J’accuse!

J’accuse, tous ceux qui, il y a trente ans, et vingt années durant, ont contraint mon peuple à l’exode ; orchestré les massacres d’innocents, entrepris le dépeuplement des contrées et régions, organisé l’exil forcé de familles entières et qui, par le chantage et la force, se sont arrogé le droit constitutionnel de nous gouverner pour mieux nous appauvrir et nous asservir. J’accuse, tous ceux qui, sous différents couverts, différentes appellations, différents slogans tapageurs et mensongers, contribuent à la fuite des cerveaux, faisant de mon pays un exportateur des talents et des génies. J’accuse, tous les chefs de milices d’hier, d’aujourd’hui et de demain, les chefs tribaux de prêcher la mauvaise parole, de semer la zizanie et la discorde entre les citoyens, les membres d’une même famille pour mieux asseoir leur hégémonie et leur dictature. Nous autres, qui avons pâti deux décennies durant, refusons que nos enfants soient les otages de vos ambitions égoïstes, mercantiles et mesquines; qu’ils soient jetés sur les routes de l’exil parce que la liberté de penser, d’expression, parce que la seule affiliation au parti de la «vie digne» sont devenues synonymes de trahison à «la sacro-sainte cause». Nous voulons un havre de paix dans lequel il nous est et nous sera possible de rêver, de planifier, d’espérer voir par-delà l’horizon, de scruter le ciel et les confins étoilés, de se pourvoir des ailes d’Icare pour aller embrasser le soleil. Saleh RIDA Article paru le Mardi 20 mars 2007