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Actualités - CHRONOLOGIE

CIMAISES Le musée d’Orsay fait redécouvrir Jules Bastien-Lepage, peintre naturaliste

Mort à 36 ans en pleine gloire et pourtant quasiment oublié aujourd’hui, le peintre naturaliste Jules Bastien-Lepage (1848-1884), que le musée d’Orsay fait redécouvrir dans une rétrospective de ses œuvres, fut l’inventeur d’une troisième voie, entre réalisme et tradition. «À 31 ans, il a eu la Légion d’honneur. L’année suivante, il était membre du jury du Salon. À sa mort, il était mondialement connu et ses œuvres vendues jusqu’en Australie», narre à l’AFP Dominique Lobstein, commissaire de l’exposition «Jules Bastien-Lepage (1848-1884)» qui présente 55 œuvres de l’artiste, jusqu’au 13 mai. C’est un peintre qui, dès ses premiers envois au Salon de 1870, «a proposé des solutions nouvelles», dit encore M. Lobstein. Il a fait des études très académiques aux Beaux-Arts et dans l’atelier d’Alexandre Cabanal, «mais il va regarder les courants et les peintres modernes, notamment Degas et Manet». L’écrivain Émile Zola, fin critique d’art, l’a qualifié en son temps de « petit-fils de Courbet et de Millet ». Mais cette formule élogieuse se terminait néanmoins par un acide: «Mais c’est un élève de Cabanel, et ceci signera sa perte», Cabanel étant alors pour la critique de l’époque l’exemple même de l’académisme. Né à Damvillers (Meuse) d’un père paysan et d’une mère originaire de Verdun, Bastien-Lepage part en 1867 à Paris où il copie au Louvre, étudie aux Beaux-Arts et échoue deux fois au prix de Rome. Il ne cessera néanmoins de faire des allers et retours entre la capitale et sa campagne natale, qui lui inspirera ses toiles paysannes. Dès ses débuts et pendant la dizaine d’années de plénitude de sa carrière, chaque tableau, toile paysanne, portrait, scène de genre, sera admiré et copié. «C’est une idole du Salon. Ses toiles sont vues par tous les amateurs du monde entier. Tous les artistes passés par Paris ont regardé son travail», indique M. Lobstein. Son œuvre la plus célèbre, Les Foins, exposée en permanence au musée d’Orsay, synthétise sa manière. Il «reprend des sujets paysans, mais sans le caractère dramatique de Millet, dans une couleur claire », dit le commissaire. Ses visages au réalisme étonnant sont issus de l’académisme, les jeux de couleurs de ses paysages s’inspirent de Manet et de l’impressionnisme. Quand il peint une Communiante, tous les artistes font des jeunes filles en blanc. En Angleterre où il va souvent, ses petits formats paysans s’arrachent. En France, après Le portrait de M. Hayem, il devient le portraitiste quasi officiel de la bourgeoisie juive de Paris. Après sa mort, d’un cancer, l’artiste est statufié par Rodin dans son village natal, mais son souvenir va s’estomper. «La famille va gérer son souvenir tellement mal que la France va l’oublier», explique M. Lobstein. Fabienne FAUR (AFP)
Mort à 36 ans en pleine gloire et pourtant quasiment oublié aujourd’hui, le peintre naturaliste Jules Bastien-Lepage (1848-1884), que le musée d’Orsay fait redécouvrir dans une rétrospective de ses œuvres, fut l’inventeur d’une troisième voie, entre réalisme et tradition.
«À 31 ans, il a eu la Légion d’honneur. L’année suivante, il était membre du jury du...