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L’État de toutes nos forces Khalil CHÉHADÉ

Ce n’était donc pas le destin. C’est ce qu’a dû dire la majorité des Libanais, tellement la fatalité les avait gagnés ces dernières années. Oui, ce sont bien des hommes qui ont commis le double attentat de Aïn Alak. On l’aurait presque oublié. Des hommes, ou plutôt des terroristes qui avaient pour consigne de commettre un attentat avant le 14 février. Ces islamo-syriano-palestiniens font donc bien partie des ennemis du peuple libanais libre et indépendant. L’arrestation de ces criminels marque, en tout cas, un tournant dans la vie politique et en particulier sécuritaire du Liban tellement elle est importante et symbolique. Elle doit surtout être interprétée dans le bon sens. Ces arrestations ne sont certainement pas une déclaration de guerre contre les Palestiniens résidant au Liban ou contre le peuple syrien pour deux raisons. Primo, parce que l’organisation Fateh el-islam qui a commis ce double attentat n’a rien à voir avec les autorités légales palestiniennes et, secundo, parce que les Syriens – les 17 millions de citoyens et non les dirigeants qui les gouvernent – sont un peuple ami et qu’ils sont sous la dictature. Ils sont donc incapables de voter librement pour choisir leurs dirigeants et ne peuvent en aucun cas être tenus pour responsables des actes de leur régime dans notre pays depuis plus de trente ans. En foi de quoi j’appelle les Libanais à ne pas sombrer dans une xénophobie aveugle mais de bien discerner les criminels des peuples dont ils font partie. Ces arrestations sont, en premier lieu, bonnes pour le moral des Libanais mais aussi pour celui de leurs services de sécurité. Elles permettent aux Libanais d’identifier les auteurs de ces crimes. Elles marquent un tournant dans la consolidation de la souveraineté de l’État sur l’ensemble de son territoire. Il est donc primordial aujourd’hui pour les Libanais d’appuyer leurs services de sécurité dans la lutte qu’ils mènent contre le terrorisme. C’est unis qu’il nous faut combattre le terrorisme, car c’est dans notre union que naîtra notre force. La nouvelle ère qui s’ouvre devra être celle du règlement de la crise politique interne et la formation d’un gouvernement d’union nationale. Il sera important d’obtenir à cet effet le soutien des autorités légitimes palestiniennes et il est donc nécessaire que les relations entre le gouvernement et les responsables palestiniens restent relativement bonnes et qu’on ne se trompe pas d’ennemi. Ces arrestations ont eu lieu la veille d’un 14 Mars. Tout un symbole. Les problèmes que rencontre aujourd’hui l’État sont les mêmes qu’il y a vingt, trente ou quarante ans. Plus grave, ils se sont accumulés au fil des ans, voire des décennies, et ne peuvent pas être réglés d’un coup de baguette magique. La liberté, la souveraineté et l’indépendance sont des processus lents qui nous prendront des années. Et l’arrestation des criminels du 13 février 2007 va dans ce sens à partir du moment où elle a pour but de transformer le Liban d’un vaste terrain vague, une espèce de «Warland» où pullulent les groupuscules armés jusqu’aux dents, en un véritable pays gouverné par ses institutions démocratiques, avec un État qui aura étendu sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire. L’édification d’un État fort et responsable passe donc par l’arrestation des coupables des quinze crimes commis depuis octobre 2004, mais aussi par leur jugement devant un tribunal à caractère international. Récemment, j’ai entendu un député déplorer le fait que la justice libanaise soit incapable de juger elle-même les criminels et qu’on ait besoin d’un tribunal à caractère international. J’aimerais dire ceci à l’honorable parlementaire: «Si vous pouvez convaincre certains dirigeants étrangers, de premier rang, syriens ou pas, de venir au Liban pour témoigner ou être jugés, surtout n’hésitez pas!» Non, sérieusement, ce n’est pas la compétence des juges libanais qui est mise en cause; ce sont uniquement le caractère international et la gravité des faits et des crimes – du terrorisme! – qui nécessitent ce tribunal. D’ailleurs, les juges libanais assumeront un rôle important au sein de ce tribunal et des responsabilités historiques. Aujourd’hui, nous avons une chance en or de reconstruire notre pays. L’avenir du Liban dépend de nous. Le tribunal à caractère international est une priorité majeure qui ne peut plus attendre. Si ce tribunal avait été mis en place il y a quinze ans, combien de vies aurions-nous pu sauver? Combien d’enfants seraient-ils dans les bras de leurs pères à l’heure actuelle. Nous n’avons plus droit à l’erreur. L’erreur, c’est la crise politique – encore – qui empoisonne notre pays depuis le 1er décembre. Cette crise semble aujourd’hui toucher à sa fin. Ainsi, après avoir joué avec le feu, à savoir la paix civile, après s’être traités les uns les autres de tous les noms, en passant par les accusations de trahison, tout semble se calmer miraculeusement. Cela est principalement dû au fait que les Libanais sont las de la politique et de leurs hommes politiques. On a ainsi commencé par un mois de décembre où chaque citoyen avait choisi son camp et le défendait, corps et âme, 24 heures sur 24. Aujourd’hui, tout le monde a rejoint le camp des modérés qui ne se sentent concernés que par leur économie et leurs affaires. Cette lassitude vis-à-vis de la politique a eu un effet salvateur. Et les politiciens se sont retrouvés tout seuls, avec leur incontournable problème du Conseil des ministres où la majorité ne doit pas avoir les deux tiers, ni l’opposition le tiers alors que 2/3 + 1/3 font bien un… Reste l’affaire de l’éventuelle désobéissance civile. Pour les Gandhi des années 2000, je tiens à signaler que seuls de tels mouvements traitant d’affaires primordiales ont réussi dans l’histoire. C’est le cas de Gandhi, qui obtint l’indépendance de son pays par ce moyen, et de Martin Luther King qui obtint, lui, la suppression des lois discriminatoires à l’encontre des Noirs aux États-Unis. Ces personnages, qui ont écrit l’Histoire de l’Humanité avec deux grands H n’auraient jamais eu recours à ce procédé pour un ministre en plus ou en moins. Khalil CHÉHADÉ Étudiant à l’ESIB Article paru le Mardi 20 mars 2007
Ce n’était donc pas le destin. C’est ce qu’a dû dire la majorité des Libanais, tellement la fatalité les avait gagnés ces dernières années. Oui, ce sont bien des hommes qui ont commis le double attentat de Aïn Alak. On l’aurait presque oublié. Des hommes, ou plutôt des terroristes qui avaient pour consigne de commettre un attentat avant le 14 février. Ces...