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Actualités - OPINION

PORTRAIT Une pasionaria de la politique

Ingrid Bétancourt, l’ancienne candidate des Verts à la présidence colombienne, qui a entamé jeudi dernier sa sixième année dans la jungle colombienne otage de la guérilla, est une pasionaria de la politique, connue pour ses coups d’éclat contre la corruption. Pendant la campagne pour l’élection présidentielle de 2002, cette jolie femme de la bonne société colombienne aux allures d’adolescente, qui a fêté ses 45 ans en détention, distribuait du Viagra aux passants pour illustrer la vitalité de sa campagne. De même, elle a commencé sa carrière à la Chambre des représentants après avoir distribué dans les rues de la capitale des préservatifs, sous le slogan : « La corruption est le sida de notre société. Protégeons-nous ! » « Elle est inflexible, directe, et pouvait dire à un président : vous êtes un délinquant et un voleur », se souvient sa mère, Yolanda Pulecio. « Et je crains qu’elle fasse de même avec certains chefs des guérilleros », ajoute-t-elle. « Madame Ingrid n’est pas toujours très facile et a un fort caractère », dit d’elle du bout des lèvres Raul Reyes, le numéro deux des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, guérilla marxiste) qui la retient en otage. Francophile, l’ancienne diplômée de sciences politiques à Paris a été l’élève du Premier ministre français Dominique de Villepin, avec qui elle continuera à entretenir des relations d’amitié. Mais Mme Bétancourt, dont le père Gabriel fut ministre de l’Éducation puis ambassadeur auprès de l’Unesco, a aussi de nombreux ennemis en Colombie. Ses détracteurs dénoncent volontiers sa jeunesse tumultueuse, dont une liaison avec un personnage trouble, aujourd’hui proche des paramilitaires. Plusieurs dirigeants politiques l’accusent d’être une activiste enflammée adepte des coups médiatiques, destinés à lui conférer une popularité dont elle manque totalement en Colombie. « Elle n’est entrée dans l’écologie que par opportunisme », disent ses ennemis, qui affirment son ignorance dans ce domaine et rappellent qu’elle s’est opposée au droit à l’avortement. Dans son livre La rage au cœur, elle affirme avoir a été l’objet de menaces de mort et contrainte de se séparer à plusieurs reprises de ses deux enfants, Mélanie et Lorenzo, âgés aujourd’hui de 20 et 17 ans, pour les mettre à l’abri à l’étranger, notamment auprès de leur père, Fabrice Delloye, son premier mari. C’est de son union avec ce diplomate français qu’elle tient sa double nationalité franco-colombienne. Ingrid a été enlevée par les FARC le 23 février 2002 près de Florencia, à 600 km au sud de Bogota. Elle tentait de se rendre dans l’ancien fief des FARC, une zone démilitarisée grande comme la Suisse (42 000 kilomètres carrés), juste après la rupture du processus de paix entre cette guérilla et le gouvernement. En août 2003, dans une vidéo transmise par les guérilleros, amaigrie, elle appelle à une intervention de l’armée pour la libérer et proclame son refus d’être échangée.
Ingrid Bétancourt, l’ancienne candidate des Verts à la présidence colombienne, qui a entamé jeudi dernier sa sixième année dans la jungle colombienne otage de la guérilla, est une pasionaria de la politique, connue pour ses coups d’éclat contre la corruption. Pendant la campagne pour l’élection présidentielle de 2002, cette jolie femme de la bonne société colombienne aux allures...