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Actualités - ANALYSE

Entreprise Le marché prometteur mais sous-exploité des logiciels libanais à l’exemple d’Astrolabe

Créée en 1997 avec seulement trois employés, Astrolabe IT, une société libanaise de logiciels d’entreprises, a progressivement réussi à s’imposer sur les marchés étrangers. À l’origine, l’idée d’Astrolabe était d’offrir des solutions informatiques aux administrations publiques locales. « L’étude de marché réalisée en 1997 laissait prévoir un développement important des besoins et des investissements dans ce domaine, notamment avec la création de l’Office du ministre d’État pour la Réforme administrative (Omsar) », explique son président, Ali Shamseddine. Mais les projets réalisés avec l’Omsar, le CDR, l’EDL et autres l’ont vite découragé. La rentabilité des projets était affectée par le manque de productivité, la non-transparence des appels d’offres et les retards de paiements. Ainsi depuis 2000, Astrolabe s’est tournée vers le secteur privé, en développant des logiciels adaptables à tous types de compagnies. Elle s’est ensuite progressivement spécialisée dans les logiciels sophistiqués pour les moyennes et grandes entreprises, avant de traverser les frontières. Aujourd’hui, avec une vingtaine d’employés, Astrolabe réalise près de 60 % de son chiffre d’affaires à l’export, notamment vers l’Égypte, la Syrie, la Jordanie, le Maroc, l’Algérie, la Turquie ou le Pakistan. C’est d’ailleurs en augmentant ses exportations qu’elle a réussi à maintenir un chiffre d’affaires stable ces deux dernières années, de l’ordre d’un million de dollars, malgré la stagnation de l’économie locale. « Étant donné la petitesse du marché libanais et la récession économique qui affecte les entreprises libanaises, les sociétés de logiciels, une soixantaine au Liban, sont obligées de se tourner vers l’étranger pour survivre », estime M. Shamseddine. Contrairement à d’autres industries libanaises, celle des logiciels est très compétitive sur les marchés étrangers en termes de qualité/prix, permettant aux produits libanais de concurrencer même les produits indiens ou ceux de l’Europe de l’Est, ajoute-t-il. La compétitivité de cette industrie provient essentiellement du fait qu’elle repose en grande partie sur le capital humain, qualifié, éduqué et disponible au Liban. Toutefois, une stratégie orientée vers l’exportation n’est pas sans coûts. Elle nécessite des investissements importants en termes d’effectifs mais aussi de packaging, de marketing et autres. Malheureusement, outre les entraves traditionnelles au développement de l’industrie libanaise comme les coûts de l’énergie ou des télécommunications, les sociétés des logiciels sont majoritairement sous-capitalisées, déplore M. Shamseddine. « Pour se développer, elles ont besoin de capital opérationnel, ce que très peu de banquiers sont disposés à prêter. Ce qu’il faut, estime-t-il, c’est encourager les investissements dans ce secteur notamment à travers les prises de participation directes. » Pour lui, l’enjeu est de taille, car l’impact direct de ce secteur sur l’économie nationale peut être très important comme en témoigne l’expérience irlandaise, indienne ou israélienne à ce niveau. « D’abord, plus de 90 % des employés du secteur sont des jeunes diplômés. Ensuite, l’industrie importe très peu de matières premières, puisqu’elle repose principalement sur le savoir-faire. Ainsi, lorsqu’une société de logiciels exporte ses produits, entre 80 et 85 % de ses revenus reviennent au Liban et profitent à l’économie libanaise. Malheureusement, les pouvoirs publics négligent complètement ce secteur », ajoute-t-il. Par exemple, l’Association libanaise de l’industrie des logiciels, ALSI, a adressé plus de 500 lettres à l’ensemble des administrations publiques et leurs interlocuteurs institutionnels régionaux ou internationaux, leur proposant de privilégier les sociétés libanaises pour leurs solutions informatiques, ou du moins d’encourager les partenariats avec les compagnies internationales. Résultat : « Cinq personnes tout au plus ont daigné nous répondre », conclut, non sans amertume, M. Shamseddine. Sahar AL-ATTAR

Créée en 1997 avec seulement trois employés, Astrolabe IT, une société libanaise de logiciels d’entreprises, a progressivement réussi à s’imposer sur les marchés étrangers. À l’origine, l’idée d’Astrolabe était d’offrir des solutions informatiques aux administrations publiques locales. « L’étude de marché réalisée en 1997 laissait prévoir un développement...