Djibril Cissé fait débat à Marseille

Sans doute trop vite célébré au retour d’une grave blessure, l’attaquant international de Marseille, Djibril Cissé, protégé des critiques par ses dirigeants, peine à donner sa pleine mesure au moment où l’OM a besoin d’allant offensif pour croire encore à la Ligue des champions. À la veille de la réception de Lens dimanche pour la 27e journée de Ligue 1, le bilan strictement comptable de l’ex-meilleur buteur de L1 n’a pourtant rien de honteux. Soit trois buts et deux passes décisives en neuf matchs de championnat, et quatre buts en Coupe de France, dont l’un sur penalty mardi face à Vannes. C’est d’ailleurs au moment de son triplé en Coupe de France contre Cambrai (CFA 2) le 6 janvier, en 32e de finale, que l’ancien attaquant de Liverpool retrouvait vraiment les honneurs médiatiques. Son association avec Franck Ribéry, lui-même revenant alors de pubalgie (et de nouveau blessé depuis dimanche), s’annonçait prolifique et alimentait positivement la chronique. Le sélectionneur Raymond Domenech y décelait aussi un contenu prometteur. Le soufflé Cissé retombé Aux yeux des dirigeants marseillais, Ribéry et Cissé faisaient d’ailleurs figures de « recrues » du mercato d’hiver. Victime d’une double fracture tibia-péroné, Cissé avait en effet consacré l’été et l’automne à sa rééducation, jusqu’à son premier match officiel avec l’OM le 16 décembre contre Monaco. Depuis fin janvier, le soufflé Cissé semble pourtant retomber. Orphelin de but depuis la 23e journée contre le Paris-SG, il affiche un rendement décevant, au point que certains au sein du club estiment qu’il ne travaille plus suffisamment à l’entraînement : peu d’occasions, de la maladresse, un manque d’impact évident et un comportement sur le terrain parfois irritant pour ses coéquipiers. Le coach Albert Emon a d’ailleurs reconnu : « Comme joueur, je crois que j’aurais moins supporté que d’autres qu’on me dise : “Mettez-moi le ballon là ou là”. Cela dit, ceci fait partie de son caractère. Et il y a un vestiaire pour s’expliquer entre joueurs. » Signe de sa cote en baisse, Cissé a essuyé contre Vannes mardi les sifflets d’une partie du Vélodrome sur une belle occasion ratée. Diouf : « Pas de problème Cissé » Emon relativise : « Les sifflets dans un stade, ce n’est pas nouveau. Je me souviens qu’on sifflait Skoblar (légendaire buteur de l’OM de 1966 à 1974) quand il manquait la cage.... » Son partenaire d’attaque Mamadou Niang, que Cissé a pourtant délogé de son rang de titulaire indiscutable, se souvient lui aussi avoir vécu pareil désagrément populaire la saison dernière. Mais « à Marseille, ça va très vite. Il suffit qu’il marque deux ou trois matches de suite » pour faire de nouveau pencher la balance de son côté, estime-t-il. Très gros salaire de l’équipe, prêté par Liverpool avec option d’achat de l’ordre de 10 à 12 millions d’euros, Cissé peut en tout cas compter sur ses dirigeants. Le directeur sportif José Anigo, reconnaissant un « manque de confiance » actuelle de ce joueur qui « marche à l’affectif » réclame « l’indulgence du public ». Le président Pape Diouf enchaîne : « Il n’y a absolument pas de problème Cissé. Platini et d’autres joueurs illustres ont aussi été sifflés. Ce n’est qu’un épiphénomène. J’avais dit, à propos du tandem Ribéry-Cissé, au moment où les deux revenaient de blessure qu’il ne fallait pas trop se bercer d’illusions. Une longue blessure requiert une période quasi équivalente pour revenir au plus haut niveau. Mais même à 70 %, Cissé peut nous apporter beaucoup. » Surtout au sein d’une attaque qui n’a inscrit qu’un but en cinq journées...