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Actualités - REPORTAGE

Du refus de l’invasion américaine de l’Irak au « non » des Français à la Constitution européenne Sur le front extérieur, le meilleur et le pire de Chirac Émilie SUEUR

En matière de politique internationale, le président Jacques Chirac aura assurément réussi à faire entendre la voix de la France. Pour le meilleur ou pour le pire. Son opposition à l’invasion américaine de l’Irak, en 2003, est l’un des principaux faits d’armes de Chirac, qui avait pris la tête de la coalition antiguerre. Une prise de position qui n’a pas eu d’effet concret en ce qui concerne l’invasion américaine de l’Irak, mais qui a gonflé la popularité du président en France à l’étranger, notamment dans le monde arabe. Un monde arabe déjà conquis en 1996 après l’accrochage entre Chirac et un officier de la sécurité israélienne dans le cadre d’une visite dans la vieille ville de Jérusalem à l’occasion de laquelle il avait lancé cette célèbre réplique, dans un anglais tellement français : « Do you want me to take my plane, to go back to my country ? » Un monde arabe de nouveau touché par l’accueil réservé par le président français à un Yasser Arafat mourant qui a fini ses jours dans un hôpital parisien. De l’autre côté de l’échiquier, la réaction est, évidemment, bien différente. Durant de longs mois, Israël et les Américains boudent la France. Paris et Washington se retrouveront toutefois autour de certains dossiers, dont la lutte contre le terrorisme avec la création d’une mission antiterroriste internationale à Paris, baptisée du nom de code Alliance base, ou encore le dossier libanais. Le président français a, en outre, tenté de replacer l’Hexagone au centre du jeu politique mondial en engageant les soldats français dans l’ex-Yougoslavie, en 1999, ou encore en Afrique et au Liban, à l’issue de la dernière guerre de l’été contre Israël. Le bilan de Jacques Chirac, en matière de politique étrangère, n’est, en outre, pas dénué de contradictions. À de nombreuses reprises, au cours de ses deux mandats, le président français s’est fait le défenseur d’un monde multipolaire. Dans un discours adressé au monde en général, mais ciblé en direction des États-Unis en particulier, le président français avait adressé, en septembre 2003, à la tribune de l’ONU, une mise en garde face aux dérives de l’unilatéralisme : « Engagée sans l’autorisation du Conseil de sécurité, la guerre a ébranlé le système multilatéral. Dans un monde ouvert, nul ne peut s’isoler, nul ne peut agir au nom de tous et nul ne peut accepter l’anarchie d’une société sans règles. » Huit ans plus tôt, en 1995, un mois après le début de son premier mandat, Jacques Chirac avait toutefois décidé, de manière unilatérale, la reprise des essais nucléaires dans le Pacifique. Une décision qui avait soulevé un tollé, alors que le monde commémorait les 50 ans du bombardement d’Hiroshima. Douze ans plus tard, le président a de nouveau changé d’avis, en affirmant, lors de son testament politique, son engagement pour la protection de l’environnement. Son échec le plus retentissant restera toutefois l’Europe, avec le « non » des Français au traité constitutionnel européen, en mai 2005. Un rejet qui a donné un sérieux coup de frein à l’élan européen. Cet échec, le président Chirac l’a évoqué, lors de son dernier sommet de Bruxelles, le 9 mars, en exhortant les Français à poursuivre la construction européenne. Un échec que la presse européenne n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler après la dernière allocution télévisée du président Chirac. Pour le quotidien allemand, Süddeutsche Zeitung, le « non » au référendum sur la Constitution européenne « est considéré comme l’un des échecs les plus graves de sa présidence ». Le Financial Times, de son côté, rappelait que « M. Chirac est surtout critiqué pour avoir échoué à apporter des changements en France et avoir appelé à un référendum sur la Constitution européenne en 2005, puis pour avoir échoué à vendre cette idée aux électeurs qui ont voté non ».
En matière de politique internationale, le président Jacques Chirac aura assurément réussi à faire entendre la voix de la France. Pour le meilleur ou pour le pire.
Son opposition à l’invasion américaine de l’Irak, en 2003, est l’un des principaux faits d’armes de Chirac, qui avait pris la tête de la coalition antiguerre. Une prise de position qui n’a pas eu d’effet concret...