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Actualités - CHRONOLOGIE

La vente de l’ouvrage financera la construction d’un centre social à Deddé (Koura) Publication à Beyrouth d’un récit des apparitions de la Vierge en Pologne

À l’approche de la fête de l’Annonciation, et alors qu’on parle d’un signe marial à Achrafieh, c’est peut-être le moment de rendre compte d’un livre hors du commun paru au Liban depuis quelques semaines, sur des apparitions de la Vierge en Pologne, à Gietrzwald précisément (prononcer Guietjvaoud), en 1877. L’auteur, Vladislav Kuras, en religion frère Florent, est un Lassalien polonais qui, depuis les années 50, accomplit sa mission d’éducateur en Jordanie, en Égypte, en Terre sainte, aux Indes et surtout au Liban (Mont La Salle et Procure des Frères). Guietjvaoud est le Lourdes polonais. Comme à Lourdes, en 1858, la Vierge s’y est présentée comme « Immaculée Conception ». Les apparitions ont été officiellement reconnues par l’Église polonaise en 1977, lors de célébrations conduites par le cardinal Karol Wojtyla, le futur Jean-Paul II. Du 27 juin au 16 septembre 1877, à Guietjvaoud (nord de la Pologne), la Vierge apparaît dans un érable, au voisinage de l’église paroissiale, à deux fillettes, Barbara et Justina, après la sonnerie de l’Angélus. Passé une certaine date, la Vierge apparaîtra jusqu’à trois fois par jour. Au total, on comptera 175 apparitions, une longévité qui préfigure celle de Medjugorje. Le message de Notre-Dame est celui qu’elle donne partout : foi, conversion, prière. Elle recommande la prière du rosaire. Son dernier message est « Récitez le rosaire avec ferveur ». Pas de révélations fracassantes sinon peut-être celle-ci, en réponse à une question au sujet du nombre élevé de personnes qui font « de faux serments ». « De telles gens ne sont pas dignes du ciel, car ils suivent le diable qui les pousse au péché », commence-t-elle par répondre. De faux serments, ça devrait nous faire réfléchir… « Avant la fin des temps, Satan, comme un chien affamé, parcourt le monde pour damner le plus d’âmes possible », poursuit Notre-Dame. Cette réponse fait écho à d’autres avertissements que la Vierge donnera ailleurs, et toujours dans un sentiment d’urgence, celui-là même qui marque certains versets des épîtres de saint Paul et du livre de l’Apocalypse. Par contre, nous avons là d’innombrables exemples d’une « pédagogie » quotidienne, à laquelle les familiers de Medjugorje sont déjà habitués. Ainsi, la Vierge apparaît aux deux voyantes, triste et en pleurs. À la question de savoir pourquoi cette tristesse et ces larmes, elle répond : « La désinvolture des gens est grande. Ils vont et viennent sans aucun respect pour ma présence. Ils ne songent même pas à s’agenouiller et à prier un instant. Si cela continue, je ne reviendrai plus. » Quelle pertinence, si on applique ces paroles à certaines situations similaires au Liban, notamment aux apparitions de la Vierge au-dessus du dôme de l’église Saints-Pierre-et-Paul des syriaques-orthodoxes, en 1970, quand les gens accueillaient les apparitions lumineuses de Notre-Dame par des « tirs de joie », des applaudissements et des sifflets. Ou par des visites de curiosité. Concordance Les apparitions à Guietjvaoud duraient généralement dix minutes. Les visionnaires, ou les voyantes, en rendaient compte par la suite au curé du village, chacune à part. Ainsi, la concordance des témoignages des deux fillettes a-t-elle renforcé la crédibilité des apparitions. Le curé, de son côté, en tenait le journal exact. Historiquement, les apparitions se déroulent dans le contexte de la montée en puissance de l’Empire allemand, sous la poigne de Bismarck, le chancelier de fer. Pour souder les espaces conquis par la Prusse, Bismarck met en œuvre le « Kulturkampf », germanisation forcée des populations du nouvel empire. Occupée par la Prusse, la Pologne historique se voit interdire de parler sa langue. Et voilà que la Vierge apparaît à Guietjvaoud, nous dit l’auteur de la monographie, « à un peuple opprimé abandonné par les politiciens du jour, persécuté pour sa foi et sa patrie ». Étrange écho à des situations analogues, par-delà le temps et les lieux ! Et bravant l’interdiction des autorités prussiennes, Notre-Dame s’adresse aux fidèles en polonais ! La réponse à cette situation pénible est théologique, non politique : « Si les fidèles prient avec insistance, l’Église ne sera pas tant persécutée et les prêtres reviendront », affirme la Vierge à ceux qui lui confient leur souci de voir les paroisses désertées par leurs pasteurs, obligés de prêcher en allemand. À certaines questions, la Vierge ne répond pas ou demande qu’on ne les pose plus. « Ce sont des choses à ne pas demander. Ce qu’il faut, c’est prier », répond-elle à ceux qui souhaitent savoir s’il faut directement s’adresser à Dieu ou par son intermédiaire, pour être exaucé. Sollicité de répondre à la « prière mentale » d’un prêtre qui cherche à vérifier l’authenticité des apparitions et la véracité des voyants, la Vierge garde le silence. Par contre, en cette époque troublée, elle condescend volontiers à répondre à toutes les questions, et elles sont nombreuses, relatives à des personnes disparues. Tel fils fugitif vit-il encore ? Et tel autre parti à la guerre et porté disparu ? Le fils prodigue de telle dame reviendra-t-il ? La pédagogie de la Vierge comprend également l’exhortation à la prière, pour ceux qui demandent une guérison. Elle recommande l’usage de l’eau bénite et des neuvaines. « L’eau tenue à la main pendant la récitation du chapelet sera bénie », promet-elle. Elle demande que des messes soient offertes pour les incroyants, que les vœux soient tenus, assure qu’il est bon que beaucoup de ceux qui le peuvent choisissent la vie religieuse, etc. Voici un livre qui fortifiera la foi de beaucoup et pourrait même en convertir certains. Il a un défaut, qui est en fait le défaut de sa qualité : s’agissant du premier ouvrage en français sur le sujet, son auteur a voulu faire œuvre exhaustive. Mais tous ceux qui savent lire sauront l’écumer, comme une abeille écume un jardin à la recherche de son miel, car il est aussi agréable à lire, méthodique et illustré de nombreuses photos. On ne le trouvera, hélas, qu’à la Procure et auprès de l’auteur, au Mont La Salle. Le produit de sa vente sera entièrement consacré à la construction d’un centre social dédié à « Marie, rose mystique » qui doit être bâti à Deddé (Koura). Sur le terrain acheté s’élève déjà une statue de la Vierge. Fady NOUN

À l’approche de la fête de l’Annonciation, et alors qu’on parle d’un signe marial à Achrafieh, c’est peut-être le moment de rendre compte d’un livre hors du commun paru au Liban depuis quelques semaines, sur des apparitions de la Vierge en Pologne, à Gietrzwald précisément (prononcer Guietjvaoud), en 1877. L’auteur, Vladislav Kuras, en religion frère Florent,...