l’organisateur des grands événements musicaux et l’infatigable administrateur d’une institution musicale qui fait honneur au pays du Cèdre et aux pays arabes, il est grand temps de se pencher sur l’œuvre d’un compositeur inspiré. Quatre mouvements (adagio, presto, andante, presto et adagietto) pour traduire l’univers sonore du directeur du Conservatoire national supérieur de musique de Beyrouth. Un univers qui revendique haut et clair, presque avec véhémence, son « orientalité ». De par la mélodie, les cadences, les modulations, l’essence de l’Orient surgi de cette longue narration au souffle ample et chargé d’émotion. Une narration « visionnaire » aux aspirations privilégiant la grandeur, l’action, l’évolution, la fierté. Les portes du Levant s’ouvrent à deux battants et toutes grandes, devant cette musique habitée d’un esprit novateur. Dès les premières mesures qui se répandent comme les premiers rayons du soleil, dès le bourdonnement des cordes qui attendent comme pour une levée de boucliers, dès les premières mélodies fluides et sinueuses comme une eau cristalline, le monde sonore de Gholmieh s’impose. Il ne faut pas oublier que Gholmieh est un excellent mélodiste. Ses innombrables succès sur le marché l’attestent. Et cette œuvre, plus que d’autres, en est une illustration éloquente. Elle offre de superbes pages où l’on oublie le sautillement d’un xylophone aux accents japonisants, les pics impétueux à la Korsakov, le hautbois comme un appel des pipeaux, les pizziccati préparant les archets pour de houleuses envolées comme des tempêtes de sable, les phrases entêtées comme un boléro obsessionnel ou les grandes morsures des cymbales qui battent le vent… On oublie tout cela par une simple invitation. Celle de suivre, en tout plaisir et légèreté, une mélodie aérienne comme un pas de danse… Une mélodie douce comme une caresse, qui va droit au cœur. Grande « standing » ovation d’un public ravi de se reconnaître dans une musique qu’il sait pertinemment tirée du monde auquel il appartient. Une musique aux couleurs de son azur, de sa terre et de ses arbres. Une musique qui parle de ses aspirations, de ses préoccupations, de ses drames, de ses espoirs. Maestro Gholmieh, assis au premier rang, a salué, ému, l’auditoire et remercié musiciens et chef d’orchestre sous un tonnerre d’applaudissements. Edgar DAVIDIAN
La même fidélité du public pour l’Orchestre symphonique national libanais placé cette semaine sous la houlette de Harout Fazlian. Un public qui remplit régulièrement et avec ferveur l’église Saint-Joseph illuminée. Sous les voûtes généreusement éclairées ont retenti deux superbes partitions, bien différentes dans leurs beautés et images sonores. De Gustave Mahler à...