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Deux cent cinquante restaurants offrent désormais la pipe à eau dans la capitale ukrainienne Le narguilé, un loisir oriental en vogue à Kiev

Olexi Bobrovnikov, correspondant d’un quotidien économique à Kiev, a trouvé un moyen de se détendre après un travail parfois stressant : il va fumer un narguilé, une pratique exotique et conviviale dans le vent en Ukraine. « C’est quelque chose de délicieux, qui permet de se détendre et de se plonger dans des réflexions. C’est comme lire de belles poésies », confie ce jeune homme, qui fume en moyenne un narguilé par semaine chez lui ou dans un café tenu par un ami irakien. « Une chicha à la bouche, je me sens comme un cheikh », renchérit Olena Prytoula, rédactrice en chef du journal en ligne Ukraïnska Pravda, elle aussi amatrice de saveurs orientales. Il y a dix ans, un café du centre-ville a été le premier à Kiev à se doter d’une pipe à eau, se souvient Alla Zakonova, du City Magazine Afisha. Aujourd’hui, ils sont près de 250 – sur un total d’environ 800 restaurants, cafés, bars de la capitale ukrainienne – à offrir ce loisir. « Pratiquement, chaque établissement de haute ou moyenne gamme en a », soutient Andriy, qui charge des narguilés dans un petit bar à chicha Élephant Blanc à Kiev enveloppé de fumée suave. Le véritable boom a commencé il y a trois-quatre ans, lorsque les Ukrainiens se sont mis à voyager en masse en Égypte et en Turquie, leurs destinations vacancières préférées, en rapportant des pipes à eau comme souvenirs. « Nous nous sommes munis de narguilés six mois après l’ouverture de l’établissement en 2003, car des clients ne cessaient pas de nous interroger là-dessus », souligne Irina Iakovenko, administratrice du restaurant Mocco situé au cœur de la capitale ukrainienne. « Aujourd’hui, de 50 à 70 % de nos clients en commandent », ajoute Mme Iakovenko, dont l’établissement de gamme moyenne offre une trentaine de parfums et une centaine de coupages pour un prix de 10 à 30 euros. Pour satisfaire la demande la plus sophistiquée, l’eau du vase peut être mêlée avec du lait, du vin et même des alcools forts et le tabac, généralement placé dans un foyer en terre cuite, peut être placé dans un fruit – pomme, citron, ananas… Certains préfèrent savourer leurs narguilés chez eux – des pipes à eau sont faciles à trouver dans des magasins de Kiev pour un prix compris entre 40 et 120 euros. Les jeunes – de 18 à 25 ans – constituent jusqu’à 60 % de la clientèle, assure Andriy Borman, « spécialiste de la chicha » chez Mocco. Si les restaurateurs ne dévoilent pas les bénéfices apportés par leurs narguilés, ils sont loin de manger de la vache enragée. « Si à Éléphant Blanc on n’était pas rentable, on aurait été fermé, mais au contraire on vient de faire des rénovations », note Andriy. Les méfaits du narguilé sur la santé ne troublent guère ses adeptes ukrainiens, persuadés que la pipe à eau est moins dangereuse que les cigarettes. « C’est fort moins nuisible », croit savoir M. Bobrovnikov. « La fumée du narguilé ne contient pas de goudrons et très peu de nicotine après avoir passé par l’eau », lui fait écho M. Borman. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) est de l’avis contraire. Pendant une session typique longue d’une heure, un fumeur du narguilé inhale un volume de fumée équivalente à celle de « 100-200 cigarettes », relève l’organisation dans une étude publiée en 2005. La réglementation antitabac ukrainienne, qui concerne aussi les narguilés et préconise de réserver au moins 50 % de la surface des établissements publics à la zone non fumeur, est toutefois largement ignorée. « Tout le monde s’en fiche », constate Kostyantin Krasovskiy, coordinateur de l’ONG « Pour une Ukraine libre de la fumée du tabac », déplorant l’absence de contrôle sur l’application de cette norme et celle d’amendes pour les restaurateurs qui la violent.
Olexi Bobrovnikov, correspondant d’un quotidien économique à Kiev, a trouvé un moyen de se détendre après un travail parfois stressant : il va fumer un narguilé, une pratique exotique et conviviale dans le vent en Ukraine.
« C’est quelque chose de délicieux, qui permet de se détendre et de se plonger dans des réflexions. C’est comme lire de belles poésies », confie...