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ANALYSE Une crise du crédit à risque peu probable en Europe

La crise des crédits immobiliers à risque aux États-Unis, qui menace de jeter à la rue des propriétaires incapables de payer leurs mensualités, pourrait-elle se produire également en Europe ? L’hypothèse est jugée peu probable par les experts du secteur en raison des nombreux garde-fous mis en place par la plupart des pays européens. Le boom du marché immobilier en Europe pourrait à terme poser problème dans des pays comme l’Espagne mais, de manière générale, l’Europe se trouve dans une situation bien différente de celle des États-Unis, où après dix années de hausse continue, les prix de l’immobilier connaissent depuis l’année dernière une baisse sensible. Les économistes se gardent bien de prédire la date et l’ampleur d’un retournement du marché immobilier en Europe, mais ils sont sûrs d’une chose : les pays européens échapperont en grande partie à la crise du crédit immobilier à risque, le « subprime », qui menace l’ensemble du système de crédit aux États-Unis. La plupart des pays européens, à l’exception de l’Espagne et de la Grande-Bretagne, ont interdit aux banques et aux établissements de prêts de proposer des crédits immobiliers à des ménages ne disposant pas des garanties suffisantes, empêchant ainsi le développement d’un marché des crédits à risque de ce type. « L’Europe n’est tout simplement pas dans la même situation que les États-Unis », assure David Stubbs, économiste au Royal Institute of Chartered Surveyors (RICS), un organisme britannique représentant les professionnels du secteur immobilier. « Les États-Unis sont allés trop loin » Le fait est que le niveau de complexité des montages financiers dans le secteur du crédit aux États-Unis est sans équivalent en Europe. Les sociétés de financement américaines ont commencé à accorder des crédits compliqués à des emprunteurs souvent à faibles revenus, en se finançant elles-mêmes par le biais d’opérations de titrisation revenant à faire supporter une partie du risque par les marchés. « Ils sont allés un peu trop loin aux États-Unis », explique Charles Gottlieb, chercheur à l’Association européenne des marchés de capitaux. La Grande-Bretagne est l’un des seuls pays en Europe où un ménage qui correspond au cœur de cible des crédits à surprime pourrait se voir accorder un prêt, qui lui serait en revanche refusé en France par exemple, explique Patrice Muller, auteur d’un rapport sur l’économie britannique. Mais même en Grande-Bretagne, la loi prévoit des amendes pour les prêteurs qui ne se sont pas assuré des capacités de paiement des emprunteurs et il est généralement demandé aux personnes qui souhaitent emprunter d’apporter une mise de départ équivalente à entre 20 % et 30 % du prix du bien immobilier, indique Muller. Sur le papier au moins, cela garantit une certaine sécurité à la différence des États-Unis où le nombre d’établissements de crédits spécialisés dans une clientèle à risque se sont multipliés ces cinq dernières années, employant souvent des méthodes commerciales agressives et proposant des prêts finançant 100 % de l’achat sans les garde-fous qui existent en Europe. Les maillons faibles : Grande-Bretagne et Espagne Merrill Lynch, une banque d’investissement, a d’ailleurs publié une note rassurante sur le marché britannique la semaine dernière, en expliquant que le risque d’une crise des crédits à risque était limité. Aux États-Unis en revanche, la conjugaison de la remontée des taux d’intérêt et de la stagnation des prix de l’immobilier menace de jeter à la rue les propriétaires incapables de payer leurs mensualités. Ces dernières semaines, les dépôts de bilan d’établissements de crédits se sont multipliés. Ainsi People’s Choice Home Loan, une société californienne employant 1 150 employés a dû mettre la clé sous la porte. Environ 40 % des prêts à surprime sont détenus par des Hispaniques, selon le Centre américain pour un crédit responsable et 1,5 million de propriétaires pourraient être condamnés à vendre leur maison cette année afin d’éponger leur dette, selon l’organisme de recherche RealtyTrac. Le marché des crédits à surprime s’est développé à une vitesse fulgurante pour représenter en 2006, 13,6 % de l’ensemble des prêts, contre seulement 2,4 % en 2000, selon l’Association américaine de prêt bancaire. L’Espagne est l’autre pays européen où les pratiques dans le secteur du crédit immobilier se rapprochent le plus des États-Unis. Les prêts aux personnes sans garanties solides se multiplient et visent particulièrement les immigrés originaires d’Amérique du Sud, soulignent des économistes. L’Espagne, la Grande-Bretagne et l’Irlande ont également cette particularité commune avec les États-Unis de proposer en grande majorité des prêts à taux variable alors qu’en France, en Allemagne ou en Italie, les crédits sont le plus souvent à taux fixe.
La crise des crédits immobiliers à risque aux États-Unis, qui menace de jeter à la rue des propriétaires incapables de payer leurs mensualités, pourrait-elle se produire également en Europe ?
L’hypothèse est jugée peu probable par les experts du secteur en raison des nombreux garde-fous mis en place par la plupart des pays européens.
Le boom du marché immobilier en...